Sortie du 13 août 2024 par Agarock et ninigazelle Dent sud de Maniglia (3177m)
Voici le récit de l'ascension de la "dent" qui manquait à ma collection, et comme pour ses consœurs, ce fût une réelle "bavante" qui requit abnégation, patience, volonté et courage.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
Pour découvrir la carte, l'itinéraire et les infos détaillées, veuillez consulter le topo de référence
Conditions météo
Beau, sec et chaud.
C’est l’été quoi !
Récit de la sortie
Voici le récit de l’ascension de la "dent" qui manquait à ma collection, et comme pour ses consœurs, ce fût une réelle "bavante" qui requit abnégation, patience, volonté et courage.
Après le Mont Maniglia (3180m), après la Dent Nord-ouest (3197m), après la Dent centrale (3166m), voici la Dent Sud (3177m).
Cette dernière s’atteint par un immense et effrayant couloir d’éboulis de presque 400 mètres de dénivelé, mais la présence de Ninigazelle pourrait bien adoucir mes impressions personnelles rendues quelque-peu négatives par l’austérité d’une telle entreprise.
Après avoir remonté le beau et doux vallon de Mary, le long de ses superbes lacs du Roure, correctement remplis cette année, nous atteignons la base de l’effrayant bastion de cette Dent Sud.
Nous n’avons pas vraiment suivi la trace du topo, qui semble emprunter le centre du couloir, voire sa rive droite.
Au départ, nous avons visé la grande paroi de la rive gauche de ce couloir, mais arrivés au niveau du pied de la dalle centrale, nous scrutons l’endroit, et finalement, décidons de traverser le petit couloir qui nous sépare d’elle, puis de la contourner par la gauche, ceci finalement, en ignorant la grande et austère paroi qui nous surplombe.
Nous traversons le bas de la dalle par une petite vire où l’herbe arrive encore à pousser, puis passons de l’autre côté de celle-ci afin d’entamer la pénible remontée de son bord gauche (ouest).
Nous devons mettre les mains pour escalader des portions rocheuses assez exposées, afin d’éviter la pente terreuse et glissante des abords gauche de cette dalle.
L’endroit est quelque-peu critique, et quelques sueurs froides essaient de nous assaillir...
Avec beaucoup d’efforts et d’abnégation, nous finissons, plus haut, par monter au-dessus de cette dalle, puis nous tentons de nous rapprocher des abords de la grande paroi que nous avions délaissée.
Et oui ! celle-ci vue d’en bas, nous ayant un peu effrayé, nous avait incité à ne pas la suivre...
Finalement, nous basculons à droite sur le haut de la dalle, afin de récupérer les abords de cette grande paroi que nous n’aurions jamais dû quitter.
Car nous constatons la présence de traces dans la terre bordant cette dernière, qui facilitent grandement la suite de cette pénible montée, aidés par certaines aspérités de cette paroi qui nous permirent parfois, de nous y accrocher "main droite".
J’ai donc compris que la décision de contourner la dalle centrale par la gauche, au lieu de poursuivre la montée en bord de paroi était une erreur.
En conséquence, l’itinéraire de notre future descente fût définitivement validé.
La suite de cette montée devient un peu plus évidente pour nous, car impossible de poursuivre le long de cette paroi qui se termine par un étroit couloir débouchant on ne sait où, et dont le pourcentage de sa pente semble dépasser les 60 degrés sur le haut.
Dorénavant, la dalle centrale dépassée, il semble qu’il faille traverser le couloir vers la gauche pour atteindre une vire rocheuse située à la base d’un crête délitée.
D’ailleurs, celle-ci semble descendre directement du col située sous le sommet de la Dent Sud.
Et c’est là qu’une tête cornue apparaît !
Un bouquetin nous observe de l’autre côté du couloir, de la vire sur laquelle il est posé, et cette dernière nous semble accessible.
Nous traversons le couloir pour l’atteindre, ce qui incite notre autochtone à se déplacer, puis nous basculons de l’autre côté (passages exposés) avec prudence et en utilisant nos mains,
Ce bouquetin n’était pas isolé, ses nombreux comparses sont là, et se dispersent sans panique afin de laisser libre la suite de notre cheminement.
Nous remontons tant bien que mal cette crête, non sans avoir réalisé auparavant, un beau cairn que nous avons placé sur l’éperon rocheux proéminent de cette vire, qui plonge sur le grand couloir.
Il sera donc facilement repérable pour les prochains explorateurs de cette Dent.
La crête se remonte bien et la vue s’ouvre soudainement à gauche, sur l’évident collet situé à droite de la Dent Sud et à gauche de l’immense paroi obturant la crête ouest des nombreuses pointes du Fond de Roure.
Au cours des dernières escalades sous le col, je vais réaliser une dizaine d’autres cairns qui, en premier lieu, faciliteront notre future descente, mais également, le final de cette rude ascension pour éventuellement, d’autres courageux aventuriers.
Le collet franchit, le sourire est de retour sur nos visages, et les derniers mètres de cette ascension nous menant au sommet de la Dent Sud de Maniglia, sont véritablement trop faciles par rapport à tout ce que nous venons d’affronter.
Un modeste cairn nous accueille, mais juste au-delà ce dernier, la vue plonge de manière soudaine et brutale sur l’impressionnante crête de la Dent Nord-ouest, ainsi que sur l’immense vallon de Chabrière et toutes les cimes de la Haute-Ubaye.
Après une pause régénérante et contemplative bien méritée, assis sur les ardoises du sommet, notre descente sera facilitée (guidée par nos cairns) jusqu’aux traversées de la vire, puis du couloir menant à la grande paroi que nous suivront jusqu’à son extrémité, et ceci, en ignorant notre dalle "préférée".
Pendant que nous combattions la montagne pour atteindre un sommet de plus, puis que nous profitions du sublime panorama offert, nos amis bouquetins se sont repositionnés sur, manifestement, leur endroit préféré : la vire du bas de la crête.
Nous les rejoignons après notre chaotique descente nouvellement "cairnée", mais ces derniers, un peu oppressés par notre retour dans cet endroit relativement exigu, se sentent obligés de nous devancer, et de jouer les "éclaireurs" pour notre descente.
Nous suivrons donc, cette dizaine d’individus "cornés", jusqu’à ce qu’ils se décident de se décaler de la paroi afin de nous laisser la voie libre permettant de rejoindre les lieux moins hostiles et plus colorés du splendide vallon de Mary.
Ma mémoire sera t’elle assez grande pour emmagasiner et archiver ce nouveau moment en montagne ?
...car ils se multiplient depuis 15 ans et prennent beaucoup de place...
L’avenir me le dira...
Vidéo du sommet
Photos
Auteurs : Agarock , ninigazelle
Avis et commentaires
Bravo tous les deux ! On dirait que vous avez pris la bonne trace au début. Il faut longer la paroi de la Pointe du Fond du Roure, passer au dessus du rognon qui traine dans le pierrier (on le voit bien sur tes photos) et rester sur la droite le plus possible. Mettre les mains (pas compliqué, petit pas de II gentil) sur la partie rocheuse qui n’est pas une dalle en rive gauche du couloir. La descente on avait tiré le plus droit possible et évité facilement les dalles.
Pointe du Fond du Roure pour vous le prochain coup ! Le couloir fait peur mais il n’est pas dur à remonter par rapport à ce que vous avez endurer.
Autres sorties
Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.