Sortie du 24 mai 2024 par Peyuko Traversée la Rama (2378m), l’Aiglière (2258m) et Rocher Rond (2453m)

Pato, un ami du Chili est en visite. La météo n’est pas très encourageante mais une sortie courte avec un départ matinal est envisageable. Le col du Festre me semble un point de départ idéal, relativement proche, les options y sont nombreuses et variées. Et quelle meilleure introduction à mon territoire d’adoption que de lui faire découvrir le Dévoluy ?

Parmi les choses qui me font tant aimer ce massif, il y a le fait qu’on est tout de suite plongé dans le vif du sujet. Aujourd’hui, il y a bien sûr le paysage au col, immédiatement saisissant. Et puis, rapidement, nous sommes au pied de la cascade de Saute Aure, lovée dans son vallon. Une carte postale alpine pour mon ami andin.

Quelques efforts en plus en direction du Touret et les premiers chamois apparaissent. Une belle harde d’une vingtaine d’individus. Pato m’avait demandé ce qu’il y avait comme faune sauvage et en moins d’une heure il en a déjà une magnifique illustration.

Nous grimpons encore, en passant par Cul Froid (qui se révèlera être un nom prémonitoire), et nous tombons sur une marmotte. Morte. Spectacle triste évidemment mais qui a le mérite de lui permettre de bien voir à quoi ressemble ces rongeurs siffleurs que n’avions fait qu’entendre jusqu’à présent. De quoi est-elle morte ? Mystère. Les zexperts mènent l’enquête. L’individu, de taille adulte, ne présente pas de lésion externe visible, une attaque par un prédateur semble donc exclue. Chute ? Crise cardiaque ? Suicide ? Aucune piste n’est écartée.

Alors que nous atteignons la crête à proximité de l’Aiglière, les nuages annoncés ont pris de l’avance. Toutefois, ils restent indulgents et ne nous bouchent pas encore la vue de tous côtés.

Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas marché ensemble. C’est l’occasion de nous remémorer les contreforts du Cerro Castillo, nos aventures dans la jungle froide de Chiloé pour atteindre des plages de bout du monde, les merveilleux volcans Hornopiren et Yates, les forêts d’alerces millénaires ou encore la fois où, aux confins de la Route Australe, de jeunes condors plongeaient sur nous en piqué, ne sachant visiblement pas qu’ils étaient des charognards et non des oiseaux de proies.

Comme en écho à se souvenir insolite, un rapace fait son apparition dans le ciel tourmenté. Ce n’est pas un vautour, cousin des condors, ouf, nous ne risquons rien ! C’est un aigle royal, qui tournoie brièvement au-dessus du désert de rocailles des Clausis avant de disparaitre, comme absorbé par le Grand Ferrand.

Au sommet de la Rama, quelques flocons, semblables à de petites billes de polystyrène commencent à tomber. Il ne fait pas si froid pourtant. En tous cas, c’est original pour un 25 mai. Et fort heureusement, cette averse de neige sera courte et ne se transformera pas en pluie plus bas.

Pour rejoindre le vallon des Aiguilles, nous optons pour la luge sur fesses (d’où la référence plus haut à "Cul Froid") et nous avons tout juste le temps de revenir au col du Festre avant qu’un vrai déluge ne s’abatte sur la voiture. Je soupçonne Pato d’avoir mis un peu de climat de Patagonie dans ses valises. Et ce qui est sûr, c’est que nous nous sommes délestés d’un peu de nostalgie dans nos sacs à dos.