Sortie du 20 février 2023 par Pascal Lac de Crop - Col de la Mine de Fer (2400m)

Il n’a pas neigé depuis un bon mois, le risque d’avalanche est bloqué à 1 depuis un certain temps déjà... Ce serait peut-être l’occasion de s’offrir une petite balade dans la neige vers des objectifs un peu ambitieux...

11h, c’est parti depuis la route de Pré de l’Arc, dont il faudra parcourir un bon tiers à pied en guise d’échauffement... Délaissant l’itinéraire hyperfréquenté en direction du pas de la Coche, on trouve la neige assez rapidement au pont de la Betta, c’est là qu’on chaussera les crampons, qui font merveille sur cette vieille neige dure.

La montée se poursuit assez efficacement sur l’itinéraire, bien damé par le passage des skieurs. On avale rapidement le dénivelé en fond de vallon, avant d’attaquer la longue traversée en balcon pour rejoindre l’aplomb du lac. La neige est dure mais pas gelée, le passage exposé au-dessus des barres rocheuses se traverse sans problèmes. Le lac est rapidement atteint, un peu avant 13h.

Pour l’instant le lac est au soleil dans une blancheur irréelle, on en profite car bientôt le Grand Replomb fera de l’ombre au reste de l’itinéraire. D’ailleurs, les piétons ne vont guère plus loin, la suite au delà du lac est l’affaire des skieurs. Il n’y a plus de bonnes traces damées, il faut maintenant troquer les crampons pour les raquettes.

On se lance à travers les grandes pentes permettant de contourner le lac, qui dès le début révèle la difficulté de l’exercice consistant à marcher en raquettes à travers un dévers... Bon on espère que ça sera plus facile dans l’ascension de la combe plus haut...

Mais voilà que se profile cette grande pente bien raide s’élevant sous le Grand Replomb. La pente oscille entre 30° et 35°, monter tout droit relève de la gageure dans cette vieille neige, moins transformée et gelée qu’anticipé, qui par endroits s’enfonce comme dans du sable. On se résigne donc à suivre les lacets d’anciennes traces de ski. Mais la neige s’effondre souvent partiellement sous les pas, le pied glissant latéralement sur la raquette pour accentuer l’inclinaison, sans que l’enfoncement ne soit suffisant pour atténuer l’effet du dévers... Finalement, mes anciennes raquettes "premier prix" se comportaient mieux dans cette situation... Nada de la vieille neige gelée bien dure qu’on espérait pour grimper efficacement cette grosse pente en crampons, seuls des skis auraient fait l’affaire.

Et ce n’est pas en haut de cette pente qu’on est tiré d’affaire. Les dévers se poursuivent dans la grande traversée rejoignant les dernières pentes menant au col de la Mine de Fer. Mais, on y retrouve enfin le soleil pour remonter un peu le moral.

Il est déjà 15h30, bien au delà de l’horaire qu’on s’était fixé, et la fatigue est là. Du coup, l’objectif initial, qui consistait à franchir la brèche de la Roche Fendue pour rallier le pas de la Coche par l’autre versant, n’est plus d’actualité. Trop tard, trop de fatigue, trop d’incertitudes sur l’état de la neige dans la longue traversée derrière, certainement très peu tracée. Et aussi, la vue sur cette autre traversée en dévers pour atteindre la brèche, pour finir d’achever le moral...

On va donc se contenter de rejoindre le col de la Mine de Fer. Cependant, juste à l’ouest du col, une esthétique petite pointe se profile, qui sera décrétée sommet du jour. Une courte grimpette permet ainsi d’atteindre le Roc de la Mine de Fer, pointu comme il se doit, et qui ne concède qu’une dizaine de mètres au Grand Replomb voisin, hélas inaccessible d’ici. Mais le panorama est là, avec pour seul regret celui de ne pas pouvoir apercevoir les massifs alpins plus à l’est de la chaîne. Il fait chaud au soleil, on se repose tranquillement face à la vue, alors que les chamois gambadent sur les rochers en contrebas...

Il est presque 17h lorsqu’on attaque la descente. Espérons que les dévers soient moins pénibles dans ce sens là... Mais on a toujours cette sensation d’avoir des raquettes "mal centrées", l’avant du pied s’enfonçant plus que l’arrière, rendant la descente droit dans la pente très pénible. On se résigne donc encore à suivre les vieilles traces de ski...

En haut de la grande pente, une belle ligne "tout droit" se profile, avec de la neige ferme mais pas trop. Les raquettes retournent sur le sac, on s’assoit et on se laisse finalement gentiment glisser, de manière parfaitement contrôlée malgré une pente semblent dépasser par endroits 35°. 200m de dénivelé seront ainsi expédiés en guère plus de 5 minutes. Ne reste que la traversée au-dessus du lac, dernier petit effort d’un exercice qu’on commence à connaître...

Il est presque 18h sur la rive du lac qui est complètement à l’ombre, mais on profite des couleurs sur le massif de la Belle Étoile alors que l’ombre gagne sur les vallées embrumées... Une petite pause alors qu’on déchausse définitivement ces abominables raquettes...

La fin de la descente se fera à la nuit tombante, tirant encore une fois profit d’une superbe couloir rectiligne de neige ferme damée par les skieurs, permettant à coup de glissades de rejoindre directement le fond de la combe en s’affranchissant de la longue traversée en balcon, ce qui fera gagner encore pas mal de temps et d’énergie... Fin de la balade sous les étoiles peu après 19h.