Sortie du 27 juillet 2024 par Vero. Pointe d’Escreins (3038m) par le vallon des Houerts

Le vallon des Houerts ne figurait pas dans la liste de mes envies de rando.

Normalement j’avais prévu ce jour là de retourner aux lacs du Roure. Mais les bergers d’Anatolie qui patrouillent autour de Majasset réveillent en moi de très mauvais souvenirs et me font changer de programme. Comme je ne veux pas faire trop de route, je choisis un itinéraire à proximité : en guise de lacs, je vais monter à ceux du vallon des Houerts.

Je ne m’attendais pas à ça.

La première montée se fait dans l’ombre du mélézin, en compagnie d’un torrent généreux et frais, mais la journée est chaude, la pente raide, et la transpiration devient aussi torrentielle.

Au sortir du mélézin, une pierre gravée au mitan du chemin. Est-ce un berger qui avait ici en 1903 ses quartiers d’estive ? Je découvre la première belle cascade mais la grande surprise, après avoir franchi l’éboulis, c’est le vallon riant et doux où on chemine tranquillement à côté des méandres du ruisseau.
J’ai des souvenirs de montées, non loin, par le Four à chaux et le vallon du Châtelet qui s’apparentent à des expiations.
Pas de ça ici mais beaucoup de douceur inespérée sous les falaises puissamment minérales du Sommet rouge. Un petit détour par la cabane des Houerts, minuscule sous le rocher qui semble prêt à l’écraser, et toute discrète sous son toit de lauzes. Une petite pause dans la tourbière un peu plus haut pour admirer la cascade qui descend du lac bleu.

Puis une dernière montée dévoile les lacs Vert et Bleu, que j’avais vus depuis la Mortice qui les surplombe. En face, de l’autre côté de l’Ubaye, les reliefs qui encadrent le vallon de Mary, mon programme initial de la journée. Je longe la moraine qui descend vers le Lac Bleu. Dans les plaques de neige qui subsistent sur sa rive, un profonde traînée toute fraîche dans la neige, ponctuée d’un morceau de rocher « tout neuf » confirme, s’il était besoin, que le relief est en constante évolution.

Assise sur la berge d’en face (c’est plus sûr !) j’admire les nuances du Lac Bleu qui répond à la course des nuages et aux changements de lumière en passant par toutes les teintes, d’indigo à turquoise et d’aigue-marine à outremer. Les mots nuance et nuage auraient-ils la même étymologie ?

Je voulais juste voir les lacs. Pourtant le col des Houerts et la pointe d’Escreins ne sont plus très loin. J’hésite… Mais Archie ne m’a pas accompagné aujourd’hui, il commence à vieillir et se repose de la sortie d’hier en m’attendant en bas. Allez, je ne vais pas le laisser patienter trop longtemps : c’est le moment du retour.