Les Jumeaux de Faraut (2493m et 2517m) en traversée

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
1700m
Durée :
1 jour

C'est l'une des courses les plus mythiques du Dévoluy, révélée par Pascal Sombardier ; l'un des itinéraires les plus improbables du massif enchaîné avec la traversée des deux sommets emblématiques de la Montagne de Faraut, les deux immenses pics d'une verticalité confondante... Ce parcours d'une sauvagerie sans nom est évidemment destiné aux montagnards les plus aguerris. La Rampe des Ailes impressionne par sa déclivité tant son franchissement semble impossible d'en bas... La traversée des Jumeaux est éminemment escarpée, nombreux sont les passages aériens nécessitant quelques rudiments d'escalade, la recherche du meilleur itinéraire est permanente... Le tout dans une ambiance dantesque à couper le souffle... Même si l'on a arpenté la plupart des recoins du massif, c'est véritablement un autre monde que l'on découvre là-haut... Comme Sombardier l'évoque, ces lieux « possèdent une dimension à part » ... – Auteurs : Dyn’s, rab04 et Sylvain

Accès

De la N 85, entre Corps et Gap, au niveau du pont de la Guinguette. Emprunter la D 57 en direction du Glaizil, puis tourner à gauche vers Pouillardencq.
Se garer dans le hameau ou poursuivre sur une piste forestière que l’on suit sur environ deux kilomètres.

Précisions sur la difficulté

C’est un itinéraire éminemment sauvage et engagé, se déroulant sur un terrain raide et délicat s’adressant aux montagnards les plus aguerris ou à des alpinistes adeptes du terrain d’aventure.

  • Concernant la Rampe des Ailes : se conférer au topo de Michel.
  • La traversée des Jumeaux de Faraut se révèlent de l’alpinisme (cotation PD) : passages aériens voire vertigineux, nombreux pas d’escalade facile (II), quelques murs plus délicats (III / III+) exposés.
  • Bonne lecture de terrain indispensable, afin de ne pas s’engager dans une mauvaise cheminée.
  • Retraite délicate une fois engagé, car le terrain est difficilement protégeable.
  • Matériel recommandé : casque, baudrier, corde de 40m, descendeur, quelques mousquetons et une ou deux grandes sangles (en 120 minimum). L’idéal est d’avoir un brin de trois mètres afin de pouvoir faire un anneau autour des gros rochers, les rares becquets n’étant pas fiables.

Il convient qu’un sens de l’orientation et de l’itinéraire sans faille est nécessaire. Il est donc impératif de savoir s’orienter sans GPS.
D’ailleurs, il serait suicidaire de suivre à la lettre la trace GPX (réalisée à main levée) sans lever le nez !

Les infos essentielles

  • Carte IGN : TOP 25 - 3337 OT Dévoluy
  • Altitudes remarquables :
    Départ : 1000m
    Brèche de la Chabournasse : 2419m
    Jumeaux de Faraut : 2493m et 2515m
    Virage de Serre Uscla : 1710m
  • Dénivelé cumulé : 1700m
  • Distance : environ 7,5 km
  • Horaires : comptez entre 8 et 10 heures
  • Nota : le tracé sur fond de carte est donné à titre indicatif (ce n’est pas une trace GPS) et doit servir uniquement de repère à la lecture de la carte.
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Itinéraire

Approche

Si l’on effectue cette course à plusieurs, il est vivement conseillé de monter par la rampe des Ailes, puis de descendre par le ravin de la Chabournasse, après la traversée des Jumeaux de Faraut.
Cette organisation demande de garer au préalable un deuxième véhicule au hameau du Collet ou dans le virage, à l’altitude de 1710m, de la piste au pied de la montagne de Faraut, avant de se rendre à Pouillardencq, point de départ pour la rampe des Ailes.

En solo, en montant par la rampe des Ailes, se pose le problème du retour... Très long et fort physique si l’on descend par le ravin de la Chabournasse avant de remonter à la brèche de Faraut, puis de dévaler son raide versant dominant le Champsaur... C’est la variante pour les plus costauds !
Il est envisageable de revenir par les crêtes de la montagne de Faraut, le col de la Saume et le Noyer... Très long aussi !

Sinon, il est toutefois possible d’éviter la rampe des Ailes en montant directement par le versant du Dévoluy (par le Collet ou le virage 1710).

La rampe des Ailes

La rampe des Ailes est un passage invraisemblable s’insinuant dans les contreforts du versant de la montagne de Faraut dominant le Champsaur. Elle se constitue d’une grande vire vivement déclive précédant un couloir impressionnant qui se resserre au fur et à mesure de la progression jusqu’à une brèche permettant de prendre pied sur la crête faîtière de la montagne de Faraut.
Cet itinéraire hors du commun, tout comme la traversée des Jumeaux de Faraut, a été exploré puis révélé par Pascal Sombardier, grand arpenteur des recoins les plus sauvages du massif, dans un ouvrage rare : Vertiges d’en Haut.
Cette rampe des Ailes enchaînée avec la traversée des Jumeaux est assurément l’un des itinéraires les plus dantesques du Dévoluy, voire même des Alpes. À parcourir absolument pour les montagnards aguerris et adeptes des terrains "wilderness" !

Le parcours de la rampe des Ailes étant déjà décrite sur Altituderando dans le magnifique topo de Michel, grand fervent de ces courses sauvages et spectaculaires, on vous y renvoie donc tout naturellement :

Traversée des Jumeaux de Faraut

De la brèche de la Chabournasse, descendre en s’orientant vers l’ouest. Contourner l’imposante antécime et quitter le haut du ravin de la Chabournasse. Traverser celui sous le Jumeau 2517 pour trouver sur le rebord de sa rive droite, un gros cairn indiquant le passage d’accès au cirque situé au pied des Jumeaux.

Ce passage est constitué de gradins extrêmement raides qu’il faut "désescalader" avec prudence.
Traverser horizontalement le cirque minéral afin de poursuivre sur une large banquette herbeuse tout en restant au pied des contreforts du Jumeau 2493.

  • Pascal Sombardier, dans Vertiges d’en Haut, baptise cet endroit : « la salle à manger ».

À la fin de cette traversée, et avant de venir buter sur un mur, remonter un pierrier à main droite. Tirer sur la gauche en repérant un monolithe phallique caractéristique.

Grimper le mur (III) qui se présente à droite du gendarme. Après une courte vire exposée de sortie, prendre pied sur le promontoire qui domine vertigineusement la brèche de Faraut.

Du côté du Jumeau 2493, remonter sur la droite une première cheminée (II) composée d’un bon escalier dévoluard.
Atteindre une petite brèche que l’on franchit.

Se diriger à main gauche dans une seconde cheminée (III), emprunter la branche de gauche dont la sortie (main droite) demande de gravir un ultime et court ressaut vivement exposé pour gagner le sommet du Jumeau 2493.

Descendre en traversée vers l’autre Jumeau 2517. Les ressauts trop escarpés sur le fil se contournent à main droite (ouest).

Un ressaut délicat et exposé (III) à désecalader permet d’atteindre le col séparant les Jumeaux.

Descendre légèrement à main droite (ouest) pour contourner un éperon rocheux.

Remonter sur la gauche pour s’enfoncer dans la dernière cheminée, la plus difficile.
On peut grimper droit dans le mur (III+ exposé) ou le franchir en collant à droite (III exposé).

Le prochain ressaut se gravit par un raide escalier (II exposé) de gauche à droite, dont la sortie est cairnée.

Déboucher sur un belvédère remarquable. Remonter les tous derniers gradins vers la cime du Jumeau 2517.

Descente par le ravin de la Chabournasse

Du sommet, descendre plein ouest pour trouver un petit couloir. Prendre pied dans les pentes du ravin sous le Jumeau 2517.

Effectuer une traversée plein sud en dévers pour rejoindre le grand ravin de la Chabournasse.

Le dévaler. On peut trouver une gravière permettant d’enquiller une bonne partie de la descente en ramasse.

À la fin de la descente, bien repérer le virage 1710, car une fois dans la dernière traversée déversante, il sera moins discernable.

Le récit de Sylvain

Quelques jours avant cette belle aventure, j’ai le plaisir d’être contacté par Arnaud me proposant de me joindre à Rabah et lui, pour un itinéraire de grande envergure qui me fait rêver. La Rampe des Ailes combinée à la traversée des Jumeaux de Faraut !

Malheureusement leurs disponibilités ne sont pas vraiment compatibles avec les miennes. Il faut que je m’organise rapidement, car je tiens absolument à réaliser cette course avec ces deux gaillards que je n’ai pourtant jamais rencontré !

Le rendez-vous est fixé, je rejoins Arnaud avec mon ami Mika la veille pour un bivouac dans le Dévoluy. Nous faisons connaissance tout les trois, le feeling est tout de suite très bon !

Rabah nous rejoint le lendemain matin et nous prenons la route tous ensemble pour Pouillardencq. Celui-ci nous met à l’aise dès le départ, et encore une fois le courant passe très bien, une bonne journée s’annonce !

Malgré la chaleur, nous ne voyons pas le temps passer en marchant sur les raides pistes forestières conduisant au grand ravin issu du Cirque des Ailes.

Dorénavant l’omniprésence des Jumeaux ne nous quittera plus de la journée. Sans être encore difficile, l’itinéraire se redresse sérieusement et devient un peu plus délicat. Rabah qui réalise cette course pour la seconde fois prend la tête, ce qui est fort appréciable.

La vue sur les immenses paroi de la face Est de la montagne de Faraut, ainsi que sur la Croix de Queyrière, nous fait oublié la très forte déclivité des pentes herbeuses défendant l’accès à la Rampe.

Encore une dernière traversée en longeant la paroi, un petit ressaut à gravir et enfin nous y sommes, la Rampe des Ailes se dresse face à nous !

Nous enfilons nos baudriers et faisons une petite pause avant de nous lancer.

La vire passant sous la première grande baume est déjà très raide, et ça ne fait que commencer. Une fois passé celle-ci, de beaux gradins se présente à nous, certains sont exposés et la présence du vide tout proche est grisante !

Ce n’est que le début, nous sommes impatients de voir de quoi sera faite la suite !

Ces gradins nous conduisent dans un grand cirque orné de belles pelouses.

L’endroit est presque bucolique, mais la très forte déclivité du terrain combinée à la démesure des falaises nous dominant, ainsi que l’abîme en contrebas nous rappellent que nous ne sommes que quatre lilliputiens qui doivent rester très prudent... Étrange sensation que d’être dans un univers à la fois effrayant et paradisiaque !

Ces pentes herbeuses exigent un bon coup de rein, avant de rejoindre la grande vire en diagonale conduisant au couloir final.

Cette grande vire est entrecoupée de nombreux ressauts qui nécessitent une grande vigilance. Nous veillons les uns sur les autres en nous assurant que tout va bien pour chacun.

Au fur et à mesure que nous grimpons, le cheminement se resserre et devient de plus en plus étroit. Le grand couloir final se présente à nous, celui-ci est étriqué entre deux falaises à la verticalité déconcertante. La suite du parcours s’annonce des plus dantesque !

Nous cheminons de ressauts en ressauts, entrecoupés de pierriers instables dans une ambiance des plus gazeuses !
À ce moment précis, je me dis que j’ai bien fait de modifier mon emploi du temps, car pour rien au monde je n’aurai voulu rater une telle course !

Encore un petit pas en traversée pour finir, et la grande barrière Ouest du Dévoluy apparait derrière la Brèche de la Chabournasse. Quelle incroyable parcours pour arriver jusqu’ici !

Nous grignotons un morceaux et repartons rapidement car nous sommes impatients de réalisée la traversée des Jumeaux !

Nous longeons la base du Jumeau 2517 afin de rejoindre le grand cirque situé entre les deux Jumeaux. La descente dans celui-ci est raide et escarpée.

Nous repérons peu de temps après le gendarme caractéristique indiquant le début de la traversée, qui se caractérise par un bon mur à proximité du vide. Visiblement cette traversée s’annonce elle aussi aérienne et vertigineuse !

D’ici la vue sur la ligne de crête de la montagne de Faraut au-delà de la brèche homonyme est exceptionnelle !

Nous poursuivons vers de nouveaux escaliers dévoluards très redressés, avant de grimper dans une belle cheminée. Peu après, un court pas très aérien nous ravira, juste avant d’atteindre la cime du Jumeau 2493. Une photo de nous quatre au retardateur s’impose pour immortaliser l’instant !

La descente entre les deux sommets est marquante de par un passage obligeant à progresser bras tendus et les pieds en adhérence d’un côté de l’arête. Un passage d’anthologie pour une course qui l’est tout autant !

Nous contournons ensuite une antécime dans un terrain malcommode, avant de nous retrouver à nouveau au pied du mur... petit moment d’hésitation sur la meilleur façon de le franchir... Arnaud et Rabah choisissent l’option tout droit, tandis que Mika et moi optons pour une cheminée légèrement décalée sur la droite. Celle-ci est plus raide mais les prises plus franches.

Alors que nous pensions en avoir terminé avec les passages techniques, le final se révèle encore bien aérien !

Rabah tente de rester sur le fil de l’arête, tandis que nous repérons un cairn au-dessus du ressaut. Un très raide escalier dévoluard permet de le rejoindre sans trop de difficultés, mais le cheminement est des plus exposés !

Enfin, nous foulons la cime du Jumeau 2517, grand moment de joie pour nous quatre !

Le panorama est grandiose et la vue sur le couloir de la Rampe des Ailes est intimidante, dire que nous le remontions juste quelques heures plus tôt...

Cette course se révéla extraordinaire de par sa beauté, et par son cheminement complexe et astucieux, s’insinuant dans les moindres recoins de cette citadelle de calcaire afin d’en débusquer les rares zones de faiblesses. Mais celle-ci m’a surtout permis de rencontrer deux sacrés montagnards, et c’est peut-être bien là le plus important !

Une petite anecdote pour conclure :

Alors que je commençais à traîner la patte dans la descente du ravin de Chabournasse, Rabah se retourne et me dis avec un grand sourire :
« Sylvain on se connaît à peine, et j’ai l’impression que nous faisons de la montagne ensemble depuis vingt ans ! »

Oui Rabah, je suis entièrement d’accord avec toi !

Le récit de Dyn’s

Après notre escapade à Molines-en-Champsaur, avec Rabah, nous prévoyons la semaine d’après la rampe des Ailes et les Jumeaux de Faraut. Ceux sont mes tous derniers jours de disponibilité avant la saison d’été... Et je croise les doigts pour que la météo soit au rendez-vous !
Suite aux commentaires de la sortie de Rabah, Sylvain est bien motivé à réaliser cette course, nous tenons à la faire avec lui, et nous lui proposons, un peu à la dernière minute ! Mais, ne voulant louper ça pour rien au monde, nous arrivons à nous dégoter un créneau commun. Les prévisions sont plutôt optimistes, espérons que ça tienne !

Je débarque la veille dans le virage de la piste du pied de Faraut. Les cumulonimbus se dilatent au-dessus de la barrière dévoluarde, c’est bon signe. Sylvain et Mika me rejoignent tard le soir, à une heure où je suis habituellement couché la veille d’une ascension, mais pour une rencontre entre auteurs et fins passionnés du massif, je ne pouvais que rester éveillé !
Nous faisons connaissance et notre discussion se tourne tout naturellement sur nos aventures respectives. Minuit sonne l’heure d’aller au lit ! Demain, réveil 6h !

Nous profitons d’un lever de soleil tout en sirotant un café, et préparons notre barda.
Nous rejoignons Rabah sur la route du col du Noyer, et partons tous les quatre à Pouillardencq. L’ambiance durant le trajet est fort amicale, nous entamons l’approche, tous le sourire aux lèvres !
Rabah qui nous raconte ses exploits de jeunesse, manque la bifurcation, tout en poursuivant sur la piste balisée... (Je chambre !) On s’en rend compte bien vite et faisons de suite demi-tour !
Nous poursuivons sur un sentier en forêt qui se raidit de plus en plus, avant de déboucher dans le ravin précédant les pentes herbeuses du cirque des Ailes. Rabah prend la tête, et nous remontons en file indienne le lit du ravin. On s’en extirpe plus haut par un dévers raide fortement délité afin de rejoindre les pelouses plus commodes.

L’omniprésence des immenses parois des Jumeaux est fascinante... Même intimidante... On ne distingue pas le départ de la rampe tant la muraille semble homogène...
Plus haut, nous traversons un nouveau ravin, longeons au pied des premières barres rocheuses, franchissons un premier ressaut et, enfin, prenons pied au départ des hostilités. D’entrée, la déclivité de la rampe des Ailes impressionne ! L’approche est maintenant terminée, place aux péripéties !

Quelques éboulis font vite place à la première et vaste baume. Dans le fond, à l’ombre, l’air frais est le bienvenu car la température commence à bien s’élever. Quelques gradins encore, et nous longeons la seconde baume, plus petite. À la fin de la rampe, on peut sortir par la vire "Rabah", ou un raide ressaut à sa droite.

Nous débouchons ainsi dans l’amphithéâtre calcaire. Le grand couloir se dévoile... Une raide pente herbeuse nous expédie au pied des premiers gradins très redressés. Certains murs me rappelle les Échelons de la face est du Pic de Bure... C’est vraiment raide ! La pression monte ! Enfin pour moi, j’ai l’impression que mes compagnons sont plus à l’aise...
Le couloir se resserre, le vide se fait moins ressentir. Je franchis le premier le gros bloc barrant la progression. La corde fixe me permet de franchir ce pas athlétique sans encombre. Tout le monde suit en essayant de grimper en libre !
S’enchaîne le final, nous louvoyons vires et ressauts dans une ambiance à nulle autre pareille. Bien que la prégnance du vide nous entoure, le terrain reste ludique et nous atteignons aisément la brèche de la Chabournasse.
La pause s’impose !

Puis, nous entamons la boucle enchaînant les Jumeaux. La descente tant appréhendée, pour ma part, se dessine au niveau d’un gros cairn. Comme lors de ma première fois, le passage me fait forte impression... Mes compagnons s’y engagent facilement... J’y vais à tâtons... Pfiou, qu’est-ce que c’est raidasse ! Je ne suis vraiment pas à mon aise, et Rabah remonte à ma hauteur pour me rassurer. Petit à petit, pas à pas, je franchis l’obstacle.

Nous reprenons en longeant les contreforts rocheux des Jumeaux. Après un cirque minéral, nous progressons sur large banquette herbeuse, la fameuse « salle à manger ».
Un mur marque la fin de la vire, la suite se déroule dans un pierrier en direction d’un gendarme caractéristique. La section grimpante de cette traversée commence... Rabah, à nouveau, ouvre la voie. Le pas n’est pas difficile mais se termine sur une étroite corniche aérienne...
Nous débouchons sur un incroyable belvédère dominant vertigineusement la brèche de Faraut... La suite s’exécute sur un escalier dévoluard plutôt ludique. Il nous permet ensuite de franchir une petite brèche. De l’autre côté, nous attaquons la première cheminée. Les prises sont bonnes mais la sortie est gazeuse au possible... Rabah me sort la corde, autant assurer !
Ne reste que quelques mètres avant de fouler le sommet du premier Jumeau, l’un des sommets les plus remarquables du massif, et sans nul doute, l’un des moins fréquentés... Autant dire que la joie, pour tous, est à son comble !
Une pause est bien méritée !

L’entame de la descente est débonnaire. Nous nous faufilons entre pitons rocheux et aiguilles effilées dans un décor digne des Dolomites.
Le col séparant les Jumeaux est barré par un mur délicat. Hors de question, toujours pour ma part, de tenter en libre ! Bien trop raide et expo ! Sylvain m’installe un relai et m’accompagne pendant le rappel. Avec le machard, je galère à faire glisser la corde ! Si bien que juste avant d’atterrir au col, je reste bloqué ! Bon dieu ! La quincaillerie et moi, ça fait trois ! Et c’est Rabah qui remonte pour me filer la main !

Puis, nous contournons une barre rocheuse afin de trouver la dernière cheminée... Celle qui se révélera la plus dure...
Rabah grimpe en libre droit dedans, Sylvain et Mika en collant à droite. L’accumulation de stress me rend le moindre passage un peu technique impressionnant ! Avec la corde ou rien ! Même si mes acolytes y arrivent très bien sans, je ne préfère pas m’engager en libre, je n’ai pas d’ego à flatter !

Enfin, l’ultime contrefort se montre, c’est encore raide ! Rabah prend par l’arête, je suis.
Sylvain et Mika prenne un passage plus évident, cairné à sa sortie. Mais le terrain peu protégeable nous poussent à rebrousser. Nous récupérons finalement l’itinéraire indiqué.
Un ultime ressaut facile nous délivre le sommet du Jumeau 2517. Fin des difficultés, soulagement, et joie immense... Quelle course ! Une véritable tuerie ! De mon point de vue, c’est clairement celle qui m’a fait la plus forte impression dans le Dévoluy !
Une « dimension à part » évoquait Pascal Sombardier... Nous ne pouvons qu’acquiescer !

Ne reste que le retour par le ravin de la Chabournasse.
Nous saluons au passage l’exploit des acharnés fou-furieux qui rentrent par la brèche de Faraut ! Parce qu’une fois rentré à la voiture au virage de la piste, nous fûmes bien content !

Nota photos

Étant donné que cela tenait à cœur à chacun de partager ses photos respectives, nous présentons deux portfolios à la suite, celui de Sylvain et Mika, puis celui de Rabah et Dyn’s. Nous vous proposons donc de vivre deux fois cette aventure !

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 8 juillet 2022

Dernière modification : 12 juillet 2024

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Avis et commentaires

Merci, Polux et Pierre pour vos messages !

Ouah, quelle claque ! Comme Nadine, je me contenterai de rêver en regardant les photos ;) Bravo à l’équipe !!

Les photos sont sublimes et les textes sont empreints d’une grande qualité rédactionnelle... Bravo 👏... Je retournai fouiner dans le Dévoluy, mais pour l’instant, j’ai rendez vous, au sommet du Viso...
Merci pour votre partage.... 😉
Paul. Club Alpin Bourg.

Bonjour à tous, merci pour vos retours !!
Rabah ce fut pour nous aussi un très bon moment de passer cette journée en ta compagnie !
A+

Merci à vous trois !

Rémi, oui la descente dans le cirque passe sans corde. Le départ est vraiment raide mais les gradins sont bons, il ne faut juste pas se laisser impressionner !
Oui on peut monter entre les deux Jumeaux, déboucher au-dessus du col et de son ressaut délicat, et gagner directement le Faraut 2493 par le versant sud. C’est ce que j’avais envisagé le jour de l’ascension du Faraut 2517 par le ravin de la Chabournasse. (Sombardier l’indique dans Vertiges d’en Haut.) Mais le dudit passage m’avais refroidi en solo...

Énorme cet itinéraire ! Avec vos deux portfolios, on s’en met plein la vue ! Bon, je ne sais pas quoi dire d’original. Je constate que la descente dans le cirque à l’air de pouvoir se faire sans corde. La traversée à partir du monolithe est la plus incroyable et à la hauteur de ce qu’on vient faire ici. Il me semble qu’il est possible de remonter aussi plus facilement, au centre, pour se retrouver entre les Jumeaux. Je viendrais peut-être tenter la version intégrale avec retour à la Michel, en solitaire et un jour de grande forme ! Faut voir. Et bravo au vieux... ça fait relativiser les années de disette et ouvre des perspectives motivantes, en avance, dans l’esprit des jeunes !

Un très GRAND bravo a vous !!
je ne crois pas qu’il y est beaucoup de monde pour la faire celle là !
Superbe !

Fabuleux !!!
Carrément hors de ma portée, mais quel rêve ! Avec des photos qui donnent la chair de poule, et des récits pleins d’émotion, merci pour le partage !

Grand merci à vous deux, Thierry et Michel !
Très grand moment pour moi, d’avoir passé cette superbe journée avec ces jeunes bien sympathiques et plein de qualités, merci à eux !!
Arnaud, merci pour la confiance que tu me portes !
A+

Merci à vous deux !
Michel, tes mots touchants me vont droit au cœur !
Bien que le solo soit une approche de la Montagne dont je ne peux me passer (une "relation intime" a besoin de se vivre en tête-à-tête !), j’aime aussi ces rencontres entre montagnards passionnés, et plus encore lorsque cela me permet de sortir de ma zone de confort et de m’engager dans des terrains où j’appréhende encore d’y aller seul, ou même, où je n’ai pas le niveau.
Je crois que Rabah tient à réaliser d’autres de mes rêves ! D’autres belles escapades communes verront le jour en septembre !
Merci encore !

Arnaud, c’est un peu mon "fils spirituel". Alors je suis très content que son rêve se réalise !
La dream team s’est un peu agrandie ahaha !
Bon, ya un petit rigolo qui est allé mettre une corde fixe et de mon point de vue, ça ne s’impose pas, surtout dans le Dévoluy !
C’est vrai que boucler le Faraut est un truc de malade, si j’avais pu, j’aurais surement choisi la même traversée (mais pas possible en solo à moins de faire du stop !) . D’autant que la descente est vraiment délicate sur le versant Est.
Je vais passer mon topo de la Rampe des Ailes en "alpinisme" (j’avais hésité à l’époque), pour être plus en accord avec votre topo.
Bravo l’équipe !

On en reste sans voix ! mais plein les yeux ! bravo.

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