Sortie du 7 mai 2022 par Marcadau Le Grand Veymont (2341m) par le Pas du Fouillet, et la Crête de Quinquambaye en traversée

Fenêtre météo idéalement choisie : ciel obstinément bouché du début à la fin... Il n’y avait aucune raison sérieuse de gravir aujourd’hui cette montagne plutôt que d’affronter celle qui m’attendait férocement dans mon bureau. Mais non, rien n’y faisait : impossible, ce matin, de me mettre au travail !

Après tout, ce brouillard, si propice à la méditation, n’est pas pour me déplaire.

Le ravin des Serres et du Maupas, qui débouche sur le Pas des Bachassons, est encore en partie envahi par la neige. J’opte dès lors pour le Pas du Fouillet. Le passage exposé qui y donne accès, lui, n’est plus enneigé et ça passe bien.

Très nombreux jeunes bouquetins au dessus du Pas des Chattons... Pas encore livrés aux chasseurs comme leurs malheureux congénères du Bargy...

Traversée du sommet dans une purée de pois totale. Je m’arrête et reste longtemps assis à grailler puis à réfléchir. Une jeune femme arrive à son tour et me demande, hilare, si j’apprécie le paysage. Ben oui. Elle aussi, je crois.

E vidi lagrimar que’ duo bei lumi
Ch’han fatto mille volte invidia al sole ;
Ed udì’ sospirando dir parole
Che farian gir i monti, e stare i fiumi

Et j’ai vu pleurer ces yeux baignés de lumière
Qui mille fois ont attisé la jalousie du soleil ;
Et j’ai entendu, en soupirant, des paroles
À faire tournoyer les montagnes et dresser les fleuves.

(Pétrarque, sonnet CXXIII)

Descente sur le Pas de la Ville, belle et sauvage échancrure, sans doute un des plus beaux endroits du Vercors.

La montée de la Crête de Quinquambaye est quant à elle assommante, avec beaucoup de neige, mais récompensée par les vues plongeantes sur les inquiétantes ravines de son versant sud-est.

Fin de ballade vers 19 heures. Le moins qu’on puisse dire est que j’ai pris mon temps.