Sortie du 14 août 2019 par Mick1018 et Vertige66 Mont Viso (3841m)
Ascension tant désirée du Roi de Pierre. Longtemps contemplé, nous l'avons enfin gravi. Au départ de Castello avec une nuit à Quintino Sella, la descente s'est faite par le Sentiero E. Nicoli, un couloir d'éboulis sous le vallon de Forciolline.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Bonnes conditions mais le vent glacial au sommet nous a imposé de limiter le temps passé sur le point culminant.
Récit de la sortie
La sortie en chiffre :
- Jour 1 : de Castello au refuge Quintino Sella :
- Environ 12km pour 1250m D+, montée en 4h10.
- Jour 2 : du refuge Quintino Sella au Mont Viso, retour par le Sentiero E. Nicoli à Castello :
- Environ 16km pour 1370m D+, montée au Mont Viso en 3h35, descente en 5h55.
- Total : environ 28km pour 2620m D+ et 9h40 de marche.
Ce sommet nous faisait envie depuis que nous l’avions aperçu pour la première fois. Comment rester indifférent à cette montagne qui domine toutes ses voisines de 500m ? Pas surprenant qu’on le surnomme "le Roi de Pierre". Je l’ai rencontré lors de mon ascension du Pain de Sucre dans le Queyras en juin 2016. Je n’étais qu’un simple randonneur qui découvrait les Alpes. Depuis, j’ai emmagasiné de l’expérience et ai fait beaucoup de "courses" dont je n’aurais même pas rêvé lors de mon arrivée. "La Montagne nous offre le décor. À nous d’inventer l’histoire qui va avec".
Au départ de Castello, le sentier commence de manière très raide : c’est brutal mais cela a le mérite de nous mettre dans le bain. Nous prenons un rythme "népalais", d’abord à travers les bois avec d’agréables parfums de pinèdes, puis à travers la caillasse.
Plusieurs verrous glaciaires sont à passer avant de déboucher sur les premiers lacs. Très bel endroit où résonnent comme des coups de fusil les nombreuses chutes de pierres.
Nous passons le Passo di San Chiaffredo puis le Passo Gallarino où nous découvrons le Roi de Pierre enveloppé de nuages. La verdure apparaît, ça faisait longtemps. Plusieurs lacs sont visibles ainsi que le refuge au fond du vallon. Nous atteignons le refuge Quintino Sella 4h10 après notre départ, il fait déjà frais à 16h...
Le Mont Viso est très parcouru, son niveau de difficulté technique reste peu élevé, un bon quart des prétendants étaient des traileurs sans l’équipement vraiment indispensable : un casque. Un petit tour par la chapelle jouxtant le refuge peut être un rappel à la réalité : cette montagne est meurtrière. Plusieurs dizaines de visages et de plaques commémoratives y sont présentes et je suis certain que toutes les personnes qui y ont laissé la vie ici ne sont pas répertoriées. Futurs ascensionnistes, restez humbles face à la montagne et vigilants.
4h du matin, la salle pour le petit déjeuner est allumée, nous sommes plusieurs équipes à prendre des forces. 30 minutes plus tard nous quittons le refuge d’un pas sûr et rapide, guidés par nos frontales.
Les deux groupes qui nous précédaient sont doublés juste avant le début de la via-ferrata. Nous montons vite car nous voulons trouver le moins de monde possible sur notre ascension finale. Atteindre le Pas des Sagnettes est très ludique. Il est certain que, sans l’équipement en place, ce ne serait plus la même histoire... Dans le noir complet, on ne peut qu’imaginer le vide présent sous les semelles.
Du Pas des Sagnettes nous voyons les frontales des alpinistes venus du bivouac Forciolline. Plusieurs d’entre eux sont déjà dans la voie, dont un groupe qui en a déjà parcouru une bonne moitié.
Nous progressons avec quelques erreurs d’aiguillages : un coup sur-balisé, un coup plus rien... et la nuit n’aide pas. Nous atteignons le bivouac Andreotti au moment où ses occupants en sortent. Pour rappel, il s’agit à la base d’un bivouac réservé aux situations périlleuses (fatigue, mauvais temps etc...).
Le reste du glacier est en neige béton mais, avec prudence, nous passons sans équipement en profitant des traces laissées par nos prédécesseurs.
La voie est ensuite bien balisée mais, certaines fois, les marques sont en fin de vie. De nombreux ressauts sont présents. Si on suit vraiment le marquage, il fait passer dans le grimpant, c’est ludique, ça n’arrête pas !
De nombreuses sentes, parfois cairnées, contournent souvent les difficultés mais sans jamais s’en éloigner. Il est possible de les prendre à la descente, par exemple, mais en veillant à ne pas faire tomber des pierres. Un ressaut "costaud" à vue et marqué d’une flèche peu impressionner du bas, il y a en 2019 une cordelette en place qui peu servir comme étrier pour se hisser. Cette difficulté peut se contourner par un pierrier avec trace sur la gauche. Il y a un balisage jaune (comme dans toute la voie) qui part à droite mais attention : il mène à une échappatoire de l’arête est. Si vous y allez, vous devrez finir par l’arête. Ce n’est pas très dur, d’après les membres d’une cordée trompée par le balisage.
Nous montons bien, très bien même. Nous doublons la majeure partie des groupes partis de Forciolline. Deux personnes descendent du sommet 5 minutes avant notre arrivée, deux autres y sont encore. 3h35 après notre départ du refuge, nous atteignons le sommet et nous sommes seuls ou presque. Inespéré pour un 15 août, mais il fallait appuyer le pas.
Ravis de la réussite de cette ascension qui nous tenait à cœur, le ciel voilé nous empêche de profiter pleinement de la vue. Mais connaissant la météo capricieuse du secteur, nous nous contenterons d’une montée sans nebbia, c’est déjà pas mal ! Nous ne profitons guère du sommet, le vent est désagréable et glacial. Il faut se planquer dans la face sud pour se réchauffer et manger un bout.
De nombreux conquérants arrivent en masse, il est temps de descendre, il y a des bouchons dans les difficultés.
Le sublime lac de Forciolline et son incontournable bivouac sont rejoints pour la pause midi. Nous avons choisis de prendre "le sentier" à travers les éboulis pour s’y rendre : "la diretta"
Pour la descente finale, c’est l’éprouvant itinéraire du Sentiero E. Nicoli que nous empruntons. Ce tracé descend dans un couloir d’éboulis, un canyon raide le long d’un torrent. C’est très beau mais que c’est dur pour les genoux ! Quelques passages dans le dernier quart sont équipés de chaînes pour aider la descente de ressauts.
Une fois sortis de là, il faut rejoindre la forêt et le sentier pris lors du premier jour. Cette descente est coriace, longue, nous l’avons faites à "l’économie" pour préserver nos articulations. Il nous aura fallu tout de même près de 6h pour rejoindre notre voiture.
Nous sommes encore sur un petit nuage, elle va nous marquer cette sortie !
PS : garer sa voiture au départ de Castello en plein été c’est une longue histoire. Il y avait surement plus de cent voitures garées et le moindre cm2 est exploité.
Vidéo
Photos
Avis et commentaires
@Fabien : Attention, le Viso n’est pas du tout considéré comme une randonnée mais bien comme une course d’alpinisme classée "peu difficile". Rien qu’à voir les photos du topo principal et des différentes sorties, ça donne une bonne idée du niveau de difficulté et de danger qui n’a rien à voir avec un itinéraire comme le Tour des Aiguilles Rouges.
Oui, mais cela ne s’adresse pas à tout le monde...
Bonjour,
Je me présente, je m’appelle Fabien, j’ai fait le tour des aiguilles rouges et le tour du Verdon l’année dernière.
Je prépare pour 2023 le tour du mont Viso sur 5 jours, est ce que vous pouvez me confirmer que je peux faire l’ascension du Viso en partant du refuge Quintino Sella svp.
Merci pour vos réponses
La Grande Casse, c’était il y a deux ans ! hé hé !
Merci ! Il y a 3 ans après la Grande Casse ont c’était dit qu’ont y monteraient ensemble, parole tenue ! Bien belle aventure ce Viso.
Salut Mick ! ça me fait tout drôle de voir mon "vertige66" dans un de tes topos , hi hi ! bravo à toute l’équipe (Marine comprise) pour l’ascension de ce sommet mythique qui était encore jusque là, une lacune à absolument combler pour des rando-alpinistes de votre trempe. Eh bien c’est fait ! et c’est bien fait ! je suis trop content pour vous !
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