Sortie du 19 mars 2024 par jean331 Le Grand Mas antécime (2126m)

En ce mois de mars, le blanc est devenu une denrée rare dans ce coin de Savoie tandis que les températures douces incitent dès le petit matin à troquer les vêtements chauds pour un ensemble t-shirt/coupe-vent pas vraiment de saison.

Alors que je remonte la forêt du Praz, le bas du domaine skiable de St-François-Longchamp offre un visage bicolore. Les pistes encore à peu près skiables grâce à l’intervention des dameuses sont cernées de longues bandes d’herbes jaunâtres. Voici un paysage un peu bizarre, résultat de l’entêtement humain à profiter des sports d’hiver jusqu’à l’absurde, même quand l’enneigement ne devrait plus le permettre. Je ne m’exonère d’ailleurs pas de ce travers puisque faire cette constatation ne m’empêchera pas de passer le reste de la semaine à dévaler les pistes qui, en versant sud, s’apparentaient plus à un infâme margouillis de neige fondue aux étranges reflets bistrés qu’à une poudreuse de cinéma.

Au détour d’un virage, une silhouette bondissante fait une fulgurante apparition. C’est un lièvre qui, surpris par mon passage, a surgi des hautes herbes avant de prendre la poudre d’escampette. En une poignée de secondes, il n’est déjà plus dans mon champ de vision et si dans l’intervalle j’ai tenté d’immortaliser cette rencontre par un cliché, celui-ci ne restera pas dans les annales de la photographie animalière.

L’arrivée aux abords du Lac de la Grande Léchère offre un premier délice visuel quand les pointements aériens de Belledonne nord surgissent au-dessus des conifères comme de gigantesques cathédrales gothiques perchées de l’autre côté de la Maurienne.

La montée vers les lumineux alpages du Grand Praz se poursuit sur une vieille neige aussi dure que portante alors que les raquettes toujours accrochées au sac se demandent si elles auront l’occasion de tâter un brin de peuf. Vœu exaucé dans la montée finale vers la petite butte qui fait office d’objectif du jour. Il faut dire qu’entre temps, le soleil généreux a commencé à ramollir le tapis blanc et que mes pas s’enfoncent maintenant franchement, histoire de donner un petit coup de frais à mes cuisses en pleine action.

Et puis c’est l’arrivée, la vue éblouissante qui s’étend des Écrins au Mont Pourri, la longue pause avec les yeux fixés vers les cimes et les fesses confortablement posées dans un cocon de neige même pas froide, bref un bonheur de petite escapade dans une montagne déjà bien printanière.

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