Sortie du 25 février 2023 par Pascal Le Château d’Oche (2197m)

Les webcams matinales semblaient un peu encourageantes, mais malgré le soleil qui illuminait assez bien les plaines, de gros bancs nuageux accrochaient maintenant les massifs. L’hésitation était soit d’essayer d’être au-dessus de la couche en visant un sommet au-dessus de 2500m dans les Aravis, soit de tenter sa chance sur un sommet en marge des massifs au nord du Chablais. Vu l’heure tardive du départ, on optera pour la deuxième solution.

14h, départ de la route du pré Richard, pour l’occasion transformée en piste de ski. C’est un miracle qu’on puisse encore y skier à une telle basse altitude, alors qu’il n’a pas neigé depuis plus d’un mois et que plus haut en forêt, même les versants nord sont secs.

On retrouve un peu plus de neige en arrivant aux chalets d’Oche, mais la face sud de la Dent d’Oche est presque entièrement sèche. Le sommet semble accessible, ce qui est rare en février. Il semble donc possible d’y monter, mais quelques doutes sur les pentes raides au-dessus du refuge fera préférer de se diriger vers le Château d’Oche. On s’évitera ainsi la grosse montée peu intéressante dans l’herbe de la face sud ainsi que, plus haut, la grimpette désagréable sur les rochers faciles mais un peu trop patinés, au profit d’un itinéraire plus agréable et varié. Espérons que les quelques dizaines de mètres que ce sommet concède à son rival n’entame pas trop la chance de voir le paysage au-dessus des nuages...

On poursuit en direction du lac de la Case. L’air s’est brusquement refroidi à l’arrivée d’un petit vent d’est assez désagréable, et les furtives éclaircies qui permettaient d’observer un peu les environs se referment progressivement.

On poursuit sur l’ascension de la raide croupe montant vers l’épaule puis à la vire permettant d’accéder aux pentes sommitales du Château, heureusement bien sèches. Les crampons seront inutiles. On est maintenant dans le brouillard et le vent glacial souffle, déposant du givre à vue d’œil. Seule la rencontre de quelques bouquetins réchauffera un peu l’ambiance. Bon ou mauvais signe ce brouillard ? On peut de manière optimiste imaginer que l’arrivée du froid fasse descendre les nuages, ou à l’inverse, que ceux-ci sont en train de s’épaissir... Heureusement, on connaît cette montagne par cœur, peu de doutes sur le cheminement malgré la neige et l’absence de visibilité.

La suite de la montée ne pousse guère à l’optimisme. Aucune trace du soleil alors qu’on approche de la crête sommitale. On commence à regretter de ne pas avoir concrétisé l’idée brièvement envisagée en route : Bifurquer vers Abondance pour grimper le Mont de Grange, dont les quelques 200m de plus auraient peut-être été suffisants pour s’extraire des nuées... Maintenant, seule une très légère clarté du brouillard encourage à poursuivre...

16h30. Sur la crête, la patience est de mise. Maintenant qu’on y est, et malgré le vent glacial, il faut savoir attendre, peut-être que les nuages descendront avec l’arrivée du soir, même ci ce calcul s’est déjà montré infructueux par deux fois cet hiver...

Et puis soudain, la crête semble s’illuminer... Brisant rapidement l’ambiance noir et blanc, du bleu apparaît... Le panorama se montre brutalement, au-dessus des épais nuages encombrant les montagnes...

Voilà, la vue est maintenant là dans une ambiance totalement magique. D’ailleurs, le vent est tombé, l’air est maintenant presque agréable dans la lumière chaude du soleil descendant... Hop, on avale rapidement les derniers mètres restants pour atteindre le sommet.

17h, au sommet, la vue est magnifique. Les nuages se dégagent de plus en plus, se cantonnant maintenant aux vallées. La bise s’est clairement levée sur le lac Léman, poussant le stratus en train de se reformer, alors qu’au sommet, il n’y a plus un souffle de vent. Plus haut, les nuages accrochent seulement les massifs intérieurs. D’ailleurs, le sommet du Mont de Grange est encore dans les nuages...

17h30, on commence la descente face au panorama sur le Chablais prenant de plus en plus de couleurs, où la masse des Cornettes de Bise règne en maître... De belles plaques de neige ferme rendent la descente agréable. Hélas, quelques voiles nuageux à l’horizon tamiseront un peu prématurément les couleurs.

La descente se poursuit tranquillement à l’heure bleue face au vallon d’Oche, et à la mer de nuages maintenant bien compacte remplissant les vallées. La nuit tombe sur la montagne, et il est maintenant temps de plonger sous la couche... On terminera la balade à la frontale, fin vers 19h30.