Sortie du 1er décembre 2022 par Pascal Traversée des Rochers de l’Ours (2038m), par le Col de l’Arc et la Pierre Vivari

Contrairement à la veille, un coup d’œil matinal aux webcams de Chamrousse montrait, au loin, la barrière est du Vercors étinceler au-dessus de la mer de nuages. Le stratus semblait donc assez bas pour pouvoir s’improviser une courte escapade sur cette ligne de crêtes pour s’extraire de la grisaille bouchant la vallée et profiter du soleil.

Direction le Stade de Neige de Lans-en-Vercors, point de départ idéal pour atteindre cette barrière en un temps compatible avec un après-midi de ces courtes journées d’hiver. Sous la grisaille, l’ambiance est hivernale, mais l’enneigement semblait suffisamment faible pour sortir des "classiques" d’hiver tel que la crête des Ramées ou le Pic St Michel, et tenter de voir où il serait possible de se rendre sans s’alourdir les pieds de raquettes...

Départ vers 12h30 en direction des Allières puis du col du Furon. La crête des Crocs ou les Rochers de l’Ours étaient dans le viseur, mais l’absence de traces sur le sentier Gobert et l’accès par l’ouest à la Crête des Crocs incitera à poursuivre la montée vers le col de l’Arc. Il faudra d’ailleurs faire la trace sur le sentier de montée, dans une ambiance à mille lieues de l’"autoroute" estivale...

Peu de neige au col, le sentier du Balcon Est se matérialise sur l’herbe tout juste recouverte. Voilà qui incite à "aller voir"... L’ambiance dans le grand dévers herbeux est vraiment impressionnante, le brouillard restreignant la vue à la seule pente semblant plonger vers nulle part. Heureusement, le sentier, surligné par les traces de passage de quelques bouquetins, est facile à suivre, d’autant plus qu’une petite sous-couche de neige ferme sous les quelques centimètres de poudreuse permet de prendre des appuis francs et sécurisants. Et surtout, on constate l’absence de grosses plaques d’accumulation, qui sur ce genre de pente serait synonyme de demi-tour immédiat. On progresse sans grandes difficultés, si ce n’est celle de négocier quelques petites congères parfois en travers du chemin.

Enfin, en émergeant progressivement de la couche nuageuse, la vue s’ouvre. Là-haut, la crête qu’il faut rejoindre... On quitte prématurément le sentier pour s’y diriger, ce qui vaudra quelques détours imprévus pour contourner quelques ressauts et éviter des congères, heureusement sans trop de difficultés, même si par endroits, on n’aurait pas regretté d’avoir un piolet... Rejoignant enfin des pentes plus débonnaires, on débouche au soleil juste au nord de la pierre Vivari.

La vue est magnifique au-dessus de la mer de nuages qui, vers l’ouest, semble s’étendre vers l’infini, alors que vers l’est, la barrière alpine étincelles au-dessus d’un immense bras de cette mer de nuées. On poursuit tranquillement la crête sans difficultés, si ce n’est le franchissement de quelques congères où on se retrouve parfois avec de la neige jusqu’au-dessus des genoux.

15h30, voilà le sommet, et son moment de contemplation. Mais il ne faut pas trop s’attarder, la descente ayant son lot d’incertitudes... Inutile de tenter de passer par la crête des Crocs, dont le ressaut rocheux scabreux est en partie enneigé. On va directement descendre vers l’ouest droit dans la pente pour rejoindre le sentier Gobert, qui hélas se trouve en bas dans les nuées.

Dès le début de la descente, on se retrouve à ramer avec de la neige jusqu’aux genoux, ce qui est inattendu au vu du faible enneigement de l’autre versant. Heureusement, elle est sèche et légère et, à défaut d’avoir une paire de skis pour s’offrir un gavage de poudreuse, celle-ci ne dérange pas trop la descente, mais hors de question de remonter dans ces conditions. On poursuit donc, en espérant que plus bas, la neige soit beaucoup moins épaisse, ne serait-ce que pour que le sentier Gobert soit praticable, ou même tout simplement visible...

On quitte à regrets la lumière chaude du soleil couchant pour plonger dans le brouillard. Même si on évite en général de s’en rendre dépendant, le GPS sera ici une assurance bien utile pour s’assurer qu’on descend bien dans la bonne direction, et surtout pour éviter de croiser le sentier enfoui sous la neige sans le voir... Heureusement, celui-ci est finalement bien visible, car ayant été fraîchement tracé par un randonneur solitaire.

Retour tranquille sur le long sentier en faux-plat, en fin de compte pas trop enneigé. Puis on rejoint l’itinéraire de montée à la font Froide, où pour une fois, on ne s’arrêtera pas pour remplir les gourdes. La nuit tombe alors qu’on rejoint le col du Furon. Le retour par le vallon des Allières se fera dans le calme le plus absolu. Fin de la balade vers 17h45.