Sortie du 21 avril 2024 par gegers Charmant Som (1867m) par le Habert du Col de Porte, boucle par les crêtes du Mont Fromage

Cela fait 15 ans cette année que j’arpente les pentes, les combes, les arêtes, les balcons et les alpages du Charmant Som. Je dois à ce sommet mon initiation à la montagne, moi qui, fraîchement débarqué en 2009 de mon Limousin natal, ne connaissait rien à ses splendeurs et ses exigences. En 15 ans de randonnée, je pense m’être rendu au Charmant Som plus de 100 fois, en toutes saisons et par tous les temps. Proche de mon domicile, praticable quelle que soit la météo, ce sommet est un choix de facilité, mais j’ai l’impression qu’il y a un réel attachement que je ne saurais expliquer. Et lorsque, une fois la belle saison arrivée, mes pas s’en vont fouler d’autres sommets, découvrir d’autres massifs, arpenter d’autres merveilles, le Charmant Som, comme un phare, me rappelle à lui. Dans la solitude matinale ou vespérale, sous une chaleur accablante ou un froid mordant, le Charmant Som est, toujours, une parenthèse enchantée.

Aujourd’hui, le Charmant Som est recouvert d’une belle couche de neige fraîche, comme un prolongement de l’hiver. Les jonquilles à peine écloses en ont pris un bon coup sur le museau, et passé l’Oratoire d’Orgeval je progresse dans une couche de neige plus épaisse qu’à plusieurs moments de l’hiver. Le froid est piquant alors que déjà, des nuages gonflent autour des sommets de Chartreuse. Je termine l’ascension dans une neige humide et lourde malgré sa fraîcheur, et je me trouve solitaire face à Belledonne qui se prépare à recevoir l’assaut des nuages venus du nord.

J’emprunte la combe ouest pour descendre sur l’alpage, et à proximité des chalets j’observe quelques chamois qui grattent la neige pour trouver une bien maigre pitance. Je les laisse vaquer à leurs occupations et finis par redescendre par la route, encore bien verglacée, jusqu’au Col de Porte où l’affluence, chose rare, est plutôt maigre alors que midi va sonner. Une nouvelle fois, le Charmant Som n’a pas déçu.