Sortie du 5 septembre 2020 par mzagerp Traversée intégrale de la Pointe de Ronce (3612m) à la Pointe du Lamet (3504m)
Une sortie très belle, aérienne, parfois exposée, au panorama sublime. Dommage que les conditions ne nous aient pas permis de terminer cette traversée !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Grand beau puis quelques nuages s’accrochant sur les cimes en début d’après-midi. Temps frais.
Neige et glace présente sur la face nord (quelques centimètres, de manière inégale).
Récit de la sortie
Cela faisait bien longtemps qu’avec l’ami Guillaume, on avait repéré cette course d’arête. Alors qu’une date pour descendre en Maurienne venait enfin d’être trouvée, nous avons hésité à nous lancer dans cette course suite au front pluvio-neigeux passé sur les Alpes le weekend précédent, ayant laissé un beau saupoudrage de neige au-dessus de 3000m. Après quelques tergiversations et en voyant la neige fondre assez vite sur les sommets via les différentes webcams disponibles en Tarentaise et Maurienne, la décision a été prise de s’y rendre, en troquant toutefois nos chaussures basses habituellement utilisées par des grosses, et en mettant les crampons dans le sac, au cas où.
La montée jusqu’au col du Lou ne présente pas de difficultés. Elle n’est pas toujours très efficace avec de grandes traversées dans des pentes herbeuses où l’on ne gagne pas toujours beaucoup de dénivelé, mais cela se fait aisément.
Une fois arrivé au col, vous avez en réalité deux passages sur la droite. Une première cheminée assez évidente (2a ?), qui vous amène sur un passage ascendant avec la paroi rocheuse sur votre gauche, pour ensuite traverser légèrement à gauche pour retrouver le bas du passage des dalles. Vous avez également un second passage, quelques mètres plus loin et davantage vers la face Nord, également en 2a, au sommet duquel vous verrez un cairn (nous ne l’avions pas vu à la montée).
Le passage des dalles a été particulièrement délicat à 9h du matin. Déjà sur terrain sec, la prudence est de mise (les dalles sont assez lisses et recouvertes de petites pierres glissantes ; elles sont par ailleurs inclinées). Lors de notre passage, les dalles étaient recouvertes d’une fine couche de neige sur une fine couche de glace. Et il ne faut guère espérer pouvoir mettre les mains, le rocher n’étant pas fameux.
Nous avons alors effectué une remontée ascendante pour rejoindre l’arête, sans vraiment trouver un quelconque passage d’escalade comme annoncé dans le topo (en 2b). Ce passage n’a pas été très agréable car exposé et la quantité de neige/glace était insuffisante pour faire des crampons un accessoire vraiment utile. On avait pas vraiment idée, à ce moment, que l’on devrait se farcir ce même passage à la descente quelques heures plus tard…
Nous remontons ensuite un pierrier pour attendre un petit col, vers 3150 (plutôt que vers 3200, comme l’indique le topo). Sur cette partie, le topo est néanmoins hyper clair, puisque vont s’enchainer plusieurs vires successives vous permettant d’éviter plusieurs rognons rocheux. Tout est globalement bien cairné. Certaines vires sont plus ou moins délicates. En soi, les passages d’escalade ne sont jamais compliqués, mais ils sont parfois un peu expos. Je pense notamment à la remontée du couloir de 50m dans la face Sud où la surface est assez glissante (terre sur des petits cailloux instables), et où vous devez ensuite escalader le petit rognon rocheux par la gauche, sur une sorte de petite vire (et non pas tout droit).
Après cette vire, vous allez passer sur un passage plus impressionnant que dangereux, une petite rampe ascendante d’environ 70cm de large avec le vide de part et d’autre. Pas compliquée mais demandant un peu d’attention (cf. photo). À la suite de quoi, remontez les pentes en éboulis jusqu’au sommet du 1er signal. La vue y est splendide (la Meije, le Viso, les glaciers de la Vanoise, tout !).
La descente puis la remontée vers le 2e signal ne posent pas de difficultés, même si la neige destructurée dans la face Nord rend particulièrement glissante et pénible la progression.
C’est au point 3349m que les choses se gâtent. Alors qu’on pense être au bout des difficultés majeures de cette course (on constate, au loin, que le cheminement jusqu’à la pointe de Ronce puis du Lamet semble être une sente très bien marquée, bien qu’intégralement recouverte de neige), la première difficulté est de redescendre jusqu’au point IGN 3336m. Il y a bien un petit cairn, mais il semble indiquer qu’il faut descendre dans la pente assez raide à gauche du rognon rocheux, qui était recouverte de neige avec glace sous-jacente. Vu le à-pic vers le glacier, ce petit chemin ne semble pas idéal (euphémisme). Nous optons pour désescalader le point 3349 presque sur le fil de l’arête, par une fissure (cf. photo). Le topo laissait présager une évolution plus simple.
Une fois au point 3336 sur la carte IGN, nous nous retrouvons face à une barre rocheuse assez massive. La pente à gauche est assez vertigineuse, puisque cela pend à 35/40° sur quelques mètres avant de tomber vers le glacier en contrebas. À droite, de grandes pentes d’éboulis qui finissent plus bas dans des barres rocheuses.
Nous cherchons alors la fameuse rampe à gauche en 2b. On remarque qu’il y a un petit cairn à gauche, puis un second sur une toute petite vire inclinée le long de la paroi rocheuse. Difficile d’estimer le tout sans faire le marseillais, mais ce qu’on peut dire c’est que si la rampe a l’air sans difficulté, la vire est quant à elle plutôt très exposée. À fortiori quand, comme nous, elle était recouverte de neige dure et sans aucune possibilité de s’agripper correctement avec les mains. Après une première tentative sur trois quatre mètres, des appuis franchement précaires et le constat que le second cairn indique que cette petite traversée sur vire doit encore continuer sur quelques mètres avant de grimper, nous faisons demi-tour.
Peut-être qu’en plein été ce passage ne pose pas de difficultés. Le topo présente d’ailleurs le passage comme une simple formalité en ne mentionnant que la rampe au-dessus, laquelle, de fait, n’a pas l’air compliquée. Dans notre cas, la neige très dure a rendu franchement très délicate l’évolution sur cette vire, surtout que si l’on glisse, c’est un toboggan sur plusieurs centaines de mètres et rien ne nous freinera. Nous avons trouvé ce passage beaucoup plus exposé que l’intégralité de la montée au Signal. Nous avons d’ailleurs croisé 5 personnes sur l’arête, 3 ont fait demi-tour au même endroit et deux autres pour lesquelles nous ne savons pas.
N’ayant pas tellement envie de rebrousser chemin, nous avons essayé de “forcer” le passage en face Sud en descendant une trentaine de mètres de dénivelé dans les éboulis, puis en remontant en diagonale. Ne voyant aucun cheminement évident et constatant un rocher à la qualité douteuse par endroit, nous avons préféré rebrousser chemin.
Il a fallu alors refaire tout dans l’autre sens, et notamment tous les passages délicats pour lesquels la glace n’a vraiment eu le temps de fondre malgré la température clémente. La descente du passage des dalles, notamment, n’a pas été une partie de plaisir.
À l’arrivée, un sentiment mitigé d’avoir fait une belle course, mais d’avoir été bloqué sur ce qui s’apparentait (d’après le topo) à la dernière vraie difficulté du parcours. Quoi qu’il en soit, la vue est effectivement fantastique ; cette course est vraiment magnifique.
Elle nous a aussi fait questionner (question récurrente sur tous les sites de rando/alpi, j’en conviens) sur les degrés de difficulté affichés sur Altituderando. Même dans des conditions optimales (pas de neige, pas de glace, terrain sec), cette course n’a absolument rien à voir avec d’autres courses qualifiées de “difficiles” dans les mêmes conditions. Comment peut-on considérer que la pointe de Méan Martin depuis le Pont de neige ou le Roc de Bassagne sont comparables à cette course (encore une fois, même dans des conditions similaires) ? Un degré de difficulté intitulé “Très Difficile” permettrait non seulement de forcer les auteurs de topo à indiquer si une course est au-dessus ou en dessous de la “moyenne”, mais cela permettrait de délimiter des courses qui sont à la limite de l’alpinisme de celles qui sont juste très soutenues (comme peuvent l’être les sommets précités, la Sana, la Sassière ou bien encore le Roignais, en raison soit du dénivelé, soit de la recherche d’itinéraire, soit de l’existence de petits passages d’escalade facile).
Cette traversée n’est pas d’une difficulté extrême, loin de là, mais c’est autre chose que de mettre un pied devant l’autre, fut-ce dans des pentes d’éboulis à 45°. Affiner la difficulté permettrait certainement d’être plus précis.
Au final, nous avons fait 15,6 km pour 1576m de D+.
Photos
Auteur : mzagerp
Avis et commentaires
Bonjour Den’s,
Nous avons effectivement vu des traces dans la neige pendant la course (par endroits, en tous cas), mais pas sur ce point. La neige avait partiellement fondu, laissant des petites plaques de glace et de neige collante. Vos traces n’étaient plus là pour nous confirmer que c’était bien le cheminement à suivre !
En s’avançant sur la vire, la glace/neige restant se détachait du rocher sous nos pieds pour laisser place à un rocher humide et glissant. Peut-être qu’en insistant on serait passé sans trop de difficulté mais on l’a effectivement pas senti sur le coup.
Pas de regret, ce sera pour la prochaine fois. En tous cas, merci de votre retour.
Bonjour mzagerp,
Dommage que vous n’ayez pas insisté car ce passage n’était pas plus difficile que ce que vous aviez fait avant.
J’ai fait la traversée en solo la veille, vous avez dû voir mes traces car elle n’avait pas été faite depuis les chutes de neige.
J’ai bien contourné le mur rocheux où vous vous êtes arrêté par la gauche : avec les crampons et en assurant bien ses pas, ça le faisait bien même si c’est peu engageant dans ces conditions. Dommage que vous ne les ayez pas vues car j’ai du laisser des traces dans la neige à cet endroit qui vous auraient peut être incité.
Je vais essayer de mettre une sortie rapidement que tu te fasses une idée.
Ceci étant, c’est une décision louable de faire demi-tour quand on ne le sent pas !
Bonjour BA42 et merci pour votre commentaire. J’imagine effectivement que lorsque c’est sec, un chemin apparait de manière un peu plus évidente (surtout à la descente, lorsque l’on surplombe).
En regardant sur d’autres sorties, et notamment celle de Marcadau de Août 2018, il conseille de gravir l’éperon rocheux directement plutot que d’aller sur la vire à gauche qui est expo (altituderando.com/IMG/jpg...). Avec le recul, on aurait peut-être dû essayer comme cela.
Bonjour
J’ai fait le passage en question à la descente, sans le connaitre, c’était bien sec. Voici ce que j’ai écrit :
Descente par l’arête Ouest. Du sommet (de la pointe de Ronce), revenir à l’antécime 3584 m et prendre la facile arête Ouest. On arrive à une brèche au pied d’une tour rocheuse. Ne pas suivre les traces descendant dans un raide couloir. Il amène certes au glacier de l’Arcelle mais oblige à prendre pied sur le glacier sans crampons dans des pentes raides. Il faut traverser la tour rocheuse par une petite trace facile à suivre.
Derrière la tour, on atteint une large brèche à 3349m, au pied du Signal du Grand Mont Cenis.
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