Sortie du 26 juillet 2018 par patrick73 Signal de l’Iseran (3237m - 3235m)
Poussières de schistes, rochers branlants, et des étoiles plein les yeux au sommet !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Grand beau temps, frais après les violents orages de la veille et de la nuit.
Le versant ombre est complétement détrempé, ça glisse "sévère" dans les schistes meubles. Tous les passages de crapahut ruissellent d’eau !
Doux au sommet quand arrivent les inévitables cumulus.
Chaud à la descente, bien évidemment ! et tout est devenu sec...
Récit de la sortie
Signal de l’Iseran, Arête SW, 26 Juillet 2018.
Un peu de bons sens !!!
Mes pas roulent dans cette poussière de schiste noire. Un pas en avant, un pas en arrière. La raide pente semble infinie.
La pluie intense de l’orage de la veille a détrempé toute la montagne. L’eau suinte de partout. La terre de schiste est telle une éponge, gorgée d’eau.
Sous mes pas cette poussière fine se transforme en glaise épaisse et compacte.
Enfin je m’approche de l’arête. Au-dessus de la raide pente noire, luisante du ruissellement de l’eau, l’arête laisse filtrer au gré des quelques brèches, un chaud et lumineux rayon de soleil.
J’ai envie d’être au chaud, d’être au sec, envie d’échapper à cette austère ambiance humide.
Une cheminée se présente à ma droite. Quelques pas de grimpe facile sur une dalle compacte, un petit couloir terreux dégoulinant d’eau, puis quelques rochers raides prisus, et enfin une petite brèche ruisselante de lumière entre deux gendarmes ocres chauds.
À chaque pas mes souliers soulèvent ce qui semble être des kilos de boue. Malgré tout, à grands efforts j’atteins la dalle. Juste trois mètres assez lisses très inclinés dans le renfoncement d’un dièdre vertical. La dalle est luisante d’eau, à chaque prise j’entends le petit "cloc-cloc" des gouttes d’eau.
En équilibre instable je remonte la dalle, conscient qu’à chaque appuis mon pied peu glisser. C’est une vraie patinoire.
Aucune prise franche. Je prends ce qui semble une belle écaille et me tire dessus pour enfin en sortir, et "clac"... Un son sec, mate, mon écaille se brise en mille feuillets.
Un gros appui et je me rétabli dans une sorte de couloir caillasseux instable, tout débaroule sous mes pas...
Mais que suis-je venu faire dans ce passage ?
Ne pas trainer... Au plus vite je m’extrais de ce piège, "grimpouille" un petit dièdre sec très prisu mais vertical, enfin me voici sur une confortable tour baignée de soleil au-dessus des grands à-pics du versant sud de ma montagne.
Le soleil m’invite à poursuive l’arête, qui bien sûr ne passe plus. Brèche béante au-dessus du grand vide, vires foireuses et délitées... Le rocher de Vanoise... Ce n’est pas une légende !
Alors au prix d’acrobaties peu réjouissantes je redescends dans ma souricière en balançant tout ce qui est branlant. Au moins je ne les prendrais pas sur la tête !
Au-dessus de ma dalle lisse, luisante ça ne passe plus. Trois mètres tout au plus pour retrouver le couloir boueux. J’ai bien tout essayé, rien n’y fait. Je ne vais quand même pas rester bloquer là ? au froid, dans l’humidité ?
Au bout de trois quarts d’heure je me décide pour le grand saut. Je balance mon sac dans le couloir, et décide de le suivre... Comme sur un plongeoir, je saute ou plutôt je me laisse glisser dos à la dalle et atterri à côté dudit sac, les pieds plantés, englués dans la glaise.
Je suis trempé, gluant de cette boue noire...
Une idée lumineuse me traverse alors l’esprit. Suivre la sente, les cairns qui m’amènent finalement rapidement au sommet de mon bout de caillou, perché tout seul au milieu des montagnes, ou je sècherai au soleil, tout en contemplant un paysage fantastique.
Quelle belle idée !!!
Photos
Auteur : patrick73