Sortie du 15 août 2020 Aiguille de Chambeyron (3412m) par sa face sud et la brèche Nérot-Vernet
L'ascension du point culminant de l'Ubaye tant désirée depuis plusieurs années enfin réalisée. Une longue sortie en montagne au cœur du cirque de Chambeyron.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Très beau, chaud.
Récit de la sortie
Itinéraire suivi
- Ascension jusqu’à la brèche Nérot-Vernet par l’itinéraire balisé de rond / cercle blanc.
- Itinéraire le moins exposé aux chutes de pierres.
- Première vire main droite en montant le couloir Gastaldi.
- Le rocher est plutôt bon, attention aux chutes des petites pierres déclenchées par les alpinistes en amont.
- 2 ou 3 pas d’escalade II+ /III- et quelques corniches exposées.
- Avantage : itinéraire plus grimpant que croulant, évitant une bonne partie du couloir Gastaldi.
- Inconvénient : plus difficile à la descente avec des passages raides et exposés. Privilégier un des deux autres itinéraires (vires intermédiaire ou supérieure).
- Remarque : l’itinéraire complet balisé rejoint le sommet par un itinéraire peu classique, plus sûr à la montée. Il passe au pied de l’Aiguille Orientale. Nous avons perdu les traces à la sortie de l’arête.
- De la brèche Nérot-Vernet au sommet par l’itinéraire classique cairné.
- Descente par la sente cairnée classique et par la vire intermédiaire équipée d’une main courante en bon état.
Remarque : en partant du bas, l’itinéraire des cercles blancs débouche sur la vire intermédiaire, non loin de la main courante, peu avant la brèche Nérot-Vernet.
Récit de Mick1018
Ce sommet était notre objectif principal cette année. Nous avions échoué il y a deux ans lors de notre première tentative suite à une montée de purée de pois.
Didier et Arnaud se joindront à Marine et moi-même pour cette belle aventure. Le départ est donné vers 6h15 et il nous aura fallu 5h pour rejoindre le sommet.
La montée du cône de déjection du couloir Gastaldi, vu de loin, à de quoi plomber le moral, mais l’équipe s’est bien débrouillée.
Je tenais à tester l’itinéraire balisé et en effet je le recommande vivement pour la montée, au moins jusqu’à la brèche. Il y a quelques passages plus soutenus mais courts et loin d’être insurmontables. En revanche, à la descente, c’est unanime, nous ne passerons pas là... Par les vires intermédiaires ou supérieures c’est moins exposé à la chute.
De la brèche au sommet, il n’y a qu’à se laisser guider par les cairns et Didier qui a déjà fait l’ascension. L’itinéraire est un enchevêtrement de passages où il faut mettre les mains, de vires, de traversées. La prudence et la concentration sont indispensables.
La morphologie et la consistance des rochers changent en montant. Sur la fin les gros blocs rosés mettent encore plus de panache et d’envie à gagner l’accès de la croix sommitale.
Nous arrivons au sommet très heureux sous un soleil radieux. Il y a plus de place que je me l’imaginais et nous prenons le temps de déjeuner là-haut.
L’Aiguille de Chambeyron est entourée de nombreux lacs au nord et au sud, que c’est beau. Je repère de haut le petit glacier et ses crevasses. Il fait de la résistance grâce à l’ombre de la chaîne montagneuse.
Le souvenir de l’ascension du Brec de Chambeyron voisin refait surface. C’était déjà avec Arnaud et nous savourons ensemble cette nouvelle ascension d’un des deux sommets les plus emblématiques du massif.
Bravo à toute l’équipe !
Récit de Dyn’s
Après le Brec de Chambeyron gravi l’année dernière, Mick m’avait proposé de faire l’Aiguille ensemble une prochaine fois. Comme convenu, il me prévient d’une nouvelle tentative programmée pour ce samedi 15 août. Tenu au courant la veille ou deux jours avant, je chamboule les plans de bivouac que j’avais prévu avec une amie. Rendez-vous tous à Fouillouse la veille. Je ferai l’ascension de l’Aiguille avec Mick, Marine et Didier et rejoindrai mon amie au lac des Neuf Couleurs en début d’après-midi pour gagner le bivouac italien derrière le Brec.
Départ aux alentours de 6h du matin, nous enquillons la montée au refuge par les Vistes. L’approche se déroule dans une forêt de mélèzes puis rejoint l’itinéraire classique sous la dernière grande traversée. Le verrou dominant le refuge donne accès au plateau des lacs. Nous quittons rapidement le sentier pour se diriger à vue vers l’énorme cône de déjection du couloir Gastaldi. Je trouve un rocher pour planquer mon gros sac, prépare mon vingt litres et poursuis léger. La remontée de l’éboulis donne le ton : rude ! Le couloir délité s’enchaîne. Nous rejoignons un ancien en solo au pied de la voie balisée de ronds blancs. Il part devant, nous suivons derrière. Didier s’élance en tête de cordée. Une grande rampe moyennant quelques ressauts précèdent une corniche vertigineuse. S’ensuit quelques bon pas pour rejoindre l’itinéraire bis et la brèche Nérot-Vernet.
Après, c’est l’arête. Une traversée en contrebas dans un dévers bien gazeux permet d’atteindre les vires dont le passage clé surplombant le couloir Gastaldi. Nous passons sans la corde. Prudence extrême. Plus loin, Didier nous embarque sur une vire facultative facilement évitable. Deux, trois mètres trop étroits pour moi m’évoquent le passage pourri de la vire du Pierroux et quelques sueurs froides... J’hésite. Didier me propose de sortir la corde, j’accepte de suite. Voilà c’est passé !
Le col Chauvet est dorénavant en vue, le couloir Coolidge, caché derrière, semble une voie plus facile que celle de la face sud. À tenter au printemps ! Ne reste que le final ludique dans les blocs rouges sur un rocher de bonne facture.
Quelle émotion qui nous envahit, là... Nous sommes au sommet de l’Aiguille de Chambeyron, le toit de l’Ubaye, région que nous affectionnons tant... Pause photo, pause grignotage, il fait beau, le soleil domine largement, on profite.
Retour à la descente, on se reconcentre. Finalement, elle se déroule sans encombres. Acclimaté au vide, plus de pression ! Nous tirons quand même la corde sur la vire, histoire d’assurer ce passage clé. Ça déroule en sens inverse, nous retrouvons l’arête puis la brèche, entamons la rampe médiane. Une section particulièrement aérienne est équipée d’une main courante. Enfin, des derniers ressauts et un contournement de névé nous livre le fond du couloir. Délité à l’extrême, nous peinons à ne pas faire rouler des pierres. Une fois le cône de déjection rejoint, je me laisse glisser en ramasse. Arrivé à la base de l’éboulis, je cherche mon sac. Plus moyen de me rappeler où je l’ai caché. Seul Mick avec sa mémoire à toute épreuve reconnait la planque !
Nous nous quittons au lac des Neuf Couleurs où mon amie m’attend. Merci infiniment à vous trois pour cette ascension qui restera gravée.
La suite : soirée au lac del Vallonasso di Stroppia en versant italien, nuit au bivouac Barenghi avec les deux personnes que l’on a vu dans la face sud de l’Aiguille de Chambeyron, lever de soleil sur la muraille du Brec, retour par le plateaux des lacs, mousse à 10h au refuge, et la descente interminable sur Fouillouse !
Photos
Avis et commentaires
Bravo les ami(e)s, vous l’avez fait ! je suis vraiment content pour vous et c’est amplement mérité, notamment pour Mick et Marine qui tournaient autour depuis un bon moment déjà ! Arnaud a lui aussi arpenté ces dernières années, très régulièrement ce fabuleux massif des alpes de haute Provence. Tous les amoureux de l’Ubaye ont rêvé un jour, de gravir ce sommet et c’est ce qui m’est arrivé en 2016 en compagnie de l’ami Didier. j’avais vraiment vécu cette ascension comme une apothéose, la réalisation d’un rêve, un aboutissement suite à mes premiers pas de rando-alpine en 2010, et cette ascension a marqué pour moi, la fin d’une première période de découverte de la montagne. J’ai l’impression que c’était hier, et grâce à votre sortie, vos commentaires et vos photos, j’ai une autre impression : celle de la revivre ! alors merci à vous 4 de nous faire partager cela, et bravo pour cette nouvelle ascension d’ampleur qui marquera à coup sûr votre mémoire.
Et bah, je l’attendais cette sortie ! Quand vous vous réunissez c’est toujours pour du lourd !
Bravo encore à l’équipe pour cette belle réussite. Deux textes très prenants et de magnifiques photos.
Ce sommet à l’air d’avoir tout pour lui. Un bordel d’itinéraire ! Ne m’étant pas encore penché vraiment dessus, c’est du chinois pour moi le cheminement pour l’instant. Des vires, des ressauts, des couloirs, brèche, contournements etc... Puis c’est le point culminant d’un massif incroyable, puis le panorama et enfin les lacs somptueux à ses pieds. Tout pour elle cette aiguille ! Le lac des neufs couleurs, je ne sais pas si c’est le plus beau mais déjà il a un nom qui claque !
Bon, je vous lancerais bien un challenge à long terme : les alpes occidentales ont 39 massifs répertoriés sur Wikipédia, soit autant de points culminants à gravir dont le Mont-Blanc, la Barre des Écrins, l’Argentera, Grand Pic de Belledonne et compagnie lol ! Combien en avez-vous déjà fait ?
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