Sortie du 20 août 2022 par Peyuko Tête de la Courbe (3089m)

Je propose à Sarah, une amie de passage dans les Alpes, de faire une sortie en montagne. Elle n’a pas trop l’habitude des hauts sommets mais je sais qu’elle aime marcher. Elle me dit qu’elle aimerait voir de la faune si possible et n’a rien contre un itinéraire un peu soutenu. Après la Tête de Sautron, j’avais vu le topo de Cyril pour la Tête de la Courbe. "Ca te dit un 3000 ?" "Allez !" Et nous voilà partis pour cette Ubaye que j’affectionne particulièrement.

La veille, il y a eu de gros orages et lorsque nous arrivons à proximité de Saint-Ours, on voit que de la neige est tombée sur certains sommets. La météo du jour est incertaine mais à priori, pas de précipitations prévues.

Le sentier jusqu’au col de Mirandol monte régulièrement et de nombreuses marmottes nous saluent sur le chemin. Au col, de grandes bourrasques fraiches me font préférer un cheminement sous la crête pour parvenir au pied de la Tête de l’Eysssilloun.

Progressivement, on quitte le végétal pour entrer dans le minéral et nous sommes rapidement accueillis par deux beaux bouquetins mâles qui se prélassent dans un pierrier.

Un peu avant le sommet de l’Eyssilloun, le Brec de Chambeyron se dévoile. Son grand plan incliné est saupoudré de neige, de même que le sommet de Rocca Blanca, alors que les Aiguilles de Chambeyron se cachent sous les nuages.

J’appréhendais un peu la suite du cheminement sur la crête pour Sarah, pas necessairement habituée à ce type de terrain, mais elle se révèle très à l’aise. Autre point positif, le vent a presque cessé de souffler. En revanche, le sommet s’enveloppe dans les nuages par moments. Je croise les doigts pour qu’on y arrive sans être dans la purée de pois !

A proximité de la Tête de Poursoulina, je distingue deux silhouettes qui descendent du sommet de la Tête de la Courbe (seuls autres randonneurs aperçus cette journée). Je visualise donc bien l’itinéraire qui nous attend et la raide partie finale.

Après le faux col, la sente et les cairns qui mènent au sommet s’estompent peu à peu mais ayant bien repéré le couloir à atteindre, nous progressons sans problème d’autant que les nuages ont cessé de masquer le sommet. En revanche, ça grimpe fort, le terrain est meuble, instable et mon amie commence à fatiguer.

La pente dans le petit couloir final s’accentue encore. Sarah est à la peine, je me demande si elle va renoncer, mais elle ne se décourage pas et après de rudes efforts, nous voici au sommet. "Objectif 3000", le premier pour elle, atteint !

Malgré les nuages, ou peut-être d’une certaine manière grâce aux nuages, le panorama est superbe. C’est beaucoup plus dégagé côté italien que vers le nord. Nous nous accordons une longue pause avec casse-croûte pour profiter du spectacle, puis vient le moment d’entamer la descente.

En prenant son temps et avec quelques conseils, Sarah vient vaillamment à bout de ce couloir peu commode. A quelques centaines de mètres de nous, des vautours tournoient majestueusement et font briller leurs ailes au soleil.

Nous retrouvons le faux col, puis plus bas, dans les premières traces de végétation, des edelweiss et de nombreux bouquetins.

Le vallon de la Combe du Loup est très beau, sauvage, avec ses gros blocs rocheux incrustés dans les alpages. Un chamois se faufile dans ce dédale de pierres avant de disparaitre. La bergerie passée, nous retrouvons le sentier du départ pour revenir à Saint-Ours.

Bouquetins, marmottes, chamois, passage en crête, 3000m, edelweiss, un brin de neige... des efforts amplement récompensés ! Sarah est ravie, moi aussi évidemment. Encore une magnifique journée, comme l’Ubaye en a le secret.