Sortie du 24 juin 2023 par Agarock et Delphine Soliva Grand Armet (2792m) par le col de Combe Oursière (en traversée) et l’arête nord

Récit de Cyril (Agarock)

Quand on circule en Isère, sur la route qui monte vers le bassin de l’Oisans en direction du col d’Ornon, il est impossible de s’imaginer que l’on puisse monter au-dessus de la muraille qui nous fait face, et pourtant...

Beaucoup l’ont déjà fait par le versant ouest, celui que j’ai rarement eu l’occasion de voir, pourtant plus doux et qui comprend en son sein la familiale station de l’Alpe du Grand Serre, mais apparemment, certains ont carrément gravi cette muraille du Grand Armet par le versant Est... (Bibox...)

Aujourd’hui, avec Delphine, nous nous contenterons de la "voie normale" parfaitement décrite par Alain.

Notre aventure commence relativement tard pour une course de cette envergure, à 9h00 du matin, par une montée douce et balisée, dans un joli bois.

Ces 500 premiers mètres de dénivelé relativement débonnaires, permettent de gagner en douceur la cabane de Combe Oursière.

La suite se pratique à vue, et au GPS, de manière un peu aléatoire dans les herbes hautes du vallon supérieur.

Les mouches nous assaillissent et la végétation nous pique...

Puis, tant bien que mal, nous repérons enfin des cairns, puis une trace correcte qui permet de traverser d’ouest en est, l’échine rocheuse descendant directement de la Grisonnière.

La sente se fait très raide, caillouteuse et monte sur des lacets relativement courts.

Quand on regarde en contrebas, ça impressionne, car la cabane de Combe Oursière est rendue minuscule.

Notre itinéraire se poursuit de manière très abrupte le long d’une paroi et gagne un petit promontoire orné d’un grand cairn.

C’est un joli belvédère sur le vallon que l’on vient de remonter de manière très rude, et nous devinons derrière nous, le col de la Combe Oursière, peut-être situé encore 150 mètres au-dessus.

Une bonne trace nous y mène, et le versant est de cette montagne se dévoile d’un coup d’un seul : Le verdoyant Plancol en contrebas, et les Écrins en face : Meije, Rochail, Muzelle, mais également Belledonne, Grande Rousses, Arvan et... Mont Blanc.

Plein sud, c’est l’impressionnante, l’intimidante crête du Grand Armet, et apparemment, manifestement, c’est par là que nous devons aller...

Eh Oui !

Bon ! ne pas se projeter, ne pas voir trop loin, ne pas trop réfléchir.

Avancer doucement, en scrutant le sol, en assurant chaque appui pour entamer de la meilleure des manières, l’ascension de cette sombre arête qui nous fait face, et qui semble très pentue.

Au fur et à mesure que nous grimpons les divers ressauts rocheux qui se présentent, nous acquérons un bon rythme de progression, nous contournons quelques portions rocheuses par la gauche, et regagnons le fil de l’arête le plus souvent possible.

Finalement, même si nous évoluons dans un environnement réellement impressionnant, ce parcours "gazeux" devient ludique.

Nous devons négocier avec précaution, le passage sous un premier névé persistant, et gênant, puis, situé entre deux petits sommets rocheux de l’arête, un autre névé résiste encore à la chaleur de cette fin juin, parait problématique et pose question...

Nous prenons le temps de l’analyser visuellement et de le "sonder" avec nos bâtons, car il fait "corniche" plongeante à gauche, et toboggan déversant (vers l’infini) à droite...

Je sors mon piolet, et m’avance dessus en créant une trace profonde avec délicatesse.

Le passage n’est pas très long, 5 ou 6 mètres tout au plus, mais il ne suffirait pas de grand chose pour faire le grand saut définitif vers le profond versant ouest.

Finalement le rocher est atteint plutôt sereinement pour nous deux, et nous pouvons alors continuer notre dantesque cheminement.

Nous traversons ensuite une portion d’arête plus effilée, passage encore relativement impressionnant, alors que l’original plateau sommital du Grand Armet s’est enfin dévoilé.

Néanmoins, il reste encore du temps pour y accéder.

Bon an, mal an, il se rapproche tout doucement, et nous finissons avec bonheur par l’atteindre.

La joie et le sentiment de plénitude liés à cet accomplissement nous envahissent.

Nous profitons du moment, car la météo est idéale, le ciel et bien dégagé dans toutes les directions et il doit faire un bon 25 degrés ici à 2792 mètres d’altitude.

Nous sommes au sommet du Grand Armet !

Delphine, pince-moi !

Lui qui paraissait si infranchissable...

Le cheminement inverse de cette arête prendra du temps, beaucoup de temps, la descente sous le col de la Combe Oursière également, car nous avions décidé ne pas effectuer la boucle par Plancol

Pourtant, nous ne sommes menacés, ni par des orages de fin d’après-midi, ni par la tombée de la nuit, extrêmement tardive fin juin, mais notre timing n’est pas très bon et la fatigue se fait quand même bien sentir.

Nous gagnerons le parking de Vaunoire au bout de plus de 10h00 de "course", mais quelle course !!!

Mémorable en tout point !

Vidéos

1) - Sur la crête du Grand Armet

2) - Au sommet du Grand Armet