Sortie du 18 août 2014 par Julien L’Albaron (3637m) par l’arête du Colerin ou arête sud-est
Des années à t'observer sans jamais avoir osé t'aborder... Et puis aujourd'hui...
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Grand beau temps (enfin !), températures fraîches, beaucoup de vent en face ouest à partir du passage du Colerin.
Récit de la sortie
- Montée depuis le refuge d’Avérole au sommet : 5h45
- Descente jusqu’au refuge : 3h30
Contexte
Une fenêtre de beau temps de 2 jours en cet été un peu mouvementé dans les Alpes.
Après avoir poussé une reconnaissance jusqu’au lac des Pareis, 10 jours plus tôt, je décide de m’attaquer au Seigneur des lieux, sa Majesté l’Albaron.
Ce sommet me faisait rêvasser la bouche grande ouverte depuis plusieurs étés et jamais je n’aurais pensé pouvoir y accéder en évitant les glaciers et en solitaire. Mais voilà, je suis tombé sur le topo d’Alain et je me suis lancé dans l’aventure !
Dimanche 17 août
Je choisis l’option confort et plutôt que de partir du parking des Vincendières très tôt le matin, je monte directement passer la nuit au refuge d’Avérole.
Après un bon repas dans un refuge où règne la bonne humeur, je fais le point avec le Gardien. A l’écoute de mon projet il me conseille de faire le sommet en passant directement par le glacier qui n’est pas crevassé. Cependant ayant déjà potassé mon topo et pris mes repères je préfère rester sur mon projet de départ, à savoir passer par la dent du Colerin puis par l’arête jusqu’au sommet de l’Albaron.
Lundi 18 août
Réveil à 4 heures du matin, nous sommes 2 au petit-déjeuner, l’autre personne ayant pour sa part prévu l’ascension de la Pointe Marie.
Départ à 5 heures dans un ciel clair et étoilé ; seuls quelques nuages restent accrochés sur la Bessanèse et disparaîtront assez rapidement.
Du refuge au passage du Colerin :
Me revoici donc sur le sentier balisé parcouru 10 jours plus tôt et qui rejoint la raide moraine avant le lac des Pareis ; les ruisseaux ne sont pas gelés, la montée se fait à un rythme régulier, le cerveau encore pas complètement irrigué.
Ma préalable reconnaissance des lieux m’est utile et m’évite de prendre de mauvaises sentes (en particulier une après le replat herbeux aux alentours de 2400 mètres qui fait traverser le ruisseau le plus à droite, trop bas (photo)).
Au bout de 2 heures de marche régulière, j’atteins le dessus de la moraine et je surplombe le lac des Pareis. L’horizon s’est éclairci derrière moi au fur et à mesure de la marche et désormais la Pointe de Charbonnel s’illumine de soleil. Au Nord-Ouest, la dent Parrachée et le dôme de Chasseforêt se parent de lueurs rosées, c’est magnifique.
Je poursuis sur la sente toujours balisée en direction du col des Audras pendant environ 15 minutes et j’arrive sur le premier névé. La neige est dure, les crampons sont indispensables. Je m’engage donc sur les névés, le balisage apparaît toujours par endroit.
Une vingtaine de minutes plus tard, je rejoins ainsi le col des Audras où j’ôte les crampons (qui ne me seront plus utiles), puis le passage du Colerin où je me fais cueillir par le soleil (quelle délicate sensation) mais surtout par un vent survitaminé ! J’ai les lanières du sac qui viennent me fouetter la tête et je suis obligé de m’emmitoufler totalement le visage.
Je descends de quelques mètres côté Italien pour m’abriter et profiter d’une splendide mer de nuages qui s’étalent à perte de vue.
Jusqu’ici l’itinéraire était assez évident.
Du passage du Colerin au sommet de l’Albaron :
J’attaque ensuite l’ascension de l’antécime de la pointe du Colerin ; il n’y a plus de balisage mais on trouve des sentes facilement et le chemin est assez évident à deviner entre une grosse barre rocheuse d’un côté, le vide de l’autre et quelques névés raides qui se contournent sans problème.
Me voici donc sous l’arête après l’antécime. Après une courte escalade, je parviens devant la fameuse et redoutée DALLE. Elle est effectivement impressionnante car elle est exposée et en plus
le vent souffle toujours assez fort. Cependant elle est sèche et je m’y engage sans prendre le temps d’hésiter.
La traversée de la dalle se fait donc dans un style pas forcément très alpin ni esthétique, tantôt en adhérence sur la dalle inclinée, tantôt debout sur la fine arête quand cela est possible.
Une courte montée me mène ensuite à la Pointe du Colerin, facilement identifiable par la statue de la Vierge qui y trône. Le spectacle est de toute beauté, la mer de nuages n’a pas bougé, le ciel est totalement bleu et la vue porte loin, le Viso étant par exemple visible.
La route est ensuite tout tracée jusqu’au sommet de l’Albaron, on suit l’arête tantôt sur le fil, tantôt en contrebas, la plupart du temps sur la droite, tantôt dans des névés, tantôt sur du rocher.
Seul dernier passage délicat, le gendarme surmonté d’une croix peu après la selle des Evettes. Je commence à le contourner par la gauche mais c’est raide, gelé et le terrain est émietté. Je décide donc de le contourner par la droite dans un système de vires assez exposées où il faut rester vigilant.
Enfin au bout de 5h30 d’ascension, le plateau sommital apparaît soudain et la fatigue accumulée durant la montée disparaît d’un seul coup !
Sommet :
La vue est complètement dégagée et permet d’avoir un panorama superbe : Bessanèse, Viso, Charbonnel, Pointe de Ronce, massif des Ecrins, Dent Parrachée, Grande Casse, Mont Pourri, Grande Sassière, Aiguille des Glaciers, Mont Blanc, Dent Blanche, Grand Paradis, Mont Rose... Tout y est !
J’en profite également pour retrouver tous les sommets alentours déjà gravis, tous ces sommets où je me disais en rêvassant « Aaaah on voit bien l’Albaron, un jour il faudra que je le fasse ».
Malgré ce panorama, le vent est toujours présent et il ne fait pas bien chaud !
Retour au refuge :
La redescente se fait ensuite par le même chemin avec à mon sens 2 passages délicats : le gendarme surmonté d’une croix avant la Selle des Evettes et la Dalle (même si je l’ai trouvée plus facile au retour).
Au col des Audras, j’ai coupé à travers les différents névés (avec un peu de ramasse en bonus) pour rejoindre directement la moraine sous le lac des Pareis.
Enfin la redescente au refuge se fait sur un sentier classique, mais qui paraît bien long avec un genou qui siffle et un gosier qui sèche en pensant au proche réapprovisionnement en minéraux...
Photos
Auteur : Julien
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