Sortie du 8 août 2023 par Pascal Dôme des Nants (3550m) et Dôme de l’Arpont (3600m), par le col du Vallonnet

Le plan initial était de partir des Fontanettes en direction du col de la Vanoise, puis remonter les débonnaires glaciers de la Vanoise aussi haut que le déneigement le permettrait, pourquoi pas vers la Pointe du Dard. Mais à l’arrivée à Pralognan vers 8h du matin, on constatera rapidement que les conditions ne s’y prêtent pas : La montagne est fraîchement reblanchie jusque vers 2000m environ, et les énormes piliers du Grand Marchet, qui donnent habituellement à la vallée de Pralognan un petit air de Yosemite, s’enfoncent dans d’épais cumulus poussés par le vent...

8h30 au départ des Prioux, on se choisit un plan B : la montée au Dôme des Nants, on verra ce qu’il en est plus haut. Cette montée est connue, hors-glacier jusqu’au sommet, et ne pose guère de difficultés d’itinéraire en cas de brouillard. C’est parti alors que les premiers rayons de soleil viennent enfin éclairer le vallon.

L’ambiance est fraîche, et on trouvera rapidement le petit saupoudrage neigeux dans les pentes herbeuses sur l’itinéraire qu’on s’improvise en direction du col du Vallonnet. Mais le soleil est fort et le sol encore chaud, celui-ci fond rapidement lorsque le soleil vient taper dessus.

Montée fraîche et mouillée, mais tout de même bien agréable vers les replats sous le col du Vallonnet, d’où la vue s’ouvre sur la suite : De la caillasse de plus en plus blanchie, puis le raide final sous le contrefort du Dôme des Nants totalement blanc, où un fort vent fait fumer les crêtes... N’était-il pas plus raisonnable d’aller plutôt randonner du côté du col de Chavière ou du col du Soufre ? Mais maintenant qu’on y est, il n’y a plus qu’à essayer....

On poursuit la montée dans le terrain de plus en plus minéral. La neige n’est pas trop présente, et les blocs rocheux qui dépassent sont bien secs. Du coup, pas trop de difficultés pour monter. C’est finalement vers 3200m d’altitude, alors que la roche est de plus en plus décorée de givre et le sol de plus en plus gelé et glissant, qu’on va finalement se résoudre à chausser les crampons. Heureusement, ces vieux crampons en acier bien solides n’ont pas trop peur de se frotter aux cailloux... Il faudra aussi sortir les gants, qu’on n’avait pas du tout prévu dans un contexte de randonnée estivale, mais qui heureusement faisaient partie du fond du sac, pour résister au vent glacial de plus en plus fort.

On cherche les passages les moins pires sur un terrain de plus en plus raide totalement blanchi par la neige et le givre... Le fort vent pousse les nuées qui vont et viennent sur les crêtes, renforçant l’ambiance hivernale vraiment particulière, à mille lieues de ce qu’on pourrait s’attendre pour un début août... Mais finalement, à patiemment déjouer les obstacles un par un, on finit par arriver sur le rebord glaciaire du Dôme des Nants...

13h, les immenses étendues glaciaires s’ouvrent, balayées par le vent glacial et les nuées. Malgré les conditions, le Dôme de l’Arpont, pas trop loin et au soleil, semble maintenant un objectif tout à fait raisonnable. On peut facilement descendre vers le col de l’Arpont par les bosses rocheuses le long du glacier. Puis, malgré la neige qui le recouvre, on remontera au Dôme de l’Arpont par la partie moribonde du glacier en versant ouest, qu’on sait dépourvue de crevasses.

L’ambiance au sommet est digne d’une expédition en Antarctique. On n’y reste pas, mais on poursuit la crête vers le sud jusqu’à atteindre le Dôme nord du Génépy, plus rocheux, pointu et panoramique, qui surtout offre une vue imprenable sur le glacier et la combe de la Mahure, face à l’imposante Dent Parrachée. Enfin un lieu où on peut un peu se mettre à l’abri du vent pour la pose sommitale...

Vers l’est et le sud, le ciel est totalement dégagé sur la Haute-Maurienne et les massifs frontaliers, qui semblent avoir totalement échappé au coup de froid, et se prêtent très bien au classique exercice de l’énumération des sommets. Petite tristesse quand même à voir les glaciers maintenant confinés aux pentes sommitales des plus hauts sommets, ces massifs se transformant maintenant, malgré leur latitude, en de simples bosses de rocher sombre, Dans les autres directions, la vue est beaucoup plus bouchée par les cumulus, la palme revenant à la Grande Casse que sera presque totalement accrochée.

On abandonne l’idée de poursuivre vers le Dôme sud du Génépy, la petite crête aérienne qui y mène étant certainement rendue délicate par la neige. On retournera donc tranquillement vers le Dôme de l’Arpont, puis la traversée vers le rebord glaciaire du Dôme des Nants, avec toujours la même ambiance hivernale balayée de nuées passagères. On y profitera encore un petit moment de l’ambiance alors que les nuées se densifient de plus en plus, signalant qu’il est l’heure de descendre.

16h, on plonge dans la raide pente givrée. Les conditions sont moins pénibles qu’à la montée, et on se faufile en essayant de deviner le cheminement de la petite sente en zigzag qui facilite habituellement le parcours. Seul petit problème, le redoux fait que la neige fraîche botte maintenant sous les crampons...

Plus bas, le terrain a maintenant dégelé, et on enlève les crampons, le mou mélange de terre caillasseuse mouillée étant presque agréable à dévaler... On peut finalement se remettre en mode "été" alors qu’on descend à travers la caillasse maintenant sèche. Puis on retrouve la verdure, presque surprenante après avoir passé tout ce temps dans la minéralité glacée...

Retour au col du Vallonnet pour une dernière pause sieste, puis on plonge derrière pour descendre par le cirque des Nants et rejoindre le sentier descendant du refuge de la Valette. Le lieu est peu parcouru, et quelques sentes à vache trompeuses vaudront des détours erratiques.

Le montagne plonge dans l’ombre alors qu’on descend tranquillement à travers la verdure retrouver le sentier ramenant au fond de la vallée... Fin de la balade vers 21h.