Sortie du 19 octobre 2020 par gegers Lac Noir (2618m) et Col du Lac Noir (2869m) par Chenal et le vallon du Clou

Je ressens un plaisir presque coupable lorsque je démarre la voiture dans la froideur de ce petit matin d’octobre. Un plaisir presque coupable, parce que nous sommes lundi, et qu’au lieu de travailler, consommer et vite, vite revenir à la maison avant le couvre-feu en vigueur, Je préfère m’en aller voir celle qui ne s’achète pas, celle pour qui c’est tous les jours dimanche : la montagne. Puisque cette journée est annoncée splendide, après la météo calamiteuse du début du mois, impossible de laisser passer l’occasion et de regarder le soleil s’étendre sur les sommets depuis mon bureau.

Direction donc le village de Sainte-Foy-Tarentaise et son hameau du Chenal, point de départ panoramique offrant une vue ébouriffante sur le Mont Pourri et ses 3779m qui commencent tout juste à prendre le soleil. Le premier objectif est le vallon classé du Clou, un secteur splendide dont la simple évocation signe souvent la promesse d’une journée mémorable. Je garde un souvenir ému de ma dernière visite de ces lieux, il y a cinq ans, à une époque où, comme aujourd’hui, les mélèzes étaient en feu.

L’objectif aujourd’hui, si les conditions le permettent, est de rejoindre le Lac Noir, situé au fond d’un long vallon sauvage. Il fait -2°C, la doudoune est donc de mise pour réaliser les premières kilomètres de la randonnée, sur une bonne piste forestière, souvent verglacée, qui traverse le mélézin encore endormi. Et puis, c’est l’arrivée dans le Vallon du Clou, où quelques restes de neige blanchissent le paysage et témoignent des intempéries récentes. Pas de problème néanmoins pour la progression.

Serpentant entre les ruines et les maisons retapées, je traverse le vallon et atteins le hameau des Balmes, porte d’entrée dans le vallon du Nant Pisse au bout duquel se trouve le Lac Noir. C’est à partir de là que la neige fait son apparition de manière plus conséquente. Mais le secteur se trouvant encore à l’ombre, il n’est pas encore nécessaire de la brasser pour progresser. Il n’y a pas ici âme qui vive, ni humains ni animaux, et je progresse en solitaire dans ce secteur splendide.

Plus d’une heure d’effort à partir des Balmes sera néanmoins nécessaire pour rejoindre le fond du vallon et le Lac Noir, désormais dissimulé sous une gangue de glace épaisse de quelques centimètres, enchâssé sous des pointes hautes de plus de 3000m, marquant la frontière avec l’Italie.

Après une longue pause en ces lieux enchanteurs, je descends et retrouve le vallon du clou que je contourne par le nord, empruntant de belles pentes herbeuses. Revigoré après un sandwich au thon salvateur, je décide de ne pas en rester là et prends le parti de monter au lac du Clou. Je ne tergiverse pas et emprunte au-dessus de ma tête les raides pentes, somme toute faciles à grimper, qui permettent de rejoindre un replat débonnaire vers 2450m. Après une traversée en balcon vers l’ouest, je redescends finalement sur le magnifique Lac du Clou dont les sommets se reflètent dans les eaux cristallines.

Puisqu’il faut bien redescendre, je retrouve le vallon du Clou et plonge dans le mélézin cette fois baigné de soleil, en direction du hameau du Monal. Alors que le sentier est verglacé sur sa partie haute, les aiguilles des mélèzes, en tombant, servent d’agrippant naturel sous les chaussures. Au Monal, il y a un peu de monde, et je ne tarde donc pas à retrouver, via le hameau de la Combaz. Une longue sortie (près de 8h de marche), dans un secteur d’une beauté époustouflante.