Sortie du 7 septembre 2024 par jean331 De la Pinéa au Charmant Som (1867m)

Depuis notre installation à Lyon cet été, je goûte le plaisir simple de la balade à la journée. Partir de chez soi le matin, faire une rando et rentrer en fin de soirée, rien de bien farfelu ou d’extraordinaire dans l’absolu, mais un luxe que je ne pouvais plus m’offrir lors de mes années parisiennes.

Alors j’en profite. Une escapade à la montagne ne rime plus désormais avec la nécessité de repérer les créneaux de beau temps qui se calent plus ou moins bien avec l’agenda professionnel, organiser les congés en conséquence, poser des options pour un tgv hors de prix au cas où, et toutes les autres contingences que suppose une virée à l’autre bout de la France. Bref, ça faisait beaucoup de choses à prévoir pour simplement aller humer l’air des alpages quelques jours.

Du coup, depuis que je suis débarrassé de toute cette logistique, j’ai un peu tendance à me laisser vivre côté organisation de mes sorties en montagne. Ce jour-là par exemple, c’est dans le TER de 6h16 entre Lyon et Grenoble que j’ai commencé à me préoccuper du secteur auquel je pourrais rendre visite. J’ai hésité un moment entre le Vercors que je connaissais déjà et la Chartreuse que je n’avais jamais arpentée et finalement, l’attrait de la nouveauté m’a fait pencher vers la seconde option.

Une fois à Grenoble, un petit coup de bus et je me retrouvais au Col de Porte.
Là aussi, deux choix s’offraient à moi : Chamechaude ou le Charmant Som. Comme la majorité des gens en sortant du bus, se dirigeait vers le départ de l’itinéraire menant au point culminant du massif, j’optais pour le Charmant Som, pensant naïvement que j’y trouverais un terrain de jeu moins fréquenté.

Ce que je ne savais pas - erreur de débutant (et ça m’apprendra à ne pas consulter la carte) - c’est qu’il y a une route qui monte jusqu’aux chalets juste sous le sommet. Et que le week-end, cette route est très empruntée par les familles attirées par la possibilité (notamment avec de jeunes enfants) d’atteindre le beau point de vue du sommet en un gros quart d’heure de marche à peine.

La première partie de la balade s’effectuait dans une belle forêt puis, après être passé au pied de l’élégante pointe de la Pinéa, se poursuivait sur une large crête panoramique. C’est peu après que je tombais sur la route en question qui venait subitement barrer l’alpage de son serpentin de goudron. Je continuais jusqu’aux chalets où je découvrais que la montée finale vers le sommet était littéralement envahie. Un monde fou arrivé jusqu’ici en voiture, se dirigeait vers le sommet que j’avais, avec une intuition rare, choisi pour ma première dans le massif. Petite déception. Non pas que tous ces gens aient moins le droit que moi d’être ici mais pour le calme des cimes, c’était fichu.

Une fois au sommet qui offre une bien jolie vue, c’est en descendant en contrebas côté nord, histoire de trouver un peu de tranquillité, que je repérais le sentier de la Combe Ouest qui avait l’air bien moins fréquenté. Forcément, je m’empressais de m’y engager. Quelques pas plus loin, l’affluence tapageuse du sommet n’était déjà plus qu’un vieux souvenir. Pas un chat (mais quelques vaches) à l’horizon, quel contraste.

Le passage dans la combe puis la montée de la petite rampe qui ramène aux chalets n’est pas très long. Mais il est un condensé de l’image que je me faisais de la Chartreuse : l’éclat presque aveuglant des falaises calcaires sous le soleil, les différentes tonalités de vert, du lumineux des alpages aux sombres forêts de conifères, et un sentier audacieux qui se faufile entre les rochers... J’ai fait une longue pause et savouré le charme des lieux le plus longtemps possible, avant de regagner les chalets, la foule et les bagnoles.

Et je me suis promis de revenir dans le coin mais avec la carte cette fois.