Sortie du 27 mai 2023 par gegers Pas de la Coche (1989m) et lac de la Coche depuis Prapoutel

De plus en plus souvent, cette interrogation m’accompagne lorsque je marche : si je tiens le coup jusqu’à 80 ans, quel vieux aimerais-je devenir ? Peut-être est-ce l’approche de la quarantaine ? Toujours est-il que je me projette de plus en plus dans le troisième âge, si l’état de la planète laisse à ceux nés comme moi dans le dernier quart du vingtième siècle le luxe de profiter de leur décrépitude.

J’aimerais sincèrement être de la trempe de ces vétérans de la randonnée que je croise régulièrement en montagne, par tous les temps, et qui d’un pas régulier, déterminé, savent que la mort ne maîtrise pas comme eux le rythme de marche du montagnard, et qu’elle ne les cueillera pas aujourd’hui. A trotter derrière un vieux marcheur opiniâtre, le trépas s’essouffle, la faucheuse abandonne. Il y a dans le pas de ces baroudeurs expérimentés qui sillonnent les massifs cette impression d’absolu, et cette volonté de continuer à s’émerveiller, à s’émouvoir de la renaissance perpétuelle de la nature alors que l’on arrive soi-même au bout de son long déclin. Voici mon modèle à suivre.

En attendant que la vieillesse nous rende inapte, marchons puisque cela conserve. En ce samedi annoncé ensoleillé jusqu’au milieu d’après-midi, Belledonne est un secteur de choix. Je démarre du Pont de la Betta à 7h, avec comme premier objectif le Pas de la Coche. De là, je me laisserai guider par les conditions. Assez vite, une fois le Pas atteint, il est clair néanmoins qu’il est encore trop tôt pour tenter la boucle par le Col de l’Aigleton, puisque je vois la neige, abondante, sous les pentes du Font de la Belle Etoile.

Direction donc le sud, histoire de voir comment la fonte évolue du côté de la Brèche de Roche Fendue. Quelques névés franchis facilement, et j’atteins le Clot du Ban où la faune s’est donnée rendez-vous : quelques chamois et surtout de nombreux bouquetins peuplent les lieux. Je prends le temps de les observer, avant de poursuivre mon chemin. Je m’arrête au niveau du Ruisseau de la Grande Montagne, puisque la neige, présente ici en quantité, est trop molle pour permettre une progression efficace.

Après une longue pause, je repars finalement en direction du Pas de la Coche puis du Pont de la Betta tandis que les cumulus, c’est devenu une habitude, enveloppent les sommets. Une belle sortie pour prendre la température en Belledonne.