Sortie du 21 janvier 2024 par Peyuko Montagne de la Baume (1147m) par l’arête ouest et le Trou de l’Argent

Quatre ans à voir cette crête tous les jours ou presque.
J’avais profité des confinements du covid, pour en parcourir une bonne partie, en montant au sommet ou en descendant, en y accédant par divers itinéraires en versants nord et sud mais il me manquait sa section la plus ludique, la plus esthétique.

Il faut dire que longtemps, j’ai cru cette partie basse réservée aux grimpeurs et je n’ai découvert l’existence du topo qu’après les confinements. J’avais alors fini par associer la Baume à cette longue période désagréable aux règles ubuesques et l’envie d’y remettre les pieds aura mis du temps à revenir.

Dimanche. Après la longue montée aux Agards de la veille, je n’ai aucune ambition, si ce n’est de me reposer.

Passé midi, je reçois un message de Romain : "Salut, tu es parti randonner je suppose ?". Et non, pas aujourd’hui ! Aujourd’hui, le programme c’est resto avec Silvia, il faut savoir varier les plaisirs. Romain est avec une amie, on leur propose de se joindre à nous et nous voilà attablés jusqu’à 15h.

Alors que le gueuleton touche à sa fin, j’ai cette conversation avec Romain :

• Tu voulais aller marcher où aujourd’hui ?
• Je ne sais pas. Mais maintenant, vu l’heure, pas trop loin. Tu serais motivé ?
• Pourquoi pas.
• Tu as une idée ?
• Bah, on pourrait tenter la crête de la Baume, comme ça on y est vite.
  L’addition s’il vous plait !!

Je me change en hâte, on commence à marcher, il est 15h30.

Romain a pris un bout de corde, ce qui nous permet de prendre pied sereinement sur la vire de la voie Calimero. Le jour décline mais les vues sur Sisteron, le Buëch et la Durance n’en restent pas moins magiques.

Jusqu’à nous approcher du passage clé pour accéder à la crête, nous suivons le topo sans difficulté. Compte tenu du terrain, la suite est moins facile à interpréter. Entre les indications de Mick et celles de Pascal Sombardier, nous nous y perdons un peu. Une chose est sure, il ne faut pas poursuivre en versant sud trop longtemps.

Nous repérons une brèche mais son accès est défendu par un court ressaut en dévers qui ne nous convainc pas. Une autre un peu plus loin, même chose ! Nous finissons par revenir sur nos pas et c’est comme ça que nous découvrons LA brèche, évidente quand on a le nez dessus ! Nous étions passés à quelques mètres d’elle mais un rocher facétieux nous l’avait masquée.

Après avoir tâtonné une vingtaine de minutes, nous sommes donc enfin sur la crête et nous savons que les difficultés sont derrière nous. Le centre de Sisteron a pleinement basculé dans l’obscurité alors que les rayons réconfortants du soleil vont encore lécher la crête un bon moment. Nous avons la Lune plein axe et trois chevreuils passent en contrebas... un véritable alignement des planètes.

Après l’avoir tant de fois parcourue du regard, nous gravissons enfin l’arête escarpée qui recèle de belles surprises. Le soleil disparait mollement derrière la Montagne de Lure et les lueurs du couchant font rougir le plateau de Bure, les Ecrins et les Monges. Pour une sortie improvisée, nous pouvions difficilement espérer mieux !

Comme aux Agards, la dernière partie se fera de nuit. La citadelle s’est parée de son plus bel éclairage et la lune semble vouloir concurrencer les projecteurs qui illuminent les voies d’escalade longées plus tôt.

Je ne regarderai sûrement plus cette montagne si singulière du même œil. La tendresse a repris définitivement le pas sur l’amertume.