Sortie du 25 décembre 2023 par michel Traversée la Rama (2378m), l’Aiglière (2258m) et Rocher Rond (2453m)

Contexte : l’approche emprunte l’itinéraire d’hiver
Elle nécessite une bonne maîtrise de la raquette à neige en terrain accidenté.
Connaissance des données nivologiques indispensables à cette période de l’année.
Final très relevé nécessitant l’usage du piolet et des crampons.

Ma sortie hivernale

La Rama, c’est une vieille histoire d’amour !

Quelle que soit la saison, toute marche s’opère à l’aube.
Cependant, je pars un peu tardivement pour espérer saisir la palette des splendides lueurs matinales qui précèdent le lever du soleil.
Par chance, sur la première partie du trajet, le redoux a eu raison du manteau neigeux.
J’atteins rapidement la cabane des Fontaines Froides où je m’équipe des raquettes à neige (trajet hivernal différent du topo).

8h.06, c’est l’heure à laquelle le jour se lève. Je consulte mon portable et il ne me reste qu’ ½ heure pour atteindre le col de Darne. À cet instant, je sais que je n’aurais pas à forcer le pas pour y parvenir à temps !

Juste au-dessus du monde

Au col de Darne, c’est une belle surprise qui m’attend !
Je découvre une ribambelle de chamois. Le "peuple" des montagnes s’abrite sur le flanc ouest de la Tête de Merlant. Leur présence rehausse la valeur de tout.

Je rejoins rapidement le Collet pour jeter un œil sur le raide versant sud de la Rama.
Je pique dans le vallon avec un vague pressentiment. À cause du redoux, il se peut que cette course hivernale ne tienne pas toutes ses promesses.

Après cette première descente (que je risque de sentir passer au retour car je ne suis pas parti en montagne depuis 3 mois), je traverse le désert glacé du vallon des Aiguilles. Recouvert d’une fine pellicule de glace, ce replat ressemble à une vaste patinoire. Court instant de répit avant d’attaquer les 600 mètres du versant sud.

Je m’élève en direction de la montagne du Vallon pour gagner la ligne de crête issue du sommet. Au départ, il me faut zigzaguer pour rester au contact des pentes les plus enneigées.

Lorsque le fil de la crête exhibe enfin une belle glace uniforme, je m’équipe des crampons. J’ai "largué" les raquettes une centaine de mètres plus bas, en prenant soin de bien repérer l’endroit, pour ne pas les louper au retour...

Délesté des crampons et des raquettes à neige, je grimpe d’un pas léger. Ça tombe bien, car on ne va pas tarder à "entrer dans le dur" !
Pour ce final très soutenu, le minéral s’entiche de glace grise que je n’avais pas décelé d’en face. Je suis contraint à garder les crampons sur ces portions mixtes plus minérales.

Je connais déjà la vue du sommet, mais grimper l’hiver sur ces montagnes isolées transforme une simple randonnée alpine en chef d’œuvre. Quelle solitude, quel pied !

Je ne tarde pas trop longtemps au sommet car, même à cette altitude relativement élevée, la neige chauffe vite. Je pense surtout aux raides passages en dévers qu’il me faut négocier à la descente.
Retour prudent avec quelques moments épiques où mes raquettes à neige se transforment en surf !

C’est Noël et partir en montagne est toujours un cadeau de la vie !