Sortie du 3 février 2024 par Sylvain Pique Rouge de Bassiès (2676m) au départ de l’Artigue

Arrivé la veille au soir à l’Artigue, je prévois un réveil à quatre heures et demie pour un départ trente minutes plus tard à la Pique d’Estats. L’envergure du parcours impose un départ bien avant l’aurore afin de profiter de bonnes conditions de neige.

Quatre heures et demie, le réveil sonne... Je n’ai pas assez dormi et dans la voiture la température est négative. À ce moment précis, ma motivation pour sortir ne serait-ce qu’un doigt du duvet et avaler plus de deux milles mètres de dénivelé dans la neige et le froid est inexistante, tant pis pour l’Estats...

Sept heures, me voila en forme ! Le plan B est vite trouvé, ce sera la Pique Rouge de Bassiès !

Le départ le long de l’Artigue et ensuite dans la hêtraie est agréable. J’espère trouver la neige dans la partie supérieure des pentes permettant de franchir le verrou rocheux défendant l’accès à la Raspe, mais la limite d’enneigement est encore plus élevée qu’annoncée par le BERA.

Le sentier de chèvre sur terrain déversant est entrecoupé à plusieurs reprises dans les ravins d’écoulement par des névés et résidus d’avalanches délicats à franchir. Ces derniers sont bien gelés et nécessitent un pied sur, de plus j’entend l’eau couler juste en dessous... Qu’en sera t’il au retour lorsque la neige aura chauffée ? Réponse : à la descente j’ai tout simplement dû m’allonger pour répartir mon poids afin d’éviter de passer à travers...

Arrivé à la base de l’arête descendant de la Pique de Belcaire et dans le cirque d’altitude, la montagne prend enfin des allures hivernales. C’est tout simplement magnifique ! La Raspe est entièrement blanche, je chausse les crampons pour remonter cette dernière. Vu d’ici le sommet semble tout proche, mais il reste en réalité six cent mètres d’une montée raide et soutenue. Derrière moi le massif de l’Estats/Montcalm verrouille le paysage vers le Sud.

Du col 2622, la vue s’ouvre en versant Nord avec au loin les Pics des Trois Seigneurs et du Saint Barthélémy. Le court final avant de fouler la cime consiste en une esthétique arête se redressant à 40° avant une traversée déversante et un mixte bien exposé.

D’une certaine manière cette petite course facile me fait penser aux Rouies dans la difficulté et la configuration du terrain. Dans les deux cas une longue approche avant un verrou rocheux, suivit d’un vaste plateau glaciaire peu raide à remonter, pour finir par un court final plus redressé avec juste un passage plus délicat (la traversée déversante et le mixte aujourd’hui, et la rimaye bien ouverte lors de notre ascension des Rouies en juillet 2022) où la moindre glissade est à proscrire.

Le parcours étant entièrement exposé Sud et la température anormalement élevée pour un mois de février, je reste seulement quelques minutes au sommet avant d’entamer la descente. Bien que déjà ramollie dans la partie haute la neige est encore portante, mais plus bas celle-ci n’est plus qu’une soupe sans aucune portance... Je marche comme sur des œufs afin d’éviter de passer à travers, malgré ça je vais "m’effondrer" à plusieurs reprises entre deux chaos jusqu’à la poitrine. Passé ces quelques désagréments, je fais enfin une pause casse-croute et le retour à la voiture est ensuite vite expédié.

Ce fut une journée en montagne un peu improvisée, mais au final, la Pique Rouge de Bassiès avec son panorama somptueux sur la Haute-Ariège s’est avérée bien plus qu’un simple plan B !