Sortie du 24 août 2020 par Val Pointe de l’Aiglière (3307m) par les Lacs des Neyzets
Très belle pointe de plus de 3300m s'élançant vers le ciel de Vallouise. Son immense pierrier instable façonne son image.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
Pour découvrir la carte, l'itinéraire et les infos détaillées, veuillez consulter le topo de référence
Conditions météo
Ensoleillé
Récit de la sortie
Le 24 août 2018, je décide de gravir mon premier 3000. Je tombe sur le célèbre topo "l’Aiglière, c’est une bavante !" et je suis rapidement charmé. L’Aiglière sera mon premier 3000.
Résultat j’ai renoncé à environ 200-300m du sommet, dans le pierrier. Le temps avançait bien plus vite que moi. J’étais bien préparé sur le plan physique, mais beaucoup moins sur le plan technique...
J’avais tendance à penser que c’était une mauvaise idée étant donné que je n’avais que l’expérience des randonnées moyennes sur de bons sentiers. Mais aujourd’hui, je n’ai pas peur d’annoncer que c’était la meilleure idée que j’ai eue. Merci l’Aiglière.
Le 24 août 2020, soit parfaitement deux ans plus tard, me revoici sous le ciel bleu de Vallouise avec une préparation bien plus accrue.
Avec mon ami Dimitri, nous partons de la station 1800 de Puy St Vincent de bon matin (8h). La première partie de la randonnée s’effectue jusqu’aux lacs des Neyzets dans le merveilleux vallon de Narreyroux, véritable écrin dans ce gigantesque massif du même nom.
Depuis tout petit je fréquente cet endroit. C’est la dixième fois que je randonne par ici. Malgré tout, le passage entre les mélèzes et la rivière est toujours aussi agréable pour moi. Les grandes montagnes qui l’entourent, ces bouts de forêts qui cessent de progresser à l’Ouest laissant place aux alpages, ou encore toute cette eau qui coule... mais le plus marquant est cette pointe s’élançant dans le ciel. Il est tôt, nous sommes encore à l’ombre ici, mais pas cette cime. Lorsqu’on débarque depuis la station, on arrive dans une minuscule clarière nous tournant définitivement dans le sens de progression du vallon (je veux dire direction Nord à Ouest). L’Aiglière entre alors en scène. Quel sommet incroyable qui ne laisse pas indifférent dans le cadre. D’ici, on dirait la cheminée qui accompagne toute la maison. Elle fait désormais partie intégrante du paysage, et nous observera jusqu’au bout.
Narreyroux restera définitivement dans les rangs des plus beaux lieux que j’ai traversé dans les Alpes.
On fait un petit détour à la cascade avant d’arriver aux "lacs" où nous prenons une bonne pause. Nous n’avons croisé absolument personne jusqu’à présent. L’Aiglière ne manque pas à l’appel, mais elle a changé d’aspect.
De ce point de vue, elle nous dévoile toute sa grandeur. Ça n’est plus du tout la pointe qu’on observait depuis la Vallouise. Quel morceau !
Quant au décor minéral qui nous entoure, il me paraissait bien plus austère la première fois que j’étais venu. Oh je le sens bien cette fois.
J’explique à mon collègue l’épreuve du pierrier tout en pointant (avec les bâtons) l’endroit où il me semblait avoir abandonné.
Et c’est parti, plus motivés que jamais. Plus on s’approche, plus les rochers se multiplient. Et j’ai certains flashs de 2018, lorsque je progressais lentement dans l’incertitude la plus totale.
Je lève la tête et je revois enfin cet immense chaos de pierres. Ouais, c’est un chaos.
On enclenche immédiatement l’éboulis pour ne pas perdre de temps. Par moments, un semblant de sentier apparait. Mais il faut plutôt se fier aux cairns, car ce "sentier" est assez absurde. Je veux dire, parfois il ne mène nulle part, puis il reprend quelques mètres plus haut. C’est incohérent. Il est difficile à suivre et très glissant par endroits.
Nous cravachons pendant une bonne heure dans la caillasse, jusqu’à entendre un son strident. Un aigle surgissant de nulle part en nous interpelle. Il nous pousse à nous retourner vers ce magnifique belvédère que nous étions en train d’oublier. Quel animal majestueux. La symbolique est terriblement belle. Alors je me demande ce qu’il fait là. Peut-être qu’il passait là par hasard. Peut-être bien que son nid se trouvait proche et qu’il était curieux. Mais je m’en moque finalement. Je ne vois plus d’espoir ni de désespoir. Ce que j’ai vu à cet instant se rangeait au sommet des signes de vie les plus nobles. Il faut qu’on monte.
Je suis dégouté de ne pas l’avoir photographié. Il était proche.
Nous retournons aussi tôt nos têtes dans ces pentes d’éboulis.
Nous progressons de mieux en mieux jusqu’à une petite sente bien définie par les cairns. C’est l’ultime passage pour arriver à la crête.
Nous atteignons peu après le névé solitaire de la crête, et le tableau qui se dresse devant nous me laisse sans voix. Les géants des Écrins nous offrent un spectacle mémorable. Et je réalise une chose : je ne suis pas venu jusqu’ici la dernière fois. C’est comme une sous victoire.
Dorénavant, c’est entre nous et le sommet sur cette arête presque catastrophique.
Plus on avance, plus elle se resserre. Je m’imagine la descente, elle sera pas mal. Y’a du gaz.
Mais c’est pas grave. Je vois le cairn sommital au loin.
Et nous y voilà.
"Vous vous demandez surement quel est notre but ? Je peux vous répondre en un mot : la Victoire.
Oh oui la victoire, la victoire à tout prix, la victoire en dépit de la terreur, la victoire aussi long et dur que sera le chemin qui nous y mènera. Car sans victoire, considérez nous comme des hommes morts"
Je suis épuisé. Elle m’a donné du fil à retordre cette montagne. Un sentiment d’accomplissement s’empare de tout mon être. Je suis à 3307m, au sommet de l’Aiglière. Ca y’est.
Nous resterons 2h au sommet à profiter du panorama, du calme et surtout du peu de nourriture qu’il nous restait !
La vue sur les géants des Écrins est à couper le souffle. Les Bans et le Pelvoux plus particulièrement.
En contrebas, Puy-St-Vincent et Vallouise se font minuscules. La petite sœur de l’Aiglière, la Pendine, qui me paraissait si haute lorsque je l’avais gravis en 2016, est d’un ridicule vu d’ici. C’est incroyable.
Quant à l’Aiglière, sa crête est phénoménale. C’est un avant goût de ce que j’aime appeler le "monde d’en haut", un monde à la fois hostile et magnifique, nous couvrant parfois de peur et plus souvent de bonheur. Le peu de vie qu’on peut y retrouver est mille fois plus intense qu’en bas.
Il nous faudra 4h pour rentrer au chalet. Nous avons été seuls du début à la fin de la rando, étonnant pour la partie Narreyroux-Neyzets.
Photos
Auteur : Val
Avis et commentaires
Merci à vous !
Belle ascension !! Bienvenue sur Altituderando ! 👍
Jolie balade, belles photos et texte plaisant à lire....Bienvenue !
Merci ! Oui c’est un bien beau 3000 qui se mérite et qui en vaut le détour.
Bienvenue pour cette première participation sur Altituderando.
Pas mal pour un premier 3000 !
Autres sorties
Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.