Dôme des Nants (3550m) et Dôme de l’Arpont (3600m), par le col du Vallonnet
- Randonnée
- Vanoise / Savoie / Pralognan-la-Vanoise
- Glacier
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 2000m
- Durée :
- 9h
Une randonnée de haute altitude pour atteindre le sommet des glaciers de la Vanoise, offrant un magnifique panorama. Après une magnifique approche dans les vallées typiques de la Vanoise suivie d'une montée plus sportive dans la caillasse, on pourra admirer le panorama dominant la plupart des sommets de la Vanoise, et également constater les dégâts du réchauffement climatique sur les glaciers d'altitude modeste, dont une des rares "vertus" est d'avoir permis au randonneur alpin d'accéder au point culminant des glaciers... – Auteur : Pascal
Accès
Moûtiers - Bozel - Pralognan-la-Vanoise, prendre la route des Prioux jusqu’à son terminus (grand parking souvent bondé l’été).
Précisions sur la difficulté
Il s’agit d’une randonnée longue et en haute altitude, demandant une condition physique adéquate. L’itinéraire est en grande partie hors-sentier, et il est important de savoir lire le terrain pour y tracer un cheminement logique évitant les difficultés. L’itinéraire ne comporte aucun passage technique ni vraiment exposé.
L’accès au rebord rocheux du Dôme des Nants est en principe sec, avec cependant un grand risque de névés en raison de la haute altitude, jusqu’au milieu de l’été au moins. Pour cette raison, crampons et piolet sont souhaitables pour la sécurité. La raide montée finale dans la caillasse peut aussi s’avérer un peu délicate en cas de mauvaises conditions (neige ou pluie gelée).
Le parcours entre le Dôme des Nants et le Dôme de l’Arpont s’effectue sur un glacier débonnaire, en principe non crevassé si on respecte l’itinéraire décrit en restant sur le versant ouest du Dôme des Nants et en se tenant éloigné du col de l’Arpont, abordant le Dôme de l’Arpont par sa face ouest plutôt que par l’arête (dernière photo). Crampons nécessaires, piolet fortement souhaitable pour la sécurité. Le glacier peut éventuellement être en glace à la fin de l’été, ce qui rend les crevasses visibles, mais complique un peu l’ascension du sommet (30° sur quelques dizaines de mètres, savoir cramponner). Une bonne visibilité est indispensable pour parcourir le glacier.
Photos
Les infos essentielles
- Altitude départ : 1750m.
- Altitude sommet : 3550m environ (Dôme des Nants), 3600m (Dôme de l’Arpont).
- Durée : 10h.
- Carte : IGN TOP25 3534OT Les Trois Vallées - Modane - PN de la Vanoise.
Période
Praticable en conditions estivales. En raison de la haute altitude, des névés sont souvent présents, même au milieu de l’été. Il faudra donc se préparer à y faire face, avec crampons et piolet pour la sécurité. Dans tous les cas, de grosses chaussures sont agréables pour affronter les caillasses.
Jusqu’au milieu de l’été au moins, et parfois toute l’année, la neige recouvre certaines parties du glacier, masquant les éventuelles crevasses. Les "explorateurs" en crampons attendront la fin de l’été pour que le glacier soit déneigé au mieux, rendant les crevasses visibles. Si ce n’est pas le cas, l’accès au Dôme de l’Arpont devra se faire précisément par l’itinéraire indiqué en versant ouest, ou alors il faudra se contenter du promontoire rocheux du Dôme des Nants.
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Itinéraire
Ascension
Du parking, prendre le chemin s’élevant tranquillement vers Montaimont. Poursuivre sur le sentier à droite qui rejoint le vallon du Génépy et le suit proche du torrent jusqu’à atteindre le cirque du Génépy, entouré ses pentes minérales bordés sur le haut de restes glaciaires.
Une autre option est de bifurquer à gauche à Montaimont, puis ensuite à droite pour atteindre le cirque du Génépy par un beau sentier en balcon, à peine plus long, permettant de profiter d’une vue plus dégagée.
Dans le cirque, quitter le sentier au niveau d’un pont au dessus du torrent, sans le franchir. Poursuivre vers le fond du cirque sur une légère sente puis rapidement s’élever dans l’herbe à gauche pour attraper un petit sentier montant dans une longue traversée revenant vers la gauche (nord) dans les pentes herbeuses. Il finit par déboucher sur un joli plan herbeux (bergerie). Se diriger vers le col du Vallonnet, maintenant en vue.
Ne pas franchir le col, mais poursuivre au sud-est hors-sentier pour aborder une grosse bosse de caillasses à droite de la ligne de crêtes. Remonter cette bosse au mieux, puis poursuivre l’ascension en suivant la crête de la petite croupe morainique. On aboutit dans un cirque de caillasses souvent recouvert d’un névé tardif. Sortir du cirque en montant à gauche des pentes de caillasses un peu pénibles pour rejoindre la ligne de crêtes de la croupe montant vers le sommet, sur laquelle on débouche au niveau de quelques gros blocs de roche claire.
La suite de l’itinéraire est claire. Il faut remonter cette croupe jusqu’au sommet. Une sente peu marquée est présente, facilitant la progression. Passant à proximité d’un gros bloc isolé, la sente se fait mieux marquée, mais la pente s’accentue et rend la progression un peu pénible, le sol de terre minérale se dérobant un peu sous les pieds. Attention, neige ou pluie gelée peut rendre la progression délicate sur les parties les plus raides.
On aborde quelques petits ressauts rocheux que la sente franchit facilement par des faiblesses. La fatigue exacerbée par la haute altitude se fait sentir... Mais finalement, on atteint le haut de la croupe, et les glaciers se dévoilent de l’autre côté... Atteindre le sommet de ce promontoire rocheux bordant les glaciers, offrant déjà une superbe vue, qui pourra servir d’objectif à ceux qui ne souhaitent pas se confronter au glacier.
Traversée entre le Dôme des Nants et le Dôme de l’Arpont
La calotte glaciaire du Dôme des Nants est plate et débonnaire, mais des crevasses peuvent s’y trouver, principal risque lorsqu’on s’y engage, particulièrement dans la chaleur de l’après-midi... Cependant, le rebord ouest du glacier est moribond : L’épaisseur de glace n’y est plus suffisante pour que la glace puisse fluer sous son propre poids. La glace ne bouge plus, et les crevasses se comblent définitivement. Il est donc à priori possible de traverser en direction du Dôme de l’Arpont sans risque de rencontrer de crevasses, pour peu que l’on évite les zones où le glacier est encore actif. On sera particulièrement attentif en début de saison lorsque les crevasses sont dissimulées sous une couche de neige d’apparence immaculée, et on évitera soigneusement d’aller s’aventurer dans les zones potentiellement crevassées (dernière photo).
Prendre pied sur le glacier bordant le promontoire rocheux, et partir en traversée vers descendant le sud en restant sur le versant ouest du Dôme des Nants, sans trop s’éloigner des rochers formant la bordure, en direction du col de l’Arpont. Quelques grosses crevasses rayent encore le replat du col (photo 35), et il faudra donc contourner ce replat en restant à bonne distance en contrebas du col.
Ces crevasses se prolongent en une rimaye coupant l’arête de neige montant au Dôme de l’Arpont (photo 35). Il faudra donc faire l’ascension du Dôme par sa face ouest en restant à bonne distance de l’arête, ne rejoignant celle-ci que dans sa partie supérieure où la pente s’aplatit en direction du sommet. Cela implique de franchir une pente d’un peu moins de 30° sur quelques dizaines de mètres, et il faudra maîtriser le cramponnage si la pente est en glace.
On atteint le sommet, large bosse de caillasses offrant une magnifique vue sur le glacier de l’Arpont descendant vers le lac, sur fond de la multitude de sommets de la Haute-Maurienne. On poursuivra volontiers sur le promontoire un peu plus au sud pour une impressionnante vue sur le cirque de la Mahure entouré de ses glaciers.
Les plus aguerris pourront éventuellement pousser la balade jusqu’au Dôme du Génépy (3568m) par une arête rocheuse facile, mais étroite et aérienne sur un court passage.
Le retour vers le Dôme des Nants se fait par le même itinéraire, en évitant de trop s’approcher du versant sud-est du dôme glaciaire où se trouvent quelques grosses crevasses (photo 46). Le sommet du dôme glaciaire est accessible sans risque en l’abordant par l’ouest sans aller au delà, mais cela n’a pas grand intérêt car la vue est limitée du fait de sa platitude. Son altitude varie également à cause de la fonte, et l’altitude 3570m des anciennes cartes est maintenant très surévaluée. En fait, ces dernières années, le dôme glaciaire a cédé son statut de point culminant au profit d’un petit rebord neigeux au nord-ouest, offrant une vue beaucoup plus spectaculaire. Attention, son accès est barré par quelques crevasses, ne pas y aller si le glacier est enneigé.
Tout autre itinéraire sur les dômes glaciaires est à proscrire sans les précautions "glacier" d’alpiniste, en particulier la traversée en direction du Dôme de Chasseforêt, qui malgré sa platitude dissimule quelques crevasses souvent masquées par la neige persistante. Il est également hors de question de s’engager sur ces glaciers en cas de moindre risque de mauvaise visibilité, car on y perd très rapidement tout sens de l’orientation sur un terrain sans repères...
Descente
Le retour se fait par le même itinéraire jusqu’au col du Vallonnet. La nature terreuse de la trace rend la descente en fin de compte très agréable, et la croupe de caillasses peut être dévalée assez rapidement. Ne pas oublier de quitter la crête pour descendre à gauche dans le cirque de caillasses sitôt revenu aux gros blocs de roche claire.
Depuis le col du Vallonnet, le retour par le même itinéraire est parfaitement possible, mais il est plus esthétique de basculer au nord du col pour descendre vers le cirque des Nants et ses multiples torrents... Le sentier, discontinu, passe plus ou moins au fond de la combe, mais il est plus esthétique de suivre une autre trace sur le versant gauche, offrant une meilleure vue. On peut plus ou moins tracer à vue par les sentes à moutons, les éventuels ressauts de le combe se contournant en général assez facilement.
Une fois atteint les prairies du fond de la combe, on rattrape le sentier reliant le chalet des Nants à Montaimont, d’où un sentier permet de descendre directement vers les Prioux, et ensuite rejoindre le parking par la route.
Détail de la sortie du 29 août 2017
Pour cette dernière journée de grand beau temps très (trop ?) chaude de la fin de l’été, on va s’attaquer à un objectif que j’avais en vue depuis quelques années déjà : Le Dôme des Nants par le versant ouest, beau complément au Dôme de Chasseforêt par le versant est de l’année dernière...
Départ vers 9h30 du terminus de la route des Prioux. Montée à Montaimont, on poursuit sur les sentiers, en choisissant l’option "balcon" en direction du cirque du Génépy pour profiter de la vue. L’atmosphère est chaude et très brumeuse, ce n’est pas idéal pour le panorama, mais peut-être aussi la dernière journée estivale de la saison pour monter à ces hautes altitudes, il ne fallait pas rater l’occasion...
On quitte le sentier au fond du cirque du Génépy, entouré de ses grands dévers de caillasses et de dalles, en haut desquelles les reliques du glacier du Génépy font triste figure... Et les torrents coulent à flots, illustrant la fonte accélérée en cette fin d’été particulièrement chaude...
La suite, ce sera un peu au feeling, n’ayant pas la carte des lieux... Ne trouvant pas le début de la trace montant à la bergerie sous le col du Vallonnet, on entreprend l’ascension des pentes herbeuses à gauche du fond du cirque, sans difficultés, malgré quelques torrents à franchir. Revenant à gauche, on vise un collet en haut d’un cirque herbeux pour voir derrière... Effectivement, le calcul était bon, on débouche un peu en amont du col du Vallonnet où une tranquille traversée conduit à la bosse de caillasses où se situe la suite de l’itinéraire... Finalement, ce raccourci aura fait gagner un peu de temps.
Bon, la suite sera tout en caillasses... Remontée d’une petite croupe morainique en direction du cirque d’un cirque de caillasses... En ce lieu maintenant totalement minéral, la présence de quelques moutons est bien surprenante... Il faut maintenant traverser à gauche par quelques zones de blocs pénibles pour atteindre la croupe conduisant au sommet...
Heureuse surprise, il y a une trace pas trop mal marquée facilitant la progression. On monte... Mais la pente se redresse et la terre minérale de la trace commence à glisser sous les pieds. La progression devient plus pénible, d’autant plus que l’altitude commence à se faire sentir... En revanche, aucune difficulté pour franchir les petits ressauts rocheux raides sur le haut, la trace négociant toujours des passages faciles... D’ailleurs, voir la ligne de crêtes se rapprocher à droite motive à poursuivre...
Et voilà, 14h, on débouche au sommet du promontoire rocheux du Dôme des Nants, la vue est fantastique malgré la brume... Et les hautes montagnes voisines, tellement imposantes au départ, sont maintenant toutes dominées...
Mais sur l’autre versant, quelle tristesse... Des étendues de glace grise... Mais j’ai ce que je cherchais : Un glacier bien déneigé par un été particulièrement chaud, rendant les crevasses visibles, et qu’on va maintenant pouvoir explorer sans risques. On chausse les crampons, et c’est parti sur la glace...
Rapidement, voilà la confirmation visuelle de ce qu’on pouvait soupçonner depuis quelques années : A cause de la fonte, il n’y a plus de crevasses sur le versant ouest du glacier, et à moins d’une improbable inversion de la tendance climatique, le Dôme de l’Arpont, point culminant du lieu, est dorénavant accessible sans risques au randonneur tant qu’il chemine sur ce versant.
Ainsi donc, direction le Dôme de l’Arpont. Descente agréable sur la glace fondante, dure mais pas trop... En revanche, une multitude de petites bédières coulent, et sur certains replats, on marche sur plusieurs centimètres de sorbet gorgé d’eau, mettant à l’épreuve l’étanchéité des chaussures...
On contourne les quelques grosses crevasses barrant encore le col de l’Arpont, puis on aborde la dôme par sa face ouest pour éviter la rimaye coupant la crête neigeuse... 15h, sommet du Dôme de l’Arpont. La vue est magnifique, notamment sur le glacier de l’Arpont, bien tourmenté, descendant vers le lac et ses confettis multicolores. Seul regret, la vue sur les sommets de Haute-Maurienne est totalement délavée par la brume... Quelques hésitations à poursuivre la crête rocheuse, de visu facile, en direction du Dôme du Génépy. Bon, on est déjà au point culminant, et ne m’y étant pas préparé, on laissera cela pour une autre fois...
Retour vers le Dôme des Nants, exploration du dôme glaciaire... Quelques belles crevasses ornent le versant sud-est. De la vieille neige est encore présente sur l’immense replat conduisant au Dôme de Chasseforêt, il n’est pas raisonnable de poursuivre par là...
On terminera l’exploration par la petite crête neigeuse qui est le point culminant actuel du Dôme des Nants. Il faut franchir quelques crevasses, heureusement parfaitement visibles sur la glace déneigée. La vue y est également fantastique, notamment au nord vers les hauts sommets de la Vanoise et le Mont Blanc, ainsi que l’impressionnante vue plongeante du versant ouest sur le cirque des Nants.
Retour au promontoire rocheux. Casse-croûte, sieste... Un petit mal de tête, certainement lié à l’altitude...
17h, c’est l’heure de descendre... La terre minérale molle de la trace, si pénible à la montée, est finalement très agréable a descendre, les pieds glissent gentiment malgré la raideur du terrain... La descente de la croupe de caillasse est ainsi rapidement expédiée. Retour dans le cirque rocheux, les moutons amateurs de caillasses sont toujours là, ayant encore pris de l’altitude... Descente tranquille vers le col du Vallonnet, envahi par un énorme troupeau de moutons qu’un berger ramène vers la bergerie... Pause dans l’herbe d’une scène pastorale sur fond de glaciers, discussions de troupeau, de loup, de patous, de météo, de saisons, de glaciers qui foutent le camp, de moutons alpinistes qu’il faudra bien se décider d’aller chercher avant l’arrivée du mauvais temps... 19h, on quitte finalement le décor de cinéma pour plonger au nord du col du Vallonnet...
N’ayant pas suivi le sentier du fond de la combe, me voilà parti sur les belles pentes herbeuse du versant gauche, offrant une belle vue sur les montagnes éclairées par le soleil descendant... On est pas pressé, on profite du paysage... Une multitude de torrents ponctués des cascades dévalent les immenses abrupts, alimentés par la fonte des glaciers à peine visibles en haut...
Descente vers les prairies du cirque des Nants, traversée mouillante de quelques torrents biens gonflés par la fonte, petit détour par la chalet des Nants... Le soleil est parti derrière l’atmosphère embrumée, il n’y a plus qu’à descendre le bon sentier en direction des Prioux. Retour au fond de la profonde vallée avec la nuit qui tombe... Fin de la balade vers 21h.
Auteur : Pascal
Avis et commentaires
Oui même constat que sur les photos de la Dent Parrachée . J’avais fait la traversée des Glaciers en 1996 ! Félix Faure - Plan d’Amont. Une journée fantastique sur la glace. C’était juste grandiose.
Combien de temps met la végétation à s’installer sur les roches que le recul à mis à nu ?
Quelle tristesse en effet.
J’avais parcouru les Dômes de Chasseforêt et celui des Nants dans ma prime jeunesse, en juillet 1994.
A cette époque le glacier, d’un blanc étincelant, recouvrait toute la calotte et nul pic n’était atteignable sans crampons. J’ai eu du mal à croire que cet itinéraire puisse être coté « difficile » !
Je ne sais pas quel héritage notre civilisation va laisser aux prochaines générations... Aujourd’hui, je suis persuadé qu’on ne peut plus être qu’un simple grimpeur en quête de palmarès.
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