Pic du Canigou (2784m) par le Barbet (2733m) au départ de Los Masos

Du parking de Los Masos, deux sentiers partent en direction du Chalet des Cortalets. Prendre celui le plus au Nord et passant par le Bois de Patriques (GR 36). La sente parfois raide est très bien marquée et traverse longuement la forêt pour conduire après 600m de dénivelés au Prat Cabréra, à proximité du point IGN 1672.

Poursuivre brièvement sur une piste Sud-Ouest et récupérer le sentier montant au milieu d’une forêt de pins et conduisant rapidement au Ras del Prat Cabréra. Ce dernier est situé au carrefour d’une piste et de deux sentiers. Ignorer la piste sur la droite et le GR du tour du Canigou sur la gauche. Prendre celui du milieu plein Ouest (GR 10, en fonction des cartes celui-ci est la variante et sur d’autres la variante est la piste) remontant une croupe et conduisant rapidement dans une lande à genêts le long d’une clôture.

Aux environs de 2050m, lorsque la sente cesse de remonter la croupe et part en traversée vers la droite (Nord), quitter rapidement cette dernière pour continuer droit dans la pente le long d’une clôture où les genêts sont maintenus coupés en permanence tel un coupe feu.

Passer au Sud du point IGN 2364 et poursuivre jusqu’au point IGN 2489, où l’on retrouve le sentier de la Crête du Barbet venant du Chalet des Cortalets.

Arrivé au col 2712, on peut soit poursuivre le long de la sente en direction de la Porteille de Valmanya, ou continuer le long de la crête panoramique jusqu’au Barbet 2733m, à partir duquel il suffit de redescendre plein Sud pour rejoindre la Porteille (option plus intéressante).

Prendre le sentier de droite (Nord) en traversée au-dessus de la Conque du Pic et conduisant à la cheminée. En terrain sec, cette dernière ne présente pas vraiment de difficulté, juste quelques gradins et ressauts en II.
Attention : en condition hivernale cette dernière s’apparente à un raide terrain en mixte, rochers faciles, glace et raides pentes de neige (PD-). Crampons et piolet indispensable.

Sommet du Pic du Canigou.

Retour : suivre le sentier très bien marqué et balisé de la voie normale le long de la crête Nord jusqu’au Pic Joffre. Tourner à droite, passer à proximité de la Fontaine de la Perdrix, de l’étang coté 2164 et arriver au Chalet des Cortalets.

Prendre le sentier en balcon du GR 10 conduisant au Ras del Prat Cabréra, à partir duquel l’itinéraire de retour est le même qu’à l’aller.

Ma sortie :

J’avais depuis quelques temps déjà l’envie de retourner au Canigou, la dernière fois que j’y suis aller remonte à plus de dix ans. Il me semble que c’était en 2010. Plus que le sommet en lui même, ma motivation vient surtout de mon souhait de me frotter à la cheminée en condition hivernale.

Samedi 2 décembre, départ de Los Masos à 7h30. Le jour se lève à peine lorsque j’attaque par un froid glacial le sentier du Bois de Patriques. En forêt je suis à l’abri du vent, mais j’entends que ce dernier fait rage en altitude. Qu’en sera-t-il sur les crêtes ? Les prévisions météo annoncent que le ciel va se dégager en fin de matinée avec du vent à 90 km/h pour une température ressentie de -19 C°. Étant arrivé la veille de nuit, je n’ai pas la moindre idée des conditions d’enneigement et ai préféré ne pas m’encombrer des raquettes inutilement.

Contre toute attente, cette longue ascension en forêt est plaisante, et de nombreuses ouvertures dans la végétation permettent de la rendre moins monotone avec des points de vue sur la Méditerranée et les montagnes environnantes.

Arrivé au Ras del Prat Cabréra, le panorama porte vers la haute vallée de la Lentilla qui est verrouillée par le Puig Sec, qui aujourd’hui porte très bien son nom... Petite déception, hormis quelques névés, pas la moindre trace de neige.

Après avoir suivi un moment la variante du GR 10 vers le Chalet des Cortalets, je la quitte pour une raide montée hors sentier au milieu des genêts sur la croupe conduisant à la Crête du Barbet. Je suis accueilli sur cette dernière par un vent tempétueux, le froid est intense et le décor est figé par le givre. Les nuages filent à toute allure et le grésil me fouette le visage. À défaut de neige, je trouve enfin les conditions hivernales espérées !

Du sommet du Barbet 2733m, le Pic du Canigou dominant le cirque Nord prend des allures de haute montagne avec les conditions du jour. Je reste un moment rêveur à admirer la Brèche Durier, course mythique du secteur qu’il manque encore à mon modeste palmarès.

Je longe ensuite la crête plein Sud en direction de la Porteille de Valmanya afin de basculer dans la Conque du Pic. Derrière moi je peux apercevoir les étangs de Gourgs de Cady, et devant la magnifique Arête Quazemi que j’ai eu la chance de parcourir lorsque j’avais vingt ans.

À l’approche de la cheminée, la barre rocheuse verrouillant la conque se découpe en aiguilles et pinacles de toutes sortes. Avec la brume et les plaquages de glace le décor est d’une beauté austère.

Je remonte les premiers gradins aisés en esquivant les plaques de glace sournoises et pas toujours facilement perceptibles. Puis une fois être passé à proximité du Totem, je me retrouve face à une courte mais raide pente en neige béton. Enfin je peux sortir le piolet et les crampons, les conditions tant espérées auxquelles je ne croyais plus sont enfin là !

Plus haut ce sont de petits pas en mixte qui m’attendent. Si par temps sec cette cheminée ne présente pas vraiment de difficulté, aujourd’hui l’alternance de neige, de glace et de ressauts faciles demande concentration et un peu d’expérience. Arrive ensuite une dalle délicate car verglacée, qui en estival doit se remonter les mains dans les poches... Un petit coincement de lame me permet de franchir ce petit pas. Je me régale, l’ambiance glaciale du jour qui règne en ce lieux est d’une beauté à couper le souffle ! J’ai finalement trouvé ce que j’étais venu chercher, et même si cette cheminée fait moins de cent mètres, cette dernière méritait largement les presque 1900m de dénivelés pour y parvenir !

Du sommet, dans les nuages un spectre de Brocken compense l’absence quasiment totale de visibilité. Les éclaircies annoncées n’ont pas eu lieu, et pour le panorama je pourrai repasser, mais vue la longueur du parcours et le dénivelé ce n’est certainement pas pour demain... Malgré tout je suis content d’être ici, totalement seul au sommet du Canigou, ce qui est un privilège rare.

Le froid et la longue descente m’incitent à ne pas trainer. Pour le retour j’emprunte l’itinéraire classique par le Chalet des Cortalets, duquel la vue sur le cirque Nord est superbe. Viens ensuite le beau sentier en balcon de variante du GR 10 et l’interminable descente dans le Bois de Patriques. J’arrive à la voiture à la tombée de la nuit, ravi de ma journée sur ce mythique sommet catalan !