Sortie du 21 juillet 2021 par Thierry GARCIN Entre Piniers (3044m)
Au départ de Prapic, belle randonnée à la demi-journée pour qui ne craint ni la caillasse ni la solitude.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
- Météo : temps agréable et sans vent, ciel légèrement voilé et bourgeonnant dès le début de matinée. Fraîcheur au sommet.
- Conditions sur le terrain : quelques névés persistants dans les hauts du Vallon de Chabrière et dans la pente sud menant au sommet de l’Entre Piniers (crampons-piolet non requis).
Récit de la sortie
PRÉAMBULE :
Depuis longtemps l’Entre Piniers (3044m) était un sommet qu’il me démangeait de gravir. Certes modeste 3000, ce sommet n’en est pas moins assez élégant, que ce soit dans son versant sud en forme de rampe élancée d’une belle inclinaison ou dans son versant ouest formant une pyramide quelque peu ramassée.
Combien de fois l’avais-je observé d’un côté et d’autre depuis le Grand Pinier et le Petit Pinier lorsque j’y traînais mes godasses : je ne saurai le dire. J’avais donc gardé en tête de réaliser tôt ou tard la trilogie des Piniers. Pour cela l’Entre Piniers me restait à gravir : l’affaire fut bouclée par une assez belle journée à la mi-juillet 2021.
D’une part l’approche de l’Entre Piniers sur sentier bien tracé est agréable et constitue déjà un bel échauffement pour peu que l’on accélère le pas, puis les alpages et les pentes de caillasse qui prennent le relai et mènent à son sommet sont un terrain idéal pour une remise en jambes, après une interruption par exemple. D’autre part, cette randonnée, pour la partie hors sentier, comporte une petite recherche d’itinéraire (qui reste toutefois évident, du moins par temps clair) et les panoramas dès que l’on s’élève y sont somme toute assez intéressants.
L’ASCENSION :
Du joli hameau de Prapic, comme toujours en solitaire, j’ai naturellement emprunté à la fraîche le sentier bien tracé qui monte plein nord en direction du Lac des Pisses. Dès Prapic les panneaux indicateurs montrant la direction à prendre, nul n’est besoin de s’attarder sur cette première partie de montée de vallon qui ne demande qu’à mettre un pied devant l’autre.
En montant, dans le rétro, donc plein sud, la lumière pure du matin éclairait magnifiquement le Mourre Froid (2993m), le Garabrut (2917m) et la Pointe de Reyna (2908m) sur lesquels mon observation s’attarda un instant car les ayant tous trois déjà gravis plusieurs fois : l’éloignement me les faisait en effet apprécier différemment et leurs lignes de crêtes m’étaient agréables à l’œil.
J’ai quitté le sentier au-delà de l’altitude 2150m (légèrement en dessous de là où le sentier en direction du Lac des Pisses forme une courte traversée ouest-est caractéristique et peu montante, précisément en dessous du D du mot Drac marqué sur la carte IGN). D’ici, j’ai traversé en direction sud-est l’alpage aux herbes grasses perclus de cailloux de toutes tailles et strié de petits torrents aux plaisants glouglous (c’est en effet un endroit humide où, d’ailleurs, deux sources sont répertoriées sur la carte IGN). Impossible de se tromper : à main gauche une petite barre rocheuse en forme de léger croissant de lune bien visible dès que l’on quitte le sentier est là pour guider le randonneur.
Comme toujours, la progression hors sentier en montagne fait appel avant tout à l’observation de la topographie. J’ai donc longé en contrebas à main gauche cette petite barre rocheuse, jusqu’à ce que mon regard accroche rapidement une saignée terro-pierreuse caractéristique en forme d’entonnoir inversé (pointe en haut), sorte d’entaille dans la barre rocheuse. J’ai alors remonté (plein est) cette saignée jusqu’à mi-pente qui se redresse vers le haut. Avant qu’elle ne devienne infranchissable, sur ma droite, un cairn posé en équilibre m’attendait pour m’indiquer le changement de direction à prendre. J’ai donc bifurqué à droite (plein sud) sur une étroite vire terro-herbeuse qui court vers le sud dans la barre à mi-hauteur de celle-ci, avant que des gradins terro-rocheux faciles permettent son franchissement direction plein est, en dessous et face au sommet de l’Entre Piniers.
Cette petite vire est un raccourci évitant le virage en fer à cheval suivant le tracé bleu au-delà du point coté 2318 (marqué sur la carte IGN). L’on reprend pied dans la pente d’alpage sitôt franchie. C’est le gérant de la ferme-auberge-gîte « La Jabiore » à Prapic - on y mange fort bien - qui m’avait indiqué ce passage, passage étroit par lequel il fait lui-même passer ses moutons pour pouvoir les compter un à un et faire le point sur son troupeau, car en plus d’être aubergiste il est un montagnard-éleveur de moutons.
La suite de la progression est évidente, la sombre muraille ouest de l’Entre Piniers constituant un obstacle surplombant oblige son contournement au large. Ayant intégré mentalement au préalable la carte IGN (je procède toujours ainsi), je suis donc monté à l’estime dans l’alpage parsemé de quelques faciles gradins rocheux délités, tout d’abord plein est, ensuite sud-est, de façon à rallier approximativement le petit lac sans nom. Quelques cairns çà et là dans la pente conforteront ma direction. L’hiver 2020-2021 ayant été riche en neige, l’eau de fonte était abondante et ce minuscule lac guère plus grand qu’une mare miroitait au soleil levant.
Du petit lac sans nom (en fait il y en a deux espacés d’une centaine de mètres), la direction à prendre afin de poursuivre l’ascension est un jeu d’enfant. À ceci près que la pente de caillasse, raide par endroits, constituée d’éboulis et de blocs de toutes tailles dont certains branlants, casse bien les pattes et oblige à fournir un effort physique non négligeable. Heureusement, en cette mi-juillet, subsistaient de larges névés bien gelés et à la déclivité régulière qui auront amplement facilité ma progression. N’ayant emporté ni piolet ni crampons, j’ai remonté prudemment les pentes de neige, me stabilisant avec mes bâtons, car une glissade n’eut pas été permise en plusieurs endroits (à la descente les névés ayant pris le soleil et ramolli, je descendrai direct dans la pente lorsque cela se présentera…).
En gros, en dessus du petit lac, j’ai suivi le tracé bleu en fer à cheval (marqué sur la carte IGN) avant de me diriger au nord-est vers le point coté 2914 (marqué sur la carte IGN) constituant un col caractéristique (cairn) d’où le panorama sur le Lac Faravel et le versant nord du Petit Pinier est appréciable. De là, j’ai plus ou moins longé la crête rocheuse jusqu’au sommet de l’Entre Piniers.
CONCLUSION :
Solitude garantie et jolis panoramas sur les Piniers, à l’est les alpages et sommets lointains de Dormillouse et de Freissinières, à l’ouest le Lac des Pisses et la Vallée du Drac Noir, au sud le Tuba et tout au fond le Mourre Froid, au nord émergent les hautes cimes des Écrins.
Comme j’étais en jambes et doté d’un sac léger, 6h45 au total m’auront été suffisant pour faire l’aller-retour depuis Prapic. Parti du hameau à 7h00, j’étais au sommet à 11h00 et à 13h45 en terrasse de « La Jabiore », une excellente bière fraîche en main et une monstrueuse assiette de charcuterie devant moi... Néanmoins, avec ses 1500m de dénivelé positif, cette randonnée « caillasse » pour l’essentiel reste assez exigeante et nécessite une bonne condition physique. Je la classerais dans la catégorie randonnée sportive. Ceci-dit, cette randonnée peut tout à fait se réaliser sans honte en 8 ou 9h00 voire éventuellement davantage, le but essentiel étant de loin de se faire plaisir et s’enrichir au contact de la nature. Par ailleurs, et pour conclure, elle constitue aussi un tracé intéressant pour ceux désirant sortir des sentiers battus et faire l’apprentissage de la topographie.
Photos
Auteur : Thierry GARCIN
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