Sortie du 27 août 2022 par Sylvain Pic du Marboré (3248m)

À mon arrivée la veille au col de Tentes le brouillard est très dense, j’espère que la météo ne s’est pas trompée et qu’à mon réveil il se sera dissipé.

Cinq heures, le ciel est clair, je me prépare tranquillement pour une longue randonnée sur les vires d’Escuzana, de Tardiador et de las Flores au-dessus d’Ordesa.

Lorsque j’arrive peu après au Port de Boucharo, celui-ci est encore submergé par une épaisse brume arrivant de Torla et de la vallée de Bujaruelo. De bon matin l’ambiance est un peu trop glauque à mon gout et je préfère changer de projet. Je m’oriente tout naturellement vers le Marboré à l’opposé du cirque qui est le tout dernier 3000 du secteur qu’il me reste encore à gravir, d’autant plus qu’il est parfaitement dégagé.

Le lever de soleil au-dessus de la vallée de Gavarnie encore sous une mer de nuages est superbe. J’arrive assez rapidement à la Brêche de Roland qui à cette heure matinale est épargnée par la foule.

Je me dirige ensuite vers le Casque et la Tour en passant par le Pas des Isards, un secteur que je connais bien pour l’avoir parcouru à plusieurs reprises, mais c’est toujours un réel plaisir que de l’arpenter lorsque la lumière du matin illumine le canyon d’Ordesa.

Aujourd’hui pour passer à l’étage supérieur afin de rejoindre le col de la Cascade, je préfère poursuivre un petit peu plus sur le plateau jusqu’à la cheminée plutôt que de grimper dans la succession de vires exposées.

Du col la vue vertigineuse sur le fond du cirque encore dans l’ombre est spectaculaire, tandis que le secteur des Sarradets est magnifiquement mis en valeur par le rayonnement solaire.

En poursuivant sur le plateau sous les falaises de l’Épaule, le terrain devient un peu plus typé haute montagne. Le recul glaciaire à laissé quelques petits lacs et encore un peu de glace subsiste par endroits, mais il a surtout laissé la place à un véritable chaos de caillasses et de roches.

Je continue à longer cette paroi jusqu’à trouver une zone de faiblesse me permettant de la franchir. J’évolue maintenant sur un gigantesque lapiaz dominé par l’imposante face Ouest du Cylindre du Marboré. L’environnement exclusivement minéral est très contrasté grâce à ses deux couleurs dominante, gris et orange.

Un dernier effort dans un long et raide pierrier me conduit à la cime du Marboré. La vue de celle-ci sur les trois étages du cirque et les montagnes environnante dont le Vignemale est exceptionnelle, peu de mots peuvent décrire une telle beauté !

Étant parti depuis déjà six heures, je m’accorde une bonne pause avant de poursuivre vers les Pics de la Cascade. Le premier, le Pic Oriental est le seul des trois à être de cette superbe couleur orange. Du sommet plutôt que de revenir un peu arrière, je désescalade la raide cheminée afin de rejoindre la très belle et facile arête conduisant au Pic Central.

Ayant déjà gravi ces trois Pics ainsi que l’Épaule, je fais l’impasse sur l’Occidental pourtant assez proche car le chemin de retour est encore très long, et le terrain particulièrement usant.

Un peu déçu en début de journée de changer de projet à la dernière minute, mon choix fut le bon car la météo sur le canyon resta mitigée durant une bonne partie de la journée. De plus cela m’aura permis de gravir le dernier 3000 qu’il me manquait dans ce superbe secteur, dont l’un de mes plus beaux souvenirs est le Mont Perdu (3355m) par Tuquerouye et le Col du Cylindre (3074m) . Ce sera l’occasion de revenir l’année prochaine !

Gavarnie a la réputation d’être surfréquenté, mais en franchissant la Brèche tôt le matin et en s’éloignant du Taillon, on y croise finalement peu de monde. Hormis à proximité du refuge des Sarradets, durant cette longue journée de près de quatorze heures j’aurais croisé tout au plus une douzaine de personnes...