Esquerdes de Rotja ‒ Pic de Costabonne (2465m) en circuit
- Randonnée
- Pyrénées Est / Pyrénées-Orientales / Prats-de-Mollo-la-Preste
- Difficulté :
- Moyen
- Dénivelé :
- 980m
- Durée :
- 7h
Les Esquerdes de Rotja / Le pic de Costabonne : une randonnée d'exception dans la réserve naturelle de Prats-de-Mollo, en Haut Vallespir, région oubliée de France. Cela faisait longtemps que nous avions envie d'aller user nos chaussures par là ! Et nous n'avons pas été déçus ! Nous longerons tout d'abord l'arête des Esquerdes de Rotja, superbe musée minéralogique à ciel ouvert. Le retour se fera par le Pic de Costabonne, et au passage, nous rendrons visite à l'une des anciennes mines de grenat où, jadis, était extrait le grenat qui orne encore bien des bijoux traditionnels catalans. En prime, quelques isards surpris de notre présence, marmottes curieuses, vautours fauves ou pas, et un ou deux gypaètes ... Panorama, richesse géologique, faune, chacun y trouve son compte. – Auteur : martineenfolie
Accès
Après Prats-de-Mollo, continuer sur la Preste, station thermale.
Peu avant l’entrée de la Preste, prendre à droite, la route qui conduit à "la réserve naturelle" (panneau). Se garer tout en bout de route, près du chalet des Conques. Pour plus de commodités, nous avons placé un véhicule en bas de vallée sur le parking situé après les Thermes, pour le retour.
Précisions sur la difficulté
* Difficulté : Moyenne. La seule difficulté serait la longueur de l’itinéraire (entre 7 à 8 heures) à laquelle il faut ajouter les arrêts habituels, les grimpes éventuelles qui pourraient tenter le randonneur sur l’une des Esquerdes, ou encore la recherche d’une pépite de grenat oubliée sur la mine ... A noter également, le brouillard qui semble s’inviter souvent dans cette zone de confluences climatiques diverses !
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN TOP25 2349ET Massif du Canigou
- Altitude minimale : 980 m
- Altitude maximale : 2465 m
- Distance : environ 21 km
- Horaires : comptez entre 7 et 8 h
- Balisage : Bons panneaux indicateurs. L’itinéraire est balisé en jaune, soit par de la peinture au sol, soit par des piquets chapeautés de jaune ... Le balisage au sol est efficace : faut-il voir là, le résultat d’une longue expérience de divagations de randonneurs dans cette zone où, parait-il, le brouillard est fréquent et redoutable ?
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Itinéraire
Massif : Haut Vallespir
- Carte : IGN TOP25 2349ET Massif du Canigou
- Lien IGN : Pic de Costabonne
- Dénivelé positif : 980m
- Dénivelé négatif : 1400m
- Difficulté : Moyenne. La seule difficulté serait la longueur de l’itinéraire (entre 7 à 8 heures) à laquelle il faut ajouter les arrêts habituels, les grimpes éventuelles qui pourraient tenter le randonneur sur l’une des Esquerdes, ou encore la recherche d’une pépite de grenat oubliée sur la mine ... A noter également, le brouillard qui semble s’inviter souvent dans cette zone de confluences climatiques diverses !
- Balisage : Bons panneaux indicateurs. L’itinéraire est balisé en jaune, soit par de la peinture au sol, soit par des piquets chapeautés de jaune ... Le balisage au sol est efficace : faut-il voir là, le résultat d’une longue expérience de divagations de randonneurs dans cette zone où, parait-il, le brouillard est fréquent et redoutable ?
Descriptif
Dans la première partie du parcours, nous suivrons la direction Costabonne toute la matinée ...
Du chalet des Conques (1400m), prendre à droite un bon sentier qui suit une ancienne piste de ski, direction Col Baix ‒ Costabonne (pancarte).
Au Col Baix, suivre Nord-Ouest sur la droite (pancarte).
Après avoir traversé une forêt de pins, puis le Pla de las Eugues, nous arrivons, vers 2000m, à une petite fontaine (dite du Ras del Garbé), aménagée sous une dalle du sentier.
Le sentier monte régulièrement vers un large col, la Porteilla dels Avets. Nous voici au départ de l’arête rocheuse des Esquerdes de Rotja, arête remarquable avec ses filons de silice et de quartz.
Le sentier longe les Esquerdes par le Nord, à cheval sur les réserves de Py, Prats de Mollo, et Mantet, et nous ouvre un large panorama sur le Pic de Costabonne (2200m).
La grimpe sur les Esquerdes est attirante, et sans grande difficulté, mais il faudra quand même mettre les mains !
Plus loin, nous franchissons la Porteilla de la Rotja, et passons versant Sud.
Notons au passage,la Cabanne de la Rotja, métallique, spartiate, mais propre et accueillante.
Le sentier descend progressivement sur le versant Sud du Mort de l’Escoula, pour remonter en une pente régulière sur le Pic de Costabonne (2465m). Affleurements de granit dans toute cette zone.
En bas de vallée, remarquer les "Orgues de Las Stalines", structure métallique (orgue éolienne) rappelant que 3 catalans sont morts à cet endroit, pris dans une tempête de neige.
Remarquons également les cairns monumentaux, œuvres de l’architecte Paul Chemetov sur la méridienne verte. pour célébrer le passage à l’an 2000.
Du Pic de Costabonne, à cheval entre France et Espagne, suivre la crête versant Sud, sur 200 à 300 mètres, jusqu’à l’intersection de la Serre de Finestrol.
Ici, deux options :
- soit continuer tout droit sur la crête, direction Col de Siern, et La Preste ;
- soit prendre à gauche, direction Cabane de l’Ouillat et Las Conques.
Étant dans l’incertitude quant à l’évolution d’une masse nuageuse accrochée à la crête, nous partirons à gauche, ce qui nous permettra de visiter l’ancienne mine de grenat.
Le sentier devient confortable, il est long, mais large, et il descend très régulièrement ; nous devinons qu’il s’agit là de l’ancienne piste d’accès à la mine.
Vers l’altitude 1400m, il rejoint la Fasse de Perefeu, avec une nouvelle bifurcation. A ce point, nous continuons tout droit, direction La Preste (pancarte) que nous rejoindrons en 1h 1/2 (1100m).
Auteur : martineenfolie
Avis et commentaires
Pour le grenat, le texte de J.Charpentier (cf commentaires ci-dessus) est explicite à ce sujet ; qui en évoque la disparition de l’exploitation avant 1922.
Les mines du Costabonne ont été exploitées dans les années 1950 pour le tungstène (et certainement pas pour les grenats). Du fait, notamment, des difficultés liées à l’altitude et à la topographie des lieux, l’extraction du minerai a rapidement cessé...
Comme partout : la rentabilité d’abord.
Difficultés d’extraction, richesse des gisements, modifications des tachniques, problèmes de transport vers les sites de traitement (puis lorsque les transports se sont développés la non nécessité de traiter sur place), minéraux importés à moindre coût. Le déclin n’est pas récent.
Par exemple :
- " Les gisements du massif du Canigou sont même connus depuis l’époque gallo-romaine. Dans le département, la métallurgie était une industrie encore prospère à la fin du dix-huitième siècle ; cependant elle devait connaître un ralentissement progressif dès le siècle suivant.
En 1787, le Docteur Carrère écrit : « Le fer est fabriqué dans vingt-deux forges du Conflent et du Vallespir » ; un article paru dans l’Abeille Roussillonnaise le 11 avril 1885 mentionne : « Les fondeurs sont au nombre de six, dont deux pour le cuivre ; notre département, dont les forges Catalanes étaient en si grand renom autrefois, ne possèdent guère aujourd’hui que quelques établissements ».
En pleine activité vers le XIVe siècle, l’exploitation des mines de fer du Canigou a duré jusqu’au XIXe, en commençant son déclin à la fin du XVIIIe siècle.
Le principal fautif s’appelle le haut-fourneau (traitement rapide et efficace). Il avait pour inconvénient d’imposer la venue à lui de grandes quantités de minerai, mais à cette époque les moyens de communication s’était suffisamment développés. Il n’y avait plus d’utilité à faire traiter le fer directement dans les hautes vallées montagneuses.
Preuve de ce dépeuplement, la forge du Tech s’arrête en 1750. En 1902 il reste encore quelques forges en fonctionnement : St Laurent de Cerdans, Valmanya. Celle-ci fermera définitivement en 1940, après avoir subit les effets des mines de Lorraine, plus proche de l’endroit où l’on fabriquait les armements.
Le personnel minier tenta quand même de sauver la situation en modernisant la production. Le principal problème résidait dans l’acheminement du minerai sur les sites d’exploitation. En ça l’arrivée du train à Arles sur Tech fut d’une très grande utilité. Par ailleurs on construisit une ligne aérienne allant de Batère à Arles en 1900. Long de 9 kms, cette ligne alimenta en continu Arles en minerai ce qui retarda la fermeture des mines catalanes.
De nos jours les mines sont fermés mais servent de prétextes à de superbes ballades dans le Canigou. Partant de Valmanya, celle qui mène à la Coume dure deux heures et tra verse la forêt, sans grande difficulté. D’autres chemins partent de Montferrer ou Corsavy.
Les mines de Batère, elles, sont visibles au bout d’une route de 15Kms partant de Corsavy. Les installations sont abandonnées, mais il reste quelques bâtiments et engins toujours visibles. "
- Ou encore, pour le grenat :
" En 1922, J.Charpentier fils, bijoutier à perpignan se désolait déjà du fait que la gemme catalane n’était plus qu’un souvenir : « Si le grenat est très répandu dans les montagnes des Pyrénées-Orientales, il y est en petite quantité. L’exploitation entreprise ne rapportant pas suffisamment, fut abandonnée »… »Les bijoutiers durent se résoudre à faire venir de l’étranger ce que le sous-sol de leur pays leur donnait avec trop de parcimonie ». Ce même bijoutier précisait peu après que les pierres brutes étaient alors importées de Siriam au Pégu (actuellement région du bas Irawady en Birmanie, située au nord-est de Rangoon) ; d’autres sources mentionnent les célèbres gisements de Bohême en république tchèque. Les pierres étaient ensuite envoyées dans le Jura pour être taillées. Depuis, le travail a été délocalisé vers l’Allemagne, à Idar-oberstein, petite ville de Rhénanie dont l’activité principale est la taille des pierres précieuses. "
(pour les sources : cf mon message précédent).
- J’ai effectivement profité du topo pour explorer virtuellement avec GE vesr l’ouest "la mort de l’Escoula, la Porteille de Mantet, le Pic du Géant, celui de l’Infern, ..."
Oui, ces régions du sud méritent d’être mieux connues !
Quant à cette ballade, on peut la poursuivre en suivant les crêtes vers l’ouest , par "La mort de l’Escoula", la Porteille de Mantet, le Pic du Géant, celui de l’Inferne etc..... (que des noms à faire rêver !) et on arrive sans trop de mal en Cerdagne ! Parcours magnifique, dans une nature préservée ! Programme à mettre l’eau à la bouche ! Simplement, étant en zone frontalière, on ne maitrise pas totalement quand il faut redescendre coté Espagnol ....... (sentier HRP)
Quant à la richesse minéralogique, pourquoi donc l’exploitation des mines a donc été abandonnée si rapidement , alors que, sur le terrain, cela semblait bien organisé ? Est ce dû à la situation de La Preste , et à son accès pas très aisé, en bout de vallée, au bout du bout du monde ?
Bien d’accord avec Marc. J’ai passé quelques heuresà décortiquer la randonnée, notamment en raison de la riche histoire de la vallée du "riu Tec".
Histoire et légendes.
- Quelques notes sur les mines de grenat.
La loi sur les mines et les carrières du 21 avril 1810 précise : « L’exploitation des carrières à ciel ouvert a lieu sans permission, sous la simple surveillance de la police ».
Des gisements ont été exploités de façon sporadique dans les massifs de Costabonne. Un document des archives départementales, datant du dix-neuvième siècle, précise : « les grenats aux belles teintes coquelicot sont recherchés par les joailliers. Gisements : montagne de Costa Bona ».
Ces gisements parfois des conflits d’intérêts : « Le Sieur Coste découvrit des mines depuis 1709 jusqu’à 1731 en Roussillon, mais la compagnie Royale de Galabin, qui existoit alors, avoit pour directeur le Sieur Ferrier qui prétendit que toutes ces mines devoient lui appartenir » (Le Monnier *, « Des mines du Roussillon », 1739).
(*) Louis Guillaume Le Monnier, membre de l’Académie Royale des Sciences, médecin du Roi Louis XV, puis Louis XVI. Rédigea en 1739 un rapport consacré aux ressources minières du Roussillon : Observations d’histoire naturelle faites dans les provinces méridionales de France, pendant l’année 1739 », Mémoires de l’Académie royale des sciences de Paris, année 1740, publié en 1744.
Lequel Louis XV, en 1722, assurait que : » Les mines et minières seront un des plus riches objets que nous puissions avoir dans notre Royaume, si nous pouvons parvenir à le mettre en valeur ; ce qui procurerait l’abondance à nos sujets en leur donnant en même temps de l’occupation, et rendrait le commerce de notre Etat plus florissant en multipliant les matières précieuses qui en font tout le mobile ».
En 1731, une « Compagnie Royale » dont le siège se situait à la Preste (près de de Prats-de-Mollo) était constituée avec pour mission l’exploitation des mines du Roussillon.
Cependant, un courrier du Duc de Noailles adressé à l’intendant du Roussillon, résume ainsi : « Cette entreprise a eu jusqu’à présent le même sort que la plupart de celles de cette espèce, c’est-à-dire que tout s’en est allé en fumée ». En effet, la compagnie avait dû cesser son activité dès 1737, soit six ans après sa création.
Quelques sources.
E. Abade. L’Indépendant, février 1991, « Grenat, petite histoire d’une grande tradition ».
J. Charpentier. « Les grenats »- l’industrie dans les Pyrénées-Orientales- (enquête du journal L’indépendant). 1923.
Nicolas Gobert. : « Les anciens minéralogistes du Royaume de France ». 1779.
Charles Helson. « Richesses minérales des Pyrénées-Orientales » Le Roussillon 1876, l’Indépendant des Pyrénées-Orientales 1903.
Abbé Pierre Palassou. « Essai sur la minéralogie des monts Pyrénées », 1781.
- Prats de mollo : la légende de l’ours.
Un ours qui cherchait une compagne avait enlevé une jeune bergère, après avoir massacré ses brebis. Il la gardait prisonnière dans sa grotte. Chasseurs, paysans et bûcherons furent lancés par le maire du village à sa poursuite. Une grande chasse à l’ours dès lors commença. Il fallut des jours et des nuits pour trouver des traces de l’ours. Enfin, un beau jour ils découvrirent sa tanière. La jeune bergère était là, saine et sauve, mais pétrifiée par la peur. Avant qu’ils puissent repartir, l’ours revint de sa chasse. Alors un grand affrontement commença, et beaucoup d’entre eux perdirent la vie. Enfin ils réussirent à prendre le dessus et l’enchaînèrent. Ils repartirent accompagnés de l’ours et de la bergère. Arrivés au village, une grande fête fut donnée. L’ours fut rasé avec une hache, lui rendant une apparence plus humaine. Au fil du temps, ils réussirent à l’apprivoiser, et le chargèrent des plus grandes tâches du village.
De cette légende naquit la fête de l’ours dans tout le Vallespir.
(Recueilli par Marmotton66).
ça a l’air vraiment sympa, ce coin de montagne oublié... même le nom donne un air de grand dépaysement. Bien cool cette sortie !
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