Aiguille du Franchet (2809m), Arête Ouest

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
600m
Durée :
1 jour

S'il est bien une montagne qui ne se reconnaît que suivant l'angle d'observation, c'est bien l'Aiguille du Franchet. Ce sommet montre son plus beau profil depuis la vallée de l’Isère, quand on sort des tunnels qui surplombent le barrage du Chevril. Au sortir des tunnels, donc, une grande aiguille pointue, toute grise se dresse, énorme, isolée, au dessus des alpages. Elle a fière allure et réserve sur l'arête ouest, que l'on voit de face, une escalade facile, très aérienne, ouverte, sur un beau calcaire adhérent. Amateurs d'abîmes et de "gaz", à vos chaussons d'escalade ! C'est un superbe et ludique voyage aérien au milieu des chamois et des edelweiss dans la sauvage Combe du Mont. – Auteur :

Accès

Depuis la Tarentaise, rejoindre Bourg-Saint-Maurice et Séez par la N90.
A Séez, prendre la D 902, route du col de l’Iseran, passer Sainte-Foy-Tarentaise, le barrage du Chevril et les tunnels.
Au sortir des Tunnels, quand l’Aiguille du Franchet apparaît dans son immensité, au Villaret du Nial, prendre à gauche la route EDF qui monte aux barrages du Saut (terminus de la route) et de la Sassière.
Parking à 2280m, départ de la course.

Les infos essentielles

Carte : IGN TOP25 3532 ET

Difficulté : AD inf, escalade en 3b/3c, un beau passage aérien en 4b, un superbe passage sur le fil de l’arête en 3c. Equipement discret, relais équipés.

Dénivelée : 600m

Horaire :
du barrage du Saut à l’attaque de la voie (en passant par le "plan du Cheval") 1h30,
escalade de l’arête ouest (cote 2809m) 2h à 2h30,
traversée de l’arête intégrale (cote 2837m) 1h,
descente au barrage du Saut 1h.
Total : 6h environ.

Matériel : corde pour des longueurs de 45m (la première), 6 dégaines, 4 sangles, jeu de petits coinceurs, chaussons d’escalades facultatives.

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Itinéraire

Escalade dans un cadre sauvage et aérien. L’approche écourtée par la route EDF qui amène au barrage du Saut, permet un départ type "grasse matinée" ! Nul besoin de partir aux aurores.
Gare à l’orage quand ça "claque", le Franchet est un beau paratonnerre.

  • Carte : IGN TOP25 3532 ET
  • Difficulté : AD inf, escalade en 3b/3c, un beau passage aérien en 4b, un superbe passage sur le fil de l’arête en 3c. Equipement discret, relais équipés.
  • Dénivelée : 600m
  • Horaire :
  • du barrage du Saut à l’attaque de la voie (en passant par le "plan du Cheval") 1h30,
  • escalade de l’arête ouest (cote 2809m) 2h à 2h30,
  • traversée de l’arête intégrale (cote 2837m) 1h,
  • descente au barrage du Saut 1h.
  • Total : 6h environ.
  • Matériel : corde pour des longueurs de 45m (la première), 6 dégaines, 4 sangles, jeu de petits coinceurs, chaussons d’escalades facultatives.

DESCRIPTIF

Approche

Depuis le barrage du Saut (parking 2280m), traverser sous le barrage par de petites barres rocheuses pour suivre le lac en rive droite.

Au niveau du chalet de la Sassière, remonter les alpages raides (sente) à vue, et traverser le ruisseau du Plan du Cheval vers 2400m.

Aller au Plan du Cheval (viser la croix).

Du Plan du Cheval, contourner par l’ouest le "dôme" 2660m, pour venir dans la combe du Mont.

Traverser le ruisseau du Mont et remonter dans le pierrier (sente bien marquée et cairns) sous l’arête ouest du Franchet pour la contourner et venir en ascendance versant ouest (pile au dessus de la Daille).

Remonter dans de petites dalles et venir buter contre une dalle compacte inclinée de 45m, départ de la voie, ou l’on s’équipe.

Escalade de l’arête ouest du Franchet

L1 : 45m, dalle inclinée 3c/4b, deux points, relais équipé, 3m sous le petit éperon à droite.

L2 : 30m, 3a vire ascendante face est, relais équipé sous un pas surplombant.

L3 : 25m, 4b, passage ascendant droite, franchissement d’un pas surplombant (4b 2 points), puis sur l’arête jusqu’au pied d’un ressaut, relais sur deux points.

L4 : 35m, 4b, 3 points, remonter d’un ressaut vertical suivi d’une cheminée, poursuivre sur l’arête effilée par le passage aérien du rasoir, relais au niveau d’un superbe et caractéristique trou "rond " dans l’arête.

L5 : 35m, 3c, deux points, remonter le ressaut, finir l’arête pour venir sous le bastion terminal (couloir pierreux et dalles), relais à poser.

L6 : 40m, 3c, remonter au mieux le ressaut, dalles compactes coupées de petits couloirs, jusqu’au sommet arrondi du Franchet.

Traversée de l’arête

Du sommet du Franchet, on voit l’intégralité de l’arête que l’on traverse, d’abord rocheuse descendante sur de petits clochetons (quelques pas de désescalade 3c), puis descente dans une brèche, 10m-3c (point 2794m).

Poursuivre par une sente marquée, très aérienne, dominant Val d’Isère par un à-pic de 1000m, juste sous l’arête, passer la pointe 2860m, redescendre légèrement et viser un gros cairn au point 2837m.

Au niveau de ce gros cairn, basculer sur l’autre versant et traverser horizontalement une dalle inclinée compacte, 20m-3c, pour venir dans le pierrier, fin des difficultés.

On rejoint en quelques minutes le col coté 2836m, au sommet de la combe du Mont.

Descente

Descendre le pierrier raide de la combe du Mont, et viser le petit lac du Plan du Cheval.

Aller au lac du Plan du Cheval, et retrouver l’itinéraire de montée qui ramène au parking du Saut.

RECIT DE L’ASCENSION

Enfin il fait grand beau temps ce matin. C’est heureux, à la perspective d’une belle, longue et facile escalade au doux Soleil d’altitude, que nous rêvons en nous rendant dans le vallon de la Sassière. Fred, Jérôme et Rémi seront de la partie. Maman montera au col de la Bailletta. Voila donc un plan de bataille en bonne et due forme.

Il est 8h lorsque nous quittons le parking. Il fait doux, la lumière pastel de cette matinée adoucit la sévère ambiance de la fantastique face sud, en schistes noirs, haute de 1500m, de la Grande Sassière.

Plutôt que de monter en franchissant des barres rocheuses, nous préférons longer la rive droite du petit barrage du Saut et nous élever par une sente raide dans les alpages au-dessus de la vacherie.

C’est en longeant le lac, que sur le sentier, nous tombons nez à nez avec un jeune chamois de l’année, tout recroquevillé sur lui-même, apeuré par notre petit groupe. Nous ne le touchons pas, Fred le photographie rapidement, histoire de ne pas trop l’effrayer.

Que s’est-il passé ? Est-il blessé ? A priori non, nous pensons qu’il s’est perdu et qu’il attend sa mère. Nous avons bien fait de ne pas le toucher car sa mère ne l’aurait pas repris. Il n’y a plus qu’a espérer qu’il soit retrouvé rapidement, avant qu’un chien de la ferme ne vienne à passer, car là …

C’est tout à la pensée de ce petit chamois que nous nous élevons dans les alpages. Il fait vite chaud, l’humidité s’évapore en brumes bleutées et légères. Leurs farandoles commencent à créer des nuées de plus en plus épaisses qui rapidement donnent les premiers cumulus. Déjà le sommet de la Grande Sassière est pris lorsque nous arrivons sur le plateau vers 2450m.

Fred n’avance pas, il est encore fatigué de sa traversée dans le Grand Paradis deux jours plus tôt.

Au contournement de la pointe herbeuse 2660m, lorsque nous débouchons au-dessus de la combe du Mont, dans les rochers, Fred décide de ne pas continuer.

Malgré le superbe profil de l’aiguille que nous avons maintenant sous les yeux, et le remue-ménage des chamois dans la combe, rien n’y fait, il n’ira pas plus loin.

Par contre le remue-ménage des chamois est inhabituel, peut-être cherchent-ils le petit rencontré ce matin ?

Fred nous confirmera à notre retour qu’effectivement ils étaient bien à sa recherche et qu’après l’avoir trouvé, ils sont partis à vive allure vers les hauts cols alentours.

C’est donc à trois que nous poursuivons.

Nous contournons rapidement la base et retrouvons les gradins sud au pied de l’attaque.

Nous sommes à l’ombre et le vent souffle fort de la vallée. Tous les hauts sommets sont maintenant bouchés par les brumes qui remontent à vive allure. Nous aussi nous sommes tour à tour engloutis dans ces masses grises et humides.

Rapidement équipé, j’attaque la première longueur. Ce n’est pas la première fois que je fais cette escalade, et chaque fois j’attaque la dalle de départ à un endroit différent. Il faut dire que cela passe à peu près partout. Mais cette longueur de 50m même facile, sans un point d’assurance… paraît bien longue !

Comme d’habitude je loupe le premier relais juste avant l’arête dans un grand dièdre.

Bref je le vois quand même un peu en contrebas et redescends quelques mètres pour me vacher et faire monter Rémi et Jérôme.

Il fait froid, le vent souffle fort.

L’escalade à trois en V n’est pas de tout repos et l’assurance des deux seconds demande vraiment de l’attention.
Enfin réunis sur l’arête, nous continuons aisément notre escalade, le passage le plus difficile étant gravi.

Nous cheminons maintenant plutôt sur le versant est de l’arête, donc sur le flanc gauche en montant. Nous butons contre des petits ressauts verticaux, parfois aériens, de relais en relais.

L’équipement de la voie est minimum mais finalement, il n’y a pas besoin de grand-chose ! L’équipement des relais est un luxe que nous apprécions.

L’escalade est sympathique, agréable, mais le vent froid gâche un peu le plaisir.

Le brouillard se fait de plus en plus épais et à un moment j’hésite franchement à continuer. Je crains la pluie, plus d’ailleurs pour la longue traversée à flanc d’arête à venir, dans un terrain mi-rocheux, mi-herbeux (terrain à chamois) que pour l’escalade proprement dite qui reste facile.

Nous discutons avec Jérôme qui est fermement partisan de continuer. Finalement je me range à son avis et ce fut la bonne décision. En effet les brumes à force de s’élever ont constitué ces superbes ciels chargés de gros nuages noirs qui accrochent les hauts sommets mais laisse filtrer le Soleil.

Le passage du petit surplomb est passé, mais je ne me souvenais plus comment le prendre, puis le fil de l’arête, le passage en face ouest, le passage à cheval… que du bonheur. Les gestes s’enchaînent facilement, avec plaisir, dans un cadre enchanteur.

Mes deux copains suivent, Rémi peut être un peu impressionné par l’ambiance très aérienne de cette escalade.

Comme le temps se stabilise et que nous avons toute la journée devant nous, j’assure les deux seconds l’un après l’autre, ce qui me laisse le loisir de faire pas mal de photos. Par contre nous devenons lents, mais peu importe.

Enfin le sommet, le vent est franchement violent. La pause est courte, juste le temps de se restaurer un peu et de faire quelques photos. Le paysage et surtout la luminosité sont superbes.

Je réduis l’encordement, 25 mètres pour nous trois et sur un seul brin de corde.

Dorénavant nous marcherons ensemble, les anneaux à la main, ajustant la longueur de corde en fonction des passages de l’arête.

Nous entamons la longue traversée "horizontale" qui va nous conduire au sommet principal de l’arête du Franchet et au sommet du vallon du Mont.

D’abord rocheuse et légèrement descendante, nous franchissons de multiples petits hérissements, clochetons, brèches, par de faciles pas d’escalade. Cela ne dépasse pas le 3c.

J’adore ce passage, il est aérien, facile, l’ambiance est haute montagne. Jérôme est devant, Rémi suit de près, et moi en assurance derrière.

Malgré un soleil plus généreux, il fait froid. Rémi et moi avons remis les "grosses" pour cette partie afin d’être plus confortables, Jérôme quant à lui a préféré garder ces chaussons.

L’arête rocheuse se termine, maintenant ce n’est qu’un long et beau cheminement sur une sente bien marquée dans le versant ouest de la montagne, juste sous le fil de l’arête proprement dite. Le terrain est raide et domine Val d’Isère d’un seul jet de plus de 1000m. Pas question de se prendre les pieds dans la corde ou autre chose !

Nous voyons en bas, très loin, des petits points fauves courir très vite, des chamois ! Il y en a de partout. Cette dernière partie, facile mais où il faut être vigilant est longue, même si elle se parcourt assez vite. Au gré de notre progression, nous rencontrons de jolis massifs d’edelweiss. L’envie d’en prendre une ou deux est grande, mais une photo immortalisera mieux ces superbes fleurs ! Nous passons une élévation intermédiaire, avec une vue fantastique sur la Tsanteleina et les glaciers de Rhême-Golette, la contournons et enfin nous arrivons à une brèche où deux cairns indiquent le passage pour retrouver le haut du vallon du Mont.

Nous basculons sur l’autre versant, une courte dalle facile à traverser, et nous voilà sur une sorte de collu où nous pouvons enlever et ranger l’équipement d’escalade.

Finalement, à force de prendre notre temps, nous avons battu un horaire de lenteur !

Peu importe, il ne reste qu’une petite heure de descente facile. Mais le temps se charge vraiment maintenant.

Ce n’est que vers 17h que nous retrouvons Maman et Fred à la voiture. Le petit chamois n’était plus sur le chemin, tout le monde a apprécié cette escalade, tout est bien qui finit bien.

Avertissements et Droits d'auteur

Dernière modification : 16 février 2024

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Auteur :

Avis et commentaires

fanoitbeny

superbe photo de cabri (idem pour le bouquetin sur l’autre topo) !
Quelle chance !

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