Sortie du 8 août 2022 par CourtePatte Aiguille de Morges (2986m)
Extraordinaire montagne que cette Aiguille de Morges, aux textures variées, qui change de visage et de couleurs selon l'angle de vue. L'itinéraire du topo la montre sous son aspect le plus altier, celui d'une épine plantée dans le ciel. De loin on hésite à croire qu'elle est accessible au non-alpiniste, et pourtant !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Beau temps, quelques cumulus
Récit de la sortie
L’année dernière, depuis une petite arête au-dessus du Col de Parières, mon attention avait été attirée par une étrange montagne enrubannée dont le soleil déclinant flattait la variété des textures et des coloris.
Renseignements pris, elle s’appelle l’Aiguille de Morges, et elle serait faisable puisqu’il en existe un topo sur AR. Sauf qu’à la lecture du topo, ma première réaction est "Il doit y avoir une erreur !" L’épine altière que montrent les photos est tout aussi variée et fascinante que ma montagne, mais elles n’ont rien de commun, que ce soit par la silhouette ou les coloris. Pourtant, la carte ne laisse pas place au doute. Il va vraiment falloir que j’aille voir ça de plus près.
Mais en ce matin d’août, alors que je me hisse au-dessus des Auberts au fond de la vallée de Champoléon, je me dis que j’ai peut-être commis une erreur en prévoyant cette ascension après un mois d’inactivité forcée. Je ne retrouve pas mes pattes, et la tiédeur ambiante ne fait rien pour mon énergie. Pourtant, les apparitions successives de la grande écharde dressée dans le ciel m’émerveillent - mais aller là-haut ?
Lorsque j’arrive sur le Mourre de Clausis, et que j’ai en vue la barrière onduleuse des marnes argentée sous le col de Vallonpierre, mes doutes redoublent. Il me donne une grande envie, ce col juché sous le Sirac...Tant mieux : ça me fera un lot de consolation si je dois renoncer à l’Aiguille. Mais je vais d’abord aller voir cette dernière de plus près !
Une fois passée la cabane pastorale, il faut s’engager sur la sente en balcon des brebis. Sur les premiers mètres de la portion la plus déversante je ne me sens pas tellement à l’aise, mais la beauté des coloris retient malgré tout mon attention : affleurements oranges, roches mauves, et ces langues de mousses là où un improbablement ruissellement noircit les pentes des marnes. Avec l’Aiguille en arrière-plan, le cadre seul justifiait le détour.
N’empêche qu’elle ne s’est pas beaucoup rapprochée cette Aiguille. Encore un coup de collier, poussons jusqu’au Vallon Haut.
Une fois dans les pelouses de ce dernier, sorcellerie ! voilà que la montagne a de nouveau changé de visage. Ce n’est plus une étroite cime élancée dans le ciel, mais une pyramide au matériau plus insolite que jamais, avec son énorme lentille de calcschiste qui lui fait une sorte de sérac.
Je vais au moins monter au col. Il a l’air drôlement rébarbatif, ce que semble confirmer le "Il faut ’s’arracher’ pour atteindre le col" du topo ; mais pense à la vue !
Au col la vue est effectivement glorieuse : Valgaudemar, Ecrins, etc. Mais je m’avise surtout que le sommet n’est plus qu’à quelques encablures. Et ce qui reste à grimper n’a pas l’air si effrayant que ça. En route !
Divine surprise : l’itinéraire est jalonné de petits cairns, probablement plus nombreux que lorsque ce topo a été écrit. Le rocher est plutôt bon et il n’y a plus qu’à mettre les mains. C’est la partie la plus ludique et la plus confortable de toute la balade ! et je surgis bientôt dans le ciel près de la borne géodésique sommitale.
La vue est évidemment superbe. Mais après m’en être rassasiée, je me penche un peu du haut des blocs sommitaux pour essayer d’apercevoir ces couches rocheuses du versant sud-ouest qui m’avaient tant frappée. Le sommet d’une montagne est rarement le meilleur endroit pour juger de sa robe, mais en me tordant un peu le cou je parviens à m’en faire une petite idée.
La redescente me paraîtra étonnamment plus simple que l’ascension. Même la sente en balcon des brebis est une promenade de plaisir. A ce sujet, le berger, croisé au retour, m’a expliqué que cette sente était "refaite" toutes les ans par les pieds des animaux, et que lorsque le troupeau était fraîchement débarqué le passage, grignoté par l’hiver, était beaucoup plus impressionnant...
Dans l’euphorie du succès et le retour d’un peu de forme, je me laisse bien vite convaincre par le démon qui me murmure à l’oreille que je pourrais tout aussi bien enchaîner par le col de Vallonpierre et redescendre côté Valgaudemar...Il parle bien ce démon, et je sais que je vais payer très cher cette fantaisie, mais je suis un peu ivre de la beauté du pays et je veux en profiter jusqu’à la dernière lueur du jour. Une balade qui me laissera de sacrés souvenirs !
Photos
Auteur : CourtePatte
Avis et commentaires
Ok, merci pour ta réponse !
Merci ! Pour le vallon d’Isora, impossible d’avoir une réponse du Parc sur leur site...alors j’ai décidé de tenter le coup car j’avais cru comprendre que certains randonneurs étaient passés depuis l’éboulement. En pratique :
- oui ça passe en ce moment, ils ont pratiqué une sorte de consolidation précaire (i.e. au prochain éboulement de la ravine tout redégringole)
- l’affichette "sentier fermé" est toujours présente peu après les Auberts
- ce printemps le Parc en était encore à lancer l’appel d’offres pour la réfection du sentier donc va savoir si ce sera effectif pour 2023...
Très beau récit et photos tout aussi admirables. En plus, sacrée performance pour une reprise, bravo !
Et ça veut donc dire que le sentier du vallon d’Isora est à nouveau accessible ? J’étais passé dans les coins en juin et il était fermé suite à un éboulement. Je m’étais renseigné par la suite auprès du Parc et de l’OT local et on m’avait dit que les travaux ne seraient pas terminés cette année. En tous cas, ça à l’air de passer.
Impressionnant ! Magnifiques photos, relief sublime, et quelle bambée le retour à Gap ! Bravo....
Merci !
A vrai dire je n’avais pas l’intention de faire étape au refuge, j’ai poursuivi la descente jusqu’au fond de la vallée. Et le retour sur Gap, pour partie en stop et partie à pied, a presque constitué une seconde rando, nocturne celle-ci...Le prix à payer pour ma fantaisie !
Bonjour CourtePatte,
En voilà un joli récit, d’une belle sortie !
Et pour une reprise après un mois sans montagne, c’est pas mal : j’ai compté environ 1700 m de D+. Non ??
Au refuge de Vallonpierre, ils t’ont trouvé une couchette ?
A+
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