Sortie du 17 juin 2023 par Dyn’s et Peyuko Roc de Garnesier ou Tête de la Plainie (2383m) par la face ouest et l’arête nord
Un rêve que je n'aurais pas cru possible d'atteindre il n'y a pas si longtemps.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Beau et chaud avec quelques nuages
Récit de la sortie
Petite intro et la sortie par Pierre
Le Roc de Garnesier. Un sommet que j’avais maintes fois contemplé sans imaginer qu’un point de faiblesse permettait, à nous pauvres bipèdes, de le gravir sans que cela relève de l’escalade.
Et puis, je suis tombé sur le topo d’Arnaud, affolant, mais aussi captivant et ma première pensée n’a pas été : « J’y vais demain ! » mais plutôt « Très peu pour moi ! ».
Sauf qu’à force d’arpenter le Dévoluy, à chaque fois que je voyais cette masse, ce monstre de roche, il me titillait. Je suis revenu plusieurs fois au topo, aux sorties, aux commentaires et petit à petit je me suis laissé convaincre que je pouvais, que je DEVAIS, tenter l’aventure.
En discutant avec Arnaud lors de notre sortie à la Pointe Feuillette, la concrétisation se profile puisqu’il me propose de faire l’ascension ensemble lorsque la face ouest sera libre des derniers névés et qu’une fenêtre météo correcte se présentera.
Ce samedi, initialement, j’avais accepté l’invitation de Cyril et Mickaël pour le Banc du Peyron, même si les 1700 m de D+ sur 6 km me faisaient douter pour mes genoux, d’autant qu’avec tous ces orages, j’avais peu eu l’occasion de marcher et de faire de gros dénivelés.
Vendredi, fin d’après-midi, Arnaud m’envoie un message : « Un Roc te tenterait ? ». Aïe, bien sûr, mais j’ai dit oui au Banc du Peyron ! J’hésite, face à un véritable dilemme cornélien et je finis par abandonner honteusement le projet du Banc du Peyron ; ce Roc qui trotte dans ma tête est trop obsédant.
Départ vers 10h, pour bénéficier du soleil dans la face ouest. Il fait déjà chaud et nous remontons la piste de ski sans forcer. Nous sommes régulièrement assaillis par les mouches et prendre des photos sans une myriade de points noirs devant l’objectif relève parfois de l’exploit !
Arrivés au col de Corps, la vue est déjà saisissante. Droit devant, le Plateau de Bure et le vallon de l’Abéou dans lequel j’ai de très bons souvenirs. D’un côté, la Tête de Garnesier, qui sous cet angle me fait penser à une proue de bateau monumentale. De l’autre, les contreforts du Roc qui semblent projeter des écailles rocheuses sublimes et menaçantes.
Après une courte pause, nous voilà rapidement au début de la traversée, tant redoutée que désirée. Elle n’est évidemment pas à prendre à la légère mais elle me semble moins exposée que ce que j’avais imaginé et je ne me sentirai pas à l’aise que dans un court passage. Tant mieux !
Passé l’entame de la remontée croulante, la suite du parcours jusqu’à l’antécime est pur émerveillement. Au nord, la Tête de Vachères et le Grand Ferrand forment un duo des plus esthétiques, alors qu’en direction du sommet, des à-pics vertigineux s’ouvrent dans les parois du Roc, qui semble vu d’ici un ouvrage de maçonnerie très approximatif, prêt à s’écrouler à tout moment.
Il ne reste plus que le court passage en arête pour atteindre le sommet. Je vois Arnaud hésiter un brin avant de se lancer, ce qui ne me rassure pas des masses mais finalement je trouverai ce passage moins difficile que celui franchi plus tôt dans la traversée.
Ça y est, nous y sommes ! La lumière et le ciel laiteux ne sont pas des plus photogéniques mais qu’importe, les sensations sont là et elles ne s’impriment pas sur une image mais dans nos têtes.
Après la pause casse-croûte à l’antécime, nous tirerons un peu plus loin le long de la crête nord avant de retrouver le rocher caractéristique qui indique la limite de la traversée. On tente un coup d’œil sur la suite de l’arête nord, c’est dantesque !
Dans la traversée, même précaution de mise qu’à l’aller, en particulier dans le passage qui m’avait impressionné, et le col de Corps se présente à nouveau à nous. On se pose plus longuement pour goûter au bonheur des instants vécus. Pour Arnaud, c’est la cinquième fois mais je sens que l’émotion est toujours là. Je comprends que la première, en solo, a dû être épique, surtout pour trouver la bonne voie d’accès (maintenant il y a des cairns qui aident).
Revenus sur la piste, petite variante agréable en forêt en suivant une ancienne sente, jalonnée de cairns, et nous retrouvons rapidement le point de départ. Ne reste plus qu’une petite mousse pour fêter cette sortie comme il se doit !
Merci Arnaud, merci le Dévoluy !
La sortie par Arnaud
Après une longue série de journées instables, pluvieuses et orageuses, trois journées prometteuses sont enfin annoncées... J’ai une raison, toute particulière, d’avoir proposé à la dernière minute l’ascension du Roc à Pierre... Quelques jours auparavant, à la suite d’une sieste, je me suis réveillé avec la hanche bloquée... Boitillant la soirée puis le lendemain matin, la hanche s’est remise d’un coup sous l’incantation du Saint-Esprit ! Mais fallait-il encore la tester en montagne pour éviter les mauvaises surprises d’un retour de la douleur...
Trois jours de beau temps, il faut en profiter...
Premier jour, je monte en fin de journée au Fleyrard pour y passer la nuit. Tout se passe bien.
Deuxième jour, tentative du Grand Ferrand. Tout se passe bien, à merveille même... Je me hisse sans difficulté pour la onzième fois au sommet du géant dévoluard avec une joie non dissimulable !
La hanche est opérationnelle, et c’est l’occasion de remettre ça le lendemain. Initialement, je pensais au Grand Veymont par l’itinéraire imposé pour l’AMM... Un samedi ensoleillé risque d’attirer les foules sur cette autoroute... Changement d’avis de dernière minute, un p’tit message à Pierre : « Tu fais quoi demain ? Un Roc te tenterait ? » ...
Gros gros dilemme pour Pierre qui a déjà prévu le Banc du Peyron avec Mick et Cyril ! Surtout qu’il s’était dit juste avant que cela pouvait être le bon moment pour le Roc... Tiraillement, réflexion. Nouveau message : « On se dit rendez-vous où et à quelle heure alors ? »
Troisième jour, Pierre me récupère au pied de la station de la Jarjatte entre 9h30 et 10h. C’est un horaire de départ inhabituel me concernant, mais je préfère attaquer cette face ouest du Roc au soleil... On va se garer au terminus de la petite route. Puis, on emprunte la piste de ski pour rejoindre le haut du domaine. Il fait déjà chaud, et le rythme est plutôt tranquille. Rien ne sert de se mettre dans le rouge avant ce qui nous attend... Et c’est de cette façon que nous gagnons le col de Corps, accompagné par un nuage de mouches autour de nos têtes.
S’ensuit l’entame des choses sérieuses... Une traversée de la face ouest toujours aussi impressionnante dont je ne reconnais plus certains passages... Les gradins me semblent plus caillouteux que dans mon souvenir... On passe. Le début de la remontée vers l’arête nord ne m’a jamais semblé aussi raide... On passe. Puis que du bonheur une fois arrivés sur l’arête... Nous gagnons l’épaule aisément dans une ambiance à nulle autre pareille...
Je m’avance vers l’écaille effilée avant les ultimes mètres nous séparant de la cime. Je passe la tête par-dessus... Que c’est vertigineux quand même ! J’hésite l’espace d’un instant... Puis, franchis l’écaille et grimpe vers le sommet. Pierre me rejoint. On se salue généreusement, c’est toujours un moment incommensurable de se retrouver là...
Nous ne restons pas longtemps, préférant se poser à l’antécime.
Puis, nous entamons la descente de l’arête nord dans un décor hallucinant que seule cette montagne peut confier... Plus bas encore, la partie basse de l’arête semble impraticable tant le terrain est délité à l’extrême... Des empilements de roches à l’équilibre précaire sur un lit de terre pourri...
Nous regagnons la traversée de la face ouest sans véritable encombre. Même au bout de la cinquième fois, j’ai toujours l’impression de redécouvrir les lieux... Ce qui est sûr, c’est d’avoir effectué cette partie par cinq passages différents !
Dernière montée d’adrénaline pour Pierre au début de la traversée sur un passage vivement aérien... Puis, le plan incliné s’élargit. La Tête de Garnesier reprend place dans le paysage. C’est la fin des difficultés... ou presque ! Une ramasse dans l’éboulis dominant le col de Corps se terminera sur le cul !
Une pause au col est bien méritée pour se remettre de ces sensations fortes. Bien que ce soit une énième ascension au Roc, l’émotion est toujours aussi forte...
Vient enfin le retour vers la vallée. Nous croisons un couple de sportifs, dans le vallon de Corps, qui nous sollicitent : « Vous connaissez le coin ? On cherche la cabane du Fleyrard... ». Sans commentaire sur leur manière de s’orienter... On passera ce chapitre !
Au niveau du ravin de la Plainie, on tente la suite de la sente indiquée en pointillés noirs sur IGN, dont Pierre avait bien remarqué le cairn de départ à l’aller. Une belle surprise et une nouvelle variante pour ma part. On en découvre sans cesse !
Une bonne mousse... et une deuxième conclura cette journée de ouf ! Merci à toi Pierre.
Photos
Avis et commentaires
Merci Rabah ! Ca va, le vide n’était pas direct sous mes pieds... heureusement sinon, je ne serai plus là pour en parler ! ;)
J’ai pensé à toi aujourd’hui, je suis monté à l’Aiguillette. Pas par l’arête sud comme toi (par la crête de Conforan en intégrale) mais peut-être un jour, qui sait ?!
Merci à toi aussi Vince, c’est sûr que ça fait partie des randos qui marquent !
Chapeau les gars. La photo du "château de carte" est impressionnante. Une ascension que vous n’êtes pas prêts d’oublier.
Merci Rabah ! Vivement la prochaine avec toi aussi !
Bravo l’équipe, vous formez un superbe duo ! Vivement la prochaine !
Alors Pierre, ça fait quoi d’avoir le vide sous ses pieds !
A+
Merci pour vos retours !
C’est clair que les photos peuvent être trompeuses. Certaines me semblent nettement plus impressionnantes que la réalité et d’autres ne permettent pas toujours de se représenter les difficultés rencontrées.
Hâte de voir les vôtres du Banc du Peyron !
Et il faudra qu’on se tente l’ascension par la face S !
Merci à tous les trois pour vos retours ! Et bravo Mick et Cyril pour la sortie au Banc du Peyron à venir... ce n’est pas une sinécure non plus !
Le "guide" s’est surpris de redécouvrir certains passages... et d’hésiter à franchir les derniers mètres vers le sommet... Même au bout de la cinquième fois, ça reste un sacré morceau !
Bravo Pierre !! Et bien sûr à toi aussi Arnaud, car même en connaissant l’itinéraire par cœur c’est toujours une belle aventure pour se tenir la haut !
A+
Bravo à Pierre et Arnaud, car d’après ce que j’ai pu lire, ce Roc est tout sauf débonnaire. Mick, ce sommet est déjà sur ma liste, et ceci depuis longtemps, mais pour moi, rien ne presse, il faudra juste trouver le bon créneau. Au fait, nous aussi on a eu droit à nos amies les mouches, d’ailleurs, elles m’ont largement préféré à Mick, mais ce dernier n’a, à aucun moment été jaloux...
Bravo l’équipe. ! Le "maître des lieux" comme guide tu ne pouvais pas rêver mieux Pierre.
Un sommet que je dois mettre sur ma liste aussi. Pour se rassurer il y a toujours le dicton qui dit que c’est plus facile sur le terrain qu’en photo ;)
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