Sortie du 24 novembre 2022 par Forêts-myrtilles-et-caillasse et yougs Aiguillette ou Petit Veymont (2120m) par le Pas du Fouillet et retour par le Pas des Bachassons

La chaussée glissante, les bonnets, les gants, pas de doute, l’hiver toque à la porte. A part une voiture, le parking de la Bâtie est désert. Au-dessus de nos têtes, notre objectif du jour resplendissant de blancheur prend déjà le soleil, Vu d’ici, il ne semble pas y avoir beaucoup de neige et conforté par les estimations de Météo France qui annonçait 20 à 30 cm à 2000m, on laisse les raquettes dans le coffre...

Cela commence par une déambulation tranquille dans la jolie forêt mixte de fin d’automne. Les bosquets de hêtres se mêlent aux sapins pectinés, quelques mélèzes côtoient des érables qui attendent déjà le printemps. Au fur et à mesure de l’ascension, la jolie face sud du Petit Veymont dévoile ses gradins colossaux, délicatement ciselé par les chutes de neige de la veille. Plus bas, dans le Trièves, l’automne s’attarde.

On atteint la neige vers 1500m, d’abord une couche fine soulignant les feuilles mortes puis de plus en plus épaisse, elle finit par recouvrir tout le paysage alors que l’on sort de la forêt. Nous voilà à la bifurcation pour le Pas du Fouillet et les petits crampons rassurent pour s’élancer dans la pente de neige cartonnée qui permet de rejoindre la base des rochers et... le soleil !

Arrivés là, on longe la falaise et Hugues se met en quête du câble quelque part sous la neige. Le passage est trop impressionnant pour Anne et elle préfère redescendre et contourner par le pas des Bachassons. Hugues est chez lui, on le laisse finir de tracer le pas du Fouillet et on replonge dans l’ombre...

La couche de neige s’épaissit rapidement au fond du vallon et alors qu’on aborde l’étroiture du pas, je commence à regretter d’avoir laissé les raquettes en bas ! Les accumulations sont conséquentes, la neige ne porte pas du tout et dessous coule une rivière ! Devant, Anne en bon poids plume négocie les lieux avec aisance. Après deux ou trois bains de pied avec de la neige jusqu’aux hanches, je me résous à abandonner toute dignité et je me mets à quatre pattes pour répartir mon poids, les bâtons devenant des alliés précieux. Je progresse ainsi sur une dizaine de mètres et je m’extirpe enfin du piège des Bachassons, retrouvant ma fière stature bipède.

Plus haut Hugues nous fait signe et on le rejoint facilement car le vent a fait son œuvre sur les crêtes. Le panorama s’ouvre complètement, il fait beau, c’est absolument magnifique ! En une poignée de secondes, la petite galère est complètement oubliée et on se dirige heureux vers le Petit Veymont.

Rapidement on se rend compte que ce ne sera pas pour aujourd’hui. Vu la quantité de neige sur le plateau, c’est impraticable en mode piéton et les raquettes auraient été bien plus à leur place à nos pieds que dans la voiture. Bien heureusement la montagne a plus d’un tour dans son sac et le grand rassemblement de bouquetins un peu plus loin sur la crête, prélude à la saison des amours, comble aisément le fugace sentiment de frustration de ne pas être allés au sommet.

Parmi eux, deux énormes mâles au pelage très sombre se jaugent, pour le moment paisiblement. L’un d’eux a vraiment une forte carrure et des cornes très épaisses qui lui ont fait un cou épais. C’est vraiment Mister Big ! On les observe un bon moment puis ils finissent par se déplacer un peu plus bas dans la pente, peut-être un peu incommodés par notre présence.

Pique-nique rapide car il fait pas chaud et on reprend les crêtes en sens inverse. Arrivés au niveau du pas du Fouillet tout bien tracé par Hugues, la question de la galère des Bachassons se pose de nouveau. Outre l’ambiance magnifique qui y règne, c’est quand même un sacré raccourci ce pas du Fouillet ! Anne se laisse tenter et finalement après une petite montée d’adrénaline, la voilà de l’autre côté du pas sans difficulté, bien contente d’avoir surmonté son appréhension.

Retour tranquille jusqu’au parking parmi les couleurs de ce mois de novembre magnifique.