Sortie du 27 juillet 2018 par Phoolan Pointe de l’Aiglière (3307m) par les Lacs des Neyzets
La pointe de l'Aiglière est un sommet constituant un belvédère fabuleux sur la partie sud du massif des Écrins. Pour le randonneur aguerri, elle propose une altitude déjà élevée, une certaine recherche de l'itinéraire et une ambiance commune aux plus hauts sommets. Le sentiment de "voler" au-dessus des nuages nous y est offert.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Réalisée sur deux jours. Premier jour : montée jusque légèrement au-dessus des lacs des Neyzets. Bivouac sur une croupe herbeuse. Deuxième jour : ascension proprement dite et redescente. Temps nuageux le premier jour et ensoleillé le matin du deuxième puis se couvrant et pluie légère en début d’après midi. Quelques névés persistent dans la partie haute malgré le temps caniculaire dans la vallée. Le vendredi soir, temps frais avec un peu de vent. Au matin, la température est très fraîche à 2800 m.
Récit de la sortie
Ce vendredi 27 juillet 2018 est particulier : le soir, à partir de 21h30 environ, la lune sera recouverte en totalité par l’ombre de la Terre et Mars sera flamboyante non loin de cette lune qui virera au rouge-marron... Arrêtons-là le suspens, malheureusement le temps ne permettra pas ce soir-là d’observer ce spectacle tout droit sorti de l’imaginaire de Kubrick… Une déception vite mise de côté car le cadre de cette randonnée s’apprécie même sans condition optimale.
La montée aux lacs, ou plutôt aux vestiges des lacs des Neyzets se fait sur un sentier qui monte régulièrement, sans à-coup, mais sûrement, traversant d’abord un agréable sous-bois rafraîchissant, non loin de belles cascades, et finissant par franchir une succession de croupes herbeuses accueillantes. Vraiment ce vallon de Narreyroux invite à la flânerie. L’envie de poser le sac, de quitter le sentier et de courir bras levés tel Marie Ingalls est forte ! ( On évitera tout de même la chute, même pour l’effet comique… quoique…)
L’arrivée au premier lac, repéré d’un poteau sans inscription, marque l’entrée dans un monde plus minéral où l’herbe est plus rase et plus rare. En continuant sur la sente au nord-est, vers le flanc sud-est de la pointe de l’Aiglière, on arrive sur les dernières croupes herbeuses accueillantes et moelleuses précédant le long pierrier ouvrant l’accès à la crête et au sommet de la pointe.
Cet espace bucolique d’un vert irréel rappelant étrangement l’Irlande invite à y habiter le temps d’une nuit.
Le jour traîne sa clarté jusque tard et à 22h, il est temps de passer la tête hors de la tente pour voir si la lune rougeoie… La pauvre lune est plus que dans l’eau et malheureusement ce sont les nuages qui la recouvre… On distingue bien de temps en temps un vague disque marron mais ce sera un rendez-vous manqué comme dirait une certaine chanson…
Elle se découvrira vers 4h de façon éclatante pour jeter son éblouissante -on exagère à peine- lumière blafarde. Où sont mes lunettes de lune ?....
Puis le jour point et il faut bien quitter la tente et chausser ses brodequins, direction le pierrier.
Le pierrier.
À la lecture des autres sorties sur ce sommet on devine bien que "l’affaire" de cette balade c’est ce pierrier. La sente y est parfois bien visible, parfois non. On trouve ça et là quelques cairns, souvent émiettés, si bien qu’on ne les voit qu’une fois le nez dessus… On en profite pour les redresser, qu’ils soient un peu visible du bas…
Mais tout bien considéré, ça passe à peu près partout…
On est rarement coincé par une barre rocheuse, les éventuelles difficultés sont souvent contournables par l’un ou l’autre côté.
Pour ma part j’ai plus ou moins gravi le pierrier en suivant une ligne ascendante qui m’a mené je pense vers le point coté 3175 m. sur la carte IGN, soit environ 200 m plus au nord-est que le joli petit névé de la crête décrit dans le topo. Cela rallonge un peu mais n’est nullement difficile. Finalement cela permet de profiter de l’aspect lunaire -pour le coup- de l’endroit.
La crête finale se parcourt rapidement et le sommet est vite atteint.
Et là…
Et là c’est l’apothéose. La grande porte de Kiev.
La vue est extraordinaire. À couper le souffle. Les mots manquent.
On devrait y envoyer un poète.
Les photos parleront.
Je reste un instant, essuie mes larmes et je redescends…
Car il faut bien redescendre. Et ce pierrier se révèle étonnamment agréable à descendre. Ce terrain glissant si rustique à la montée devient même ludique à la descente. J’avoue tout de même avoir pratiqué le "talon-fesse" à quelques endroits…
Le bivouac est bien vite rejoint car le temps menace tout de même.
Et effectivement à peine arrivé au parking et récupéré les clés de la voiture au fond du sac qu’il se met à pleuvoir. Une pluie pas bien longue mais qui fait penser à ce pierrier si rigolo à la descente qu’on imagine maintenant trempé et beaucoup moins marrant…
Ce sommet peut faire penser à bien des égards à l’aiguille du Goléon. Relative facilité d’accès, position en bordure de massif et donc belvédère remarquable sur celui-ci…
La pointe de l’Aiglière est un magnifique sommet pour le randonneur au pied sûr lui offrant l’un des tableaux panoramiques les plus fabuleux sur les Écrins.
À refaire un jour de grand bleu...
Photos
Auteur : Phoolan
Avis et commentaires
Bienvenu.
Beau texte qui rend bien l’impression que procure ce sommet d’où le panorama est extraordinaire.
Ton parallèle avec le Goléon d’où on ’touche du doigt’ la Meije est tout à fait exact même si les itinéraires d’accès ont des caractères un peu différents.
Merci pour ce partage.
Jean-Marc
Bienvenu, et merci pour ce premier partage et ses photos très instructives
Bonjour et bienvenue sur Altituderando pour cette première contribution.
Cordialement
Stan
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