Sortie du 30 avril 2024 par François Lannes L’ancienne installation hydraulique de Monvoisin (1545m), en boucle par la forêt domaniale de Vaujany

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Pas de vent, ni de pluie.

Récit de la sortie

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L’importance des mots.
Depuis quelques années déjà, c’est-à-dire depuis que je rédige des comptes-rendus de sorties, je m’efforce d’être attentif aux mots employés, à chaque mot. Je m’applique à cela car je suis devenu sensible à leur impact. Tout le monde a d’ailleurs entendu le fameux slogan qui vante « le poids des mots ».
Et ce n’est pas pour rien.
Mais il se trouve que, en plus des qualificatifs « d’importance » ou de « poids » qui leurs sont plaqués, j’ajouterais aussi le terme de « puissance ». Car je viens de faire les frais de cette puissance il y a quelques jours seulement.

En fait, dans la situation en question, il ne s’agit que d’un seul mot.
Un mot qui a modifié la trajectoire des préoccupations, et des actions de mes journées. Un mot qui a fabriqué à lui seul le programme immédiat des balades en montagne.
Je vous le donne en mille, ce mot c’est « sécateur »…

Il faut dire que ce mot-là était intégré à un paragraphe, dont voici la reproduction :
« Ce sentier confidentiel, que j’avais trouvé très praticable en 2016, semble n’avoir pas été entretenu depuis un ou deux ans. L’extension des branches de saules et d’alisier indique que nul n’y a porté le sécateur récemment ».
Cette phrase, cette description, réveillera peut-être un souvenir chez certains habitués d’Altituderando, car elle est extraite d’un récit de CourtePatte : son récit au Rissiou.

Lors de cette lecture, mon sang n’avait fait qu’un tour car, depuis deux-trois ans environ, j’ai fini par m’attacher à une certaine forme d’entretien des chemins oubliés, à l’aide d’un sécateur entre autres.

Le sentier en question est situé dans le versant nord du Rissiou, une montagne coincée entre Belledonne et Grandes Rousses. D’un coup de Géoportail, ce sentier était identifié, lorgné, étudié à la loupe. De plus, l’analyse montrait qu’il est accompagné d’autres sentiers, dans le même secteur, probablement de la même veine, à savoir : confidentiel + sécateur !

C’est alors que le programme des sorties a subi un coup de torchon inattendu et qu’il a été remodelé – rapidement – en fonction de ce nouveau critère : le sentier du Rissiou.
Mais "rapidement fait" n’est pas toujours "correctement fait"… !
C’est là que les déconvenues ont commencé.

Une fois rendu sur la route de la vallée de l’Eau d’Olle, les panneaux routiers ont tôt fait de m’informer que le col du Glandon, au fond de cette vallée, était encore fermé à la circulation. J’ai cru que cela ne me concernerait pas, mais je me trompais. Parvenu au village du Rivier d’Allemont, et bien ce fut : stop !
La route était fermée à partir d’ici.
Or, le départ du sentier « au sécateur » doit se prendre trois kilomètres et demi plus loin…
Cela a donc signifié un supplément de marche, sur goudron, chose qui n’est pas ce que l’on préfère, mais aussi une contrariété d’environ une heure de plus à l’aller et autant pour le retour. L’impact en horaire n’était pas négligeable.
C’était là la première déconvenue.

Ainsi, j’avais oublié les contraintes dues à la neige sur les routes des hauts cols des Alpes.
Oubliée, la neige ??
Enfin, pas complètement.
Je veux dire : la présence de la neige avait quand même été envisagée au programme.

La réflexion avait été que, chemin faisant, le sentier traverserait forcément un ruisseau, ou bien un couloir. Et que, compte tenu que nous sommes fin avril, ledit ruisseau/couloir pourrait encore être garni d’un fond de neige restant d’une coulée de l’hiver passé. Donc, par prévoyance, le piolet avait été mis sur le sac, le piolet avec une panne, celui pour tailler quelques marches dans cette neige et pouvoir franchir les deux-trois mètres de l’obstacle potentiel.
Bref, tout était anticipé !

Sauf que le Rissiou, c’est une montagne dont le versant nord fait – dans sa partie basse – huit cents mètres de dénivelée, et dont l’inclinaison moyenne donnée par Géoportail est de 35°. Cela signifie en fait non pas quelques petites coulées de neige par-ci par-là, de celles que l’on peut regarder avec condescendance voire que l’on peut négliger. Non ! Cela signifie des avalanches monstres, en largeur et en longueur, de celles qui mettent longtemps à fondre et dont on trouve quelques décamètres cube encore en plein été. Et puis il y avait aussi qu’il s’agissait d’un versant nord, avec possiblement beaucoup de neige encore en attente de fonte…

Donc, en pratique, au bout de cinq cents mètres de marche après le goudron, je me suis trouvé face au premier « reliquat » d’une avalanche du secteur.
À savoir : quarante mètres de large ; trois cents mètres de long ; de la neige tassée, bien dure ; une coulée qui – en cas de glissade dessus – fournissait un toboggan de plus de cent mètres de long, déposant directement dans l’eau fraîche de l’Eau d’Olle !
Il y avait là un obstacle franchement impressionnant.
Le piolet a tout d’un coup paru bien fragile comme outil de secours.

J’ai eu beau chercher une parade, tenter une acrobatie sur cette neige – acrobatie qui s’est vite arrêtée compte tenu de la présence du toboggan –, réfléchir à contourner par le bas cette coulée, il a bien fallu admettre que le programme et la préparation de la sortie avaient été bâclés. Et que le demi-tour s’imposait.
Ce fut là la seconde déconvenue, la fatale !

Du fameux sentier « confidentiel, au sécateur », je n’en ai finalement rien parcouru. Mais alors rien de rien……. de rien du tout !
Pour en savoir plus à son propos et le parcourir enfin, il faudra revenir vers la fin mai quant à l’ouverture de la route (pour éviter d’avoir à marcher sur le goudron), et vers la fin juin, voire juillet, pour éviter les neiges des avalanches… Et puis avec des crampons cette fois !
C’est ça l’expérience. Il faut payer pour l’acquérir !

Bref, pour meubler la journée qui venait à peine de commencer, j’ai suivi la large piste à travers l’éboulis de gros blocs. Cela m’a amené à Monvoisin, où j’ai pu voir ces vestiges d’ancienne installation hydraulique. La chance a ainsi fourni une compensation suffisante pour que cette sortie ne soit pas complètement perdue.

Et puis quand je serai mieux préparé, mieux équipé, que j’aurai mieux anticipé les potentiels événements d’une sortie en montagne, alors je reviendrai au Rissiou.

Sacré sécateur !

. Randonnée réalisée le 30 avril

. Dernière modification : 3 mai 2024 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • Bon, ça nous fait toujours un bon texte à lire, et puis c’est sympa de partager aussi ses déboires, pas que les grandes joies !
    Et ça me rappelle que je dois toujours aller au Cornillon....!

    Le 3 mai à 15h58
  • Ah la la ces débutants qui n’ont pas l’expérience de la montagne...

    Blague à part, ce n’est peut-être pas plus mal que tu aies rencontré l’obstacle aussi rapidement, parce que le "sentier au sécateur" il doit encore être bien enseveli. Au passage, je confirme l’existence des ruisseaux/couloirs que tu pressentais.

    Le 3 mai à 20h01
  • Bonsoir vermatoiz,

    Merci pour le "bon texte à lire". Mais tu sais, ce ne fut pas la cata, car j’ai pu trouver d’autres centres d’intérêt à cette journée, et retomber sur mes pattes. Je me lamente un peu dans le texte mais tout va bien pour le moral, et je suis prêt à y retourner, sur le Rissiou. Il ne perd rien pour attendre !

    Sinon, à propos du Cornillon : c’est la même chose qu’au Rissiou. Il y a un ou deux couloirs d’avalanche à traverser. Je crois que j’en parle dans mon topo. Et là aussi, il faut anticiper la neige. Mais c’est moins grave au Cornillon qu’au Rissiou car d’une part l’altitude est plus basse, et d’autre part, l’exposition est plein "est" ce qui est meilleur pour faire fondre les reliquats.
    J’attends ton compte-rendu !

    Le 3 mai à 20h26
  • Ah la la CourtePatte !
    Tu as trop raison.

    Ces débutants en montagne, il faudrait les empêcher de venir sur les sentiers. Et en plus quand ils prennent de l’âge, ils perdent leurs maigres connaissances et leurs savoir-faire... !

    Bon, blague à part : j’ai été bloqué à 1350 m d’altitude. Si j’avais pu passer, les lacets étaient fréquentables sur encore 150-200 m de dénivelée, au maximum (d’après mes photos 11, et 10). Donc le problème serait quand même arrivé, et pas longtemps après, soit autour des 1500 m d’altitude...
    Donc pas de regret.

    Le 3 mai à 20h37
  • Je pense bien, François, que tu ne t’es pas laissé abattre pour si peu ! Et puis ça aura fait un topo sympa bien qu’imprévu....
    J’espère qu’il y aura un jour un compte-rendu du Cornillon, et que je ne vais pas m’y perdre !

    Le 3 mai à 22h10
  • Roycla

    Une bien belle aventure malgré tout où la prudence a été de mise, pour ma part j’ai toujours dans le sac des cramons dit ’’forestier’’ qui sont bien utiles parfois

    Amicalement François et merci de ce partage

    Le 6 mai à 10h41
  • Bonjour Roycla,
    Je n’ai pas ce modèle de crampons, mais j’ai ceux de haute-montagne, avec 12 pointes et tout le toutim...mais ils avaient été laissés à la maison. C’est pas grave : cela sera pour la prochaine fois !

    Le 6 mai à 12h05
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