Crête ouest du Coulet de Calasse (1581m)
- Randonnée
- Préalpes de Digne / Alpes de Haute-Provence / Majastres
- Difficulté :
- Facile
- Dénivelé :
- 600m
- Durée :
- 4h30
Découverte d’une partie du Parc du Verdon dans les Alpes de Haute-Provence, empruntée d’histoire. – Auteur : ThF
Accès
De Digne les Bains, prendre la N 85 (route de Nice), puis prendre la direction de Mézel (D907), puis celle de Majastres (D17).
Si l’on vient plus du Sud, de Manosque, aller à Oraison puis par la D907 traverser Estoulon et prendre la D17 en direction de Majastres
Se garer au parking de Chabrejas (1017m)
Photos
Les infos essentielles
- Altitude départ : 1017m
- Altitude arrivée : 1581m
- Difficulté technique : pas de difficulté technique, hors sentier sur le final
- Période : toute l’année
- Fréquentation : peu fréquenté
- Distance : environ 18 km
- Durée : environ 4h30
- Balisage : (sauf pour l’ascension finale et la descente) le balisage est présent sans aucune difficulté de repérage
- Carte : IGN 3441 OT Barrême Vallée de l’Asse
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
Du parking de Chabrejas, prendre la direction carrefour des Blaches, et prendre à droite en laissant la direction de la cabane forestière des Blaches à gauche.
On traverse ensuite la D17, puis le torrent du Clovion en poursuivant la piste.
Au niveau de l’étang aux Serpents on bifurque à droite en prenant le sentier se dirigeant vers le village du Poil (1210m).
Du village prendre la direction La Melle.
À la bifurcation avec la piste prendre à droite, direction Blieux /Senez par la Melle.
À environ 1404m, ne pas poursuivre la piste qui vire à droite, mais prendre à gauche en poursuivant le balisage jaune.
On arrive à la Croix de la Melle.
De la croix, monter plein sud hors sentier pour rejoindre la crête et la poursuivre jusqu’au point 1581.
Vue sur la crête du Chiran et le vallon de l’ Estoublaisse.
Le retour se fait par le même itinéraire jusqu’à la Croix de la Melle.
Prendre alors à gauche le sentier en direction de Majastres, en traversant le ravin de la Font des Prés.
À la cote 1235 m on rejoint la piste prendre à droite directement (ne pas prendre la piste principale qui rejoint la D 17).
On prend alors la direction du Gué, puis on continue vers le Saule Mort, qui nous fait rejoindre la D17 que l’on va poursuivre jusqu’au parking.
Remarques
De la Croix de la Melle on peut rejoindre Les Clues de la Melle en passant par une chapelle ancien Maquis de la Résistance.
Le village du Poil est un village abandonné depuis le début du XXe siècle en cours de réhabilitation, avec une « légende » sur l’ « homme semence » issue d’un histoire écrite par une ancienne habitante du village.
En fait l’histoire apparaît très romancée, le village ayant été peu affecté des déportations suite à l’insurrection après le coup d’état du 2 décembre 1851, et André Ailhaud était originaire de Volx.
Auteur : ThF
Avis et commentaires
L’homme semence : pour amorcer la curiosité.
" Ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, bien avant que l’ombre tranche comme un lent clin d’œil le brillant de l’eau entre les iscles, nous savons que c’est un homme. Nos corps vides de femmes sans mari se sont mis à résonner d’une façon qui ne trompe pas. Nos bras fatigués s’arrêtent tous ensemble d’amonteiller le foin. Nous nous regardons et chacune se souvient du serment. Nos mains s’empoignent et nos doigts se serrent à en craquer les jointures : notre rêve est en marche, glaçant d’effroi et brûlant de désir.
L’homme monte. Il marche d’un bon pas. Pourtant sa marche paraît lente, douloureusement lente pour nos nerfs à vif. Pour tuer ce temps qui nous torture, nous redoublons d’élan dans le travail. Fourches et râteaux dansent une gigue qui grossit rapidement les tas de foin. Nos bras s’agitent sans que nous soyons en eux. Tous nos sens sont ailleurs, tendus vers lui. A chaque fois que l’homme trécoule derrière un repli du terrain, je me demande si je n’ai pas rêvé ou s’il n’a pas simplement décidé de rebrousser chemin. A chaque fois, je me tourne vers mes compagnes et je lis sur leurs visages la même angoisse que la mienne.
Le temps nous presse, nous oppresse. Bientôt nous avons l’impression que ce temps nous crie après. Nous étions installées calmement dans l’attente, bercées dans la certitude qu’un homme viendrait. Et voici que la proximité de cet homme bouscule notre patience et transforme la bonne chienne qu’elle était, couchée à nos pieds, en une louve affamée.
Depuis plus de deux ans nous n’avons plus vu d’homme. Les derniers, les nôtres sont partis en février 1852 raflés par les gendarmes qui les poussaient de leurs fusils. Ces gendarmes étaient ceux du tout nouvel empire de Louis Napoléon Bonaparte, parricide de la deuxième république dont il avait été le président.
Ils étaient à peine partis que, dans le vallon sous le bois du Défend, les fusils ont claqué. Martin et son ami Antoine- Jean ont été tués. Ils avaient tenté de s’enfuir. Mon père aussi est mort, aux îles du Salut, condamné à la transportation à perpétuité au bagne de Cayenne, parce qu’il était un chef, parce qu’il était dangereux, parce que les assassins de la République avaient décidé de réprimer sauvagement ceux qui la défendaient. Les autres ont été transportés en Algérie. Mais tout cela, la mort du père, les déportations, nous ne le saurons que bien plus tard, lorsque les premiers transportés du village reviendront d’Algérie.
Martin était mon amoureux, mon promis. J’avais seize ans et demi lorsque le malheur est arrivé. Lui en avait dix -huit. Combien de fois l’avais- je boustigué depuis des années pour lui montrer mon attirance ? Une fois, une seule fois, je l’ai laissé caresser, à travers le tissu de ma blouse, mes seins de femme déjà prête à l’amour, déjà prête à se gonfler d’enfants.
C’était le 20 décembre 1851, pour la fête du solstice d’hiver qui salue la fin des jours qui raccourcissent.
Le soir, nous avions dansé autour du feu malgré la tristesse de l’échec du soulèvement républicain. Ce même jour, mon père, notre maire, n’a pas voulu organiser le vote demandé par le nouvel empereur pour nous faire plébisciter son coup d’état. Le village était en colère : seuls des bulletins « OUI » avaient été imprimés par l’administration de l’illustre prince.
Comme tous les hommes qui étaient revenus moins de dix jours avant, de la bataille victorieuse des républicains du département aux Mées, contre le bataillon du 14e léger, Martin avait bu, beaucoup, pour oublier l’humiliation de la République renversée, la peur, la répression qu’on imaginait sans en connaître le visage.
Moi, je pressentais des temps mauvais et j’avais décidé d’avouer vite mon amour et mon désir.
Dans la grange de son père où je l’avais entraîné, j’ai appuyé ma bouche sur la sienne. Il sentait le vin mais j’ai aimé le goût de cet homme que j’étais décidée à prendre.
Martin et Antoine- Jean sont les deux seuls hommes que nous ayons gardés. Deux hommes morts, deux corps jeunes que nous avons enterrés dans la mer de galets ..."
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