Sortie du 15 octobre 2023 par Sylvain Tête de la Madeleine (2366m) et Bec de l’Aigle (2367m) par la face ouest, retour par la Crête de Porel (2431m)

Une nouvelle fois, la météo incertaine contrarie mes projets initiaux, que ce soit en Ariège ou ailleurs. Je n’ai pas vraiment d’inspiration montagnarde pour ce week-end... Et puis me revient en mémoire une discussion avec Arnaud lors de notre dernier bivouac en commun.
La traversée Tête de la Madeleine - Bec de l’Aigle - Raz de Bec que je n’ai toujours pas effectué, alors que son magnifique topo me fait envie depuis bien longtemps. Et voila comment le souvenir de cette discussion a sauvé mon dimanche en montagne !

À mon arrivée dans le Dévoluy, les sommets sont bâchés, pas vraiment engageant... J’attaque la remontée des raides pentes herbeuses sous le sommet de Raz de Bec sans vraiment de visibilité, pas très agréable mais ce n’est pas grave car je visualise parfaitement l’itinéraire.

Le brouillard se fait de plus en plus dense et puis soudain les sommets environnants apparaissent les uns après les autres, tels des îles sur une immense mer de nuages !

Un dernier petit coup de rein pour atteindre le col 2340, et il n’y a plus qu’à suivre le fil de la crête facile pour rejoindre la Tête de la Madeleine. Seule une petite brèche nécessite l’usage des mains avant d’en fouler la cime. Premier sommet du jour, la vue vers le Pic Ponsin et Faraut par delà le col du Noyer est grandiose !

De retour au col 2340, et après avoir contourné au mieux l’imposant ressaut, me voici à la base du couloir herbo-rocheux d’accès au Bec de l’Aigle. Ce dernier est bien raidasse mais ne présente pas de difficulté particulière.
Le sommet Nord est ensuite rapidement atteint. La courte mais vertigineuse arête pour rejoindre le sommet Sud n’est pas vraiment engageante, j’hésite à redescendre un peu afin de l’éviter... Et puis non, je me lance !

Les premiers mètres excessivement étroits sont en mauvais rocher, je passe en traversée sur les pointes de pieds, dos au mur, le long de micros vires. Derrière moi, le vide se creuse instantanément... Mieux vaut remonter sur le fil le plus vite possible ! Je progresse à quatre pattes, aucun style, heureusement personne pour me voir ! Attention : Bien que très courte, cette arête dépasse le domaine de la randonnée.

Après une quinzaine de mètres qui m’ont paru particulièrement long, j’atteins le sommet Sud. D’ici, la vue sur le pilier Nord de Raz-de-Bec est à couper le souffle, et la cheminée pour rejoindre sa cime semble impressionnante.

Maintenant par où poursuivre pour rejoindre la Brèche Carrée ? Soit, je suis le topo en redescendant en versant Ouest, ou soit, je tente ma chance en poursuivant le long de l’arête ! Je choisis l’option numéro deux.

Au départ étroite et déversante sur l’abîme du versant Est, la crête nécessite vigilance au départ et s’élargit assez rapidement avant de conduire à un décrochage. Sur la droite se trouve un petit dièdre qui se désescalade facilement (II) et mène sur une vire herbeuse qui rejoint la crête juste sous le ressaut. La suite jusqu’à la Brèche Carrée consiste en la descente d’une raide croupe aux pentes fuyantes, plus de difficulté, mais grande ambiance dévoluarde !

Me voici maintenant dans la brèche, son nom n’est vraiment pas usurpé !

Une draille confortable mène à la cheminée, qui une fois à sa base se révèle tout à fait abordable, rien à voir avec la vision du Bec de l’Aigle. La sortie demeure malgré tout vertigineuse et exposée.

Il ne me reste maintenant plus qu’à rejoindre les sommets 2431 et de Raz de Bec. Une petite pause casse-croûte à coté du cairn sommital où je ne m’attarde pas en raison d’un vent glacial, puis j’entreprend la descente au plus court par le ravin de Loupon.

Encore une belle journée dans ce magnifique Dévoluy, et merci Arnaud pour ce beau topo !