Sortie du 4 août 2018 par Rapha06 Aiguille de Chambeyron (3412m) par sa face sud et la brèche Nérot-Vernet

Introduction

Voilà pratiquement deux ans que j’avais gravi le point culminant de l’Ubaye et du 04 ! Ce WE du 4 et 5 août, Marcel m’a demandé de l’emmener là-haut, c’était un sommet de rêve pour lui débutant l’alpinisme...
Cela me fait plaisir de jouer les guides et d’emmener des amis en montagne, cela procure une sensation de partage et de complicité sans égal ! Donc nous voilà partis le samedi matin pour cette ascension inoubliable.

Description de la sortie du 4 août 2018

Après un bivouac humide au parking de Fouillouse, nous partons à la fraîche à 7h30 du matin.

La montée vers le Pas de la Couletta se fait à un rythme assez soutenu puisque des orages sont prévus dans l’après-midi et nous avons traîné au réveil qui était initialement prévu à 6h30...

Le soleil se lève rapidement et offre des magnifiques couleurs sur les Rochers de Saint-Ours ainsi que les beaux alpages de Plate Lombarde.

Le Pas de la Couletta est atteint en 1h30 grâce au joli et roulant sentier y menant.

Les Aiguilles de Chambeyron se dévoilent fièrement, Marcel est sous le charme.

Nous ne traînons pas, les orages sont prévus vers 15h et dieu sait que l’orage en montagne ce n’est pas bon du tout !

Nous rejoignons assez rapidement le sentier du Lac des 9 Couleurs au niveau du Lac Long (2783m) puis empruntons ce sentier.

Au petit col à 5 minutes du Lac Long nous prenons à gauche dans les derniers alpages et les blocs plus loin tout droit vers le Couloir Gastaldi.

Nous mettons le casque au pied du cône de déjection.

Puis nous empruntons la belle trace de sentier remontant ce cône près des rochers de la rive droite.

Le terrain devient croulant quand nous rejoignons le fond du couloir...

Ce jour-là nous n’avons pas pris les crampons et malheureusement un névé persiste juste avant d’emprunter la rampe d’éboulis donnant accès à la Brèche Nérot-Vernet.

Cela nous fait passer à droite dans des dalles raides, humides et peu prisues (III) et nous perdons un temps fou à chercher le meilleur passage ! D’autant plus que Marcel ne se sent pas dans sa zone de confort, je décide de monter au relais plus haut et de l’assurer ! Bien du mal nous aurons eu, pour gravir ces dalles bien pourries.

Heureusement la suite sera sèche !

Nous prendrons le couloir d’éboulis raides au plus haut, sans nous apercevoir que nous sommes partis plus haut que le passage initial où se trouve le câble !

Eh bien, cela aura été bénéfique puisque nous rejoindrons plus haut la brèche.

Le petit bout d’arête qui suit ne pose pas de problème à Marcel, la corde restera dans le sac ! Nous traversons le couloir Nérot pour se reporter directement à la brèche à droite du gendarme noir séparant les deux brèches...

PS : Ceci est une variante du topo d’origine qui passe par la brèche de gauche et contourne le gendarme pas le versant sud. Le passage décrit ici est de même difficulté mais beaucoup moins exposé !

De la brèche suivante, on traverse à plat pour directement rejoindre le passage clé du goulet à descendre.

Ce passage peut impressionner mais Marcel se sent plutôt bien, pas de corde non plus pour ici.

On rejoint la virette à traverser pour attraper le versant sud final.

Une idée me traverse l’esprit : et si ça passait en tirant tout droit jusqu’aux blocs sommitaux ? La réponse est oui !

Nous avons grimpé un couloir de schiste noir dans l’axe de la vire (II+) avant de traverser à droite dans du rocher blanchâtre (II+) et nous avons rattrapé un pierrier suspendu rejoignant les blocs sommitaux et la voie originale ! Cette variante sera décrite dans ce topo.

Le rocher change du schiste au marbre rose, typique du coin, un rocher très rare !

Puis vient le dernier passage du mur rouge en 3b pour rejoindre la croix sommitale perchée sur son rocher pointu...

Que d’émotions pour Marcel qui vient de réaliser sa plus belle ascension ! Et pour moi aussi, grande émotion, je me rappelle bien de la première fois avec la Team Agarock, qu’est-ce qu’on avait rigolé ce jour-là, je me le rappelle comme si c’était hier.

Aujourd’hui, plus petit comité mais tout aussi jouissif !

Le temps est encore pas trop maussade, juste quelques nuages traditionnels remontant d’Italie ! Le panorama est grandiose sur tout l’arc des Alpes du Sud, du Mercantour aux Écrins, Vanoise, etc...

Nous déjeunerons en contrebas du sommet dans les blocs de marbre rose...

Mais juste le temps de déjeuner que le soleil disparait dans les nuages et le brouillard commence à sérieusement remonter ! Nous nous dépêchons un petit peu pour esquiver les gouttes au maximum.

Mais c’est sans compter sur le rappel obligatoire au névé du bas et la rapidité à laquelle la nebbia remonte...

Les premières gouttes nous tombent dessus quand nous installons le rappel et Marcel, qui n’a pas de descendeur doit descendre en demi-cabestan, ce qui rallonge la durée du rappel... Juste assez de corde pour descendre en bas du névé : 25m !

Je le fais descendre en premier puis je me dépêche de descendre à mon tour avant de lover la corde...

Ah les manips de corde quand tu nous tiens... 🙂

La pluie n’est pas encore bien prononcée, on descend le pierrer en mode glissade et ski , un vrai bonheur dans ce monde minéral...

Puis nous entamons la descente vers le Refuge du Chambeyron où nous prendrons un bon goûter et boissons bien méritées.

Mais encore une fois c’est sans compter sur les caprices de la météo puisque à peine le temps de partir du refuge qu’une averse éclate et nous trempe...

Les gore-tex et protège-sac sont de sortie et nous allons le plus vite possible afin de ne pas rester dans cet enfer.

L’averse n’est que de passage et au bout d’un quart d’heure elle s’estompe, tant mieux !

Tranquillou nous retrouverons le parking après 50 minutes de descente du refuge...

Une belle sortie comme on les aime mais avec des péripéties imprévues, faut avoir un minimum d’expérience lors de sorties de ce genre.