Sortie du 7 janvier 2023 par gegers Croix de l’Alpe (1822m) par les Varvats

Les souvenirs d’enfance sont parfois étrangement précis. J’avais 8 ans, en 1993, et je vivais alors dans la campagne limousine près de Limoges, loin des sommets alpins. C’était un samedi matin, et ma mère avait mis de la musique, sans doute le dernier album d’Alain Souchon, "C’est déjà ça". Nous étions en plein hiver, je faisais rouler mes petites voitures Majorette, et je me rappelle de cette lumière intense, chaude, du soleil qui dardait ses rayons à travers les fenêtres du salon. 30 ans plus tard, et alors que je m’élance du silencieux hameau des Varvats à l’assaut du Plateau de l’Alpe, je retrouve cette même belle lumière hivernale qui me rappelle mes matins d’insouciance.

L’insouciance est ici le maître mot. Pas besoin de se vêtir chaudement, il fait déjà 3°C au départ à 8h. Bien sûr, la situation est catastrophique, pour les arbres qui ont besoin du froid pour se regénérer, pour la faune également. Pour le randonneur, la situation est inédite, inquiétante, mais le plaisir hédoniste prend le pas sur les préoccupations par ailleurs légitime concernant le devenir de nos pratiques et de nos sociétés en général. C’est fleur au fusil que je rejoins le plateau de l’Alpe pour une longue journée de rando. J’y accède par le Pas de l’Echelle, et atteins le Habert de Saint-Vincent à l’issue d’une traversée de ce beau secteur de lapiaz, encore gelés à cette heure.

Je prends plein ouest pour rejoindre le secteur sauvage du Pinet. Je déambule et prends le temps dans ces lieux solitaires, pour atteindre peu avant midi le sommet du Truc. Une longue pause, et je m’embarque en direction de la Croix de l’Alpe, que j’atteins par les crêtes des Rochers de Belles Ombres, sous lesquels paissent quelques chamois à l’abri du vent. Je redescends par le Col de l’Alpe et le vallon de Pratcel, dans une ambiance automnale inédite en cette période. Retour sous une température très clémente après 7 heures passées en ces lieux toujours enchanteurs.