Sortie du 10 septembre 2022 par Peyuko Le Cimet (3020m) par Fours-St-Laurent et le Pas de l’Âne (arête nord-ouest)

Départ 9h, 9° et à un jour près, nous étions le 09/09.

Je suis seul. La boucle nécessitant deux voitures est par conséquent exclue. Un retour par la route ne me dit absolument rien (d’autant que les motards vrombissent à tout va). Et comme je préfère les boucles, j’avais imaginé un itinéraire en me basant sur le topo de Cyril : gagner le Pas de l’Ane par le vallon de la Pousterle/Clot Rougièra, monter au sommet, descendre par le lac du Cimet et finalement revenir à Fours Saint Laurent par la bergerie du Talon.

Autour des 2000m, j’avais repéré une sorte d’épaule à contourner pouvant permettre de rejoindre le vallon de la Pousterle mais entre les cartes et le terrain, on peut parfois avoir des surprises !
Heureusement, dans ce cas, la surprise est bonne puisque je quitte le sentier pour progresser facilement dans une forêt ouverte de mélèzes. Je finis par croiser une sente/draille discrète qui me mène au fond du vallon. Et, un peu au-dessus du torrent, je tombe même sur plusieurs gros cairns au milieu des bois ; il y a donc y une autre façon d’arriver ici.

Le vallon est très sauvage et semble écrasé par le Cimet qui est en plein dans son axe.

J’avance en longeant le torrent et une tache noire, un pneu ?, attire soudain mon attention. Ma première pensée est de me dire "Quelle tristesse, la pollution est vraiment partout, même ici." Mais je réalise rapidement qu’il s’agit d’un pneu atypique, prolongé par des morceaux de métal, et ayant lu l’histoire tragique du vol Paris-Saïgon de 1953, je comprends qu’il s’agit en réalité d’un débris du train d’atterrissage de l’avion. Une autre forme de tristesse.

Je poursuis en remontant au plus près le lit du torrent avant de m’extirper en rive droite par un raide couloir herbeux. Je gagne ainsi une sorte de plateau et rejoins une sente que je quitte rapidement pour remonter le Riou de Clot Rougièra à sec. Je pose ainsi pied sur le sentier qui mène au Pas de l’Ane alors que des chamois jouent aux équilibristes sur des barres rocheuses.

C’est parti pour la crête !

A savoir : si on ne se sent pas à l’aise, le pas d’escalade peut être évité en suivant le sentier et en visant peu après le col, un couloir rocheux orné d’un cairn (vu lors du retour).

Celle-ci se révèle plus longue que ce que j’avais imaginé avec plusieurs antécimes qui cachent le sommet. Sur l’une d’elles, se trouve la fameuse croix en mémoire des 42 victimes du Paris-Saïgon, juste à la verticale des débris que j’avais vus plus tôt.

Petite pause casse-croûte au sommet avec des bourrasques fraiches. Au-dessus de moi et vers le sud, le ciel reste voilé mais les Écrins, l’Ubaye et les sommets Italiens sont totalement dégagés.

Je dévale la crête sud et fatigué du vent, je choisi de piquer vers un petit lac gris en contrebas. Puis, c’est le Petit Col de Talon, le superbe lac du Cimet (seul endroit où je croiserai d’autres randonneurs) et le retour au Pas de l’Ane par un chemin étroit.

La suite se passe dans des alpages vides, aussi bien d’hommes que de moutons.

Revenu dans la forêt, autour des 2100m, je vois un chemin marqué d’une croix jaune ; sans doute l’accès cairné au vallon de la Pousterle/Clot Rougièra sur lequel j’étais tombé le matin.

Retour au point de départ au milieu de milliers de champignons, pour cette boucle en forme de 8, de 16km et 1600m de dénivelé.