Sortie du 26 juillet 2022 Ouille d’Arbéron (3563m) arête ouest, voie normale
Depuis le temps que je lorgnais sur ce sommet... ce monstre de la vallée d'Avérole dont Alain m'avait parlé et qu'on avait tutoyé depuis celui de la Croix Rousse en 2016. Mais je ne me doutais pas que nous souffririons autant, mes amis et moi, car prendre pied sur l'arête sommitale de cette Ouille d'Arbéron et aller poser nos fesses juste à côté de son minuscule et insignifiant cairn sommital, n'est vraiment pas une sinécure...
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Météo parfaite sauf qu’il faisait un peu trop chaud. Plus de neige, tout est parti !
Récit de la sortie
Gros défi lancé par mes soins pour ce nouveau petit séjour en Haute Maurienne, que cette ascension de l’Ouille d’Arbéron.
Pour cela, j’ai sollicité quelques amis et deux ont répondu à l’appel.
Un fidèle et un excentrique foufou, c’est tout ce dont j’avais besoin pour me motiver, et les présences de Didier et Julien ont bien eu l’effet escompté sur moi : motivation, envie, solidarité, amitié, entre-aide et humour.
Mais quelle "bambée" quand même, cette ascension !!!
Pratiquement 2000 mètres de dénivelé positif, route interdite à la circulation depuis le parking des Vincendières jusqu’au refuge d’Avérole que nous avons dû parcourir en aller et au retour, montée interminable dans les alpages, puis traversée d’immenses éboulis.
Arrivés au col d’Arbéron, quelle ne fût pas notre surprise lorsque nous constatons qu’il allait falloir descendre 75m D+ pour atteindre la selle de l’arête finale de l’Ouille d’Arbéron, autant de dénivelé à remonter pour le retour, et tout cela dans la continuité de cet infâme terrain d’éboulis.
Par contre ravis de revoir le fameux glacier du Baounet, parcouru en compagnie d’Alain (Ba42) avec crampons, piolet et encordement il y a 6 ans déjà, et entouré de l’Ouille du Favre, et des pointes de la Valette et des Lauses Noires, quel souvenir pour moi !!!
La suite, c’est donc descendre au pied du col d’Arbéron, 75 mètres plus bas, pour aller chercher la selle de cette crête finale, mais il va falloir contourner ce fameux "rognon", cet immense ressaut qui barre l’accès à cette large crête menant au sommet.
Il va falloir l’éviter, car il n’est pas question de grimper là dedans, dans ce terrain pourri instable où tout semble facilement "dégringolable"...
Heureusement que Didier a eu le "nez creux" en proposant de filer à droite du ressaut, car nous y avons trouvé un terrain un peu plus humain, côté sud, avec quelques belles plaques herbeuses persistantes qui nous auront donné du baume au cœur, un instant...
La remontée de la large crête d’éboulis, en direction du sommet fût longue, très longue, les quelques derniers ressauts franchis de celle-ci le furent avec la force du désespoir, une extrême fatigue, mais toujours avec l’espoir d’enfin toucher au but, atteindre ce fameux sommet de l’Ouille d’Arbéron.
Sous le sommet, partis trop à gauche sur la crête, nous avons escaladé de grandes dalles, mais nous sommes retrouvés exposés sur la crête sommitale face au vide sidéral, sans pour autant distinguer quelque chose qui aurait pu s’apparenter à une croix ou un cairn indiquant le sommet.
Alors nous avons dû désescalader légèrement pour prendre une direction plus orientée vers le sud et vers la Croix Rousse, afin de gagner finalement le petit et modeste cairn sommital salutaire, posé là, face à cet imposant voisin plus élancé de 8 mètres.
Situé à cheval entre la France et l’Italie, le sommet de l’Ouille d’Arbéron ne permettra pas d’admirer les contrées voisines, car la "nébia" transalpine est encore bien présente aujourd’hui.
Néanmoins, cet impressionnant effet de vide qu’elle procure n’était pas pour nous déplaire, et a même donné du "cachet" à nos photos de joie commune, provoquées par le fait d’avoir enfin vaincu cette Ouille pour la première fois.
Julien s’étale de tout son long sur le sommet avec la vue plongeante sur le Lago Della Rossa, 800 mètres plus bas.
Didier immortalise cet instant et "mitraille" dans tous les sens.
Moi, je lève les bras au ciel, trop fier de ce nouvel exploit accompli et je brandis ma petite mascotte baptisée "Minicap", que j’ai trop longtemps laissée dans les cartons, lors de mes dernières ascensions montagneuses, ça rajoute un peu d’humour et de gaieté.
Voilà un grand sommet de plus gravi en bonne compagnie, et une immense descente qui nous attend.
Décidément, cette Haute Maurienne mérite vraiment qu’on s’y penche vraiment régulièrement dessus, car elle regorge de "pépites" et après y avoir goûté (la première fois en 2015, personnellement), elle finit toujours par nous manquer.
Photos
Avis et commentaires
Whoa comme ça a changé ! L’Ouille d’Arbéron c’était en juillet 1990 et c’était tout en neige, crampon quasi tout le long...
Les topos que j’ai suggèrent de contourner par la gauche, pas par la droite, la barre rocheuse ou de suivre les cairns pour monter, mais bon comme je disais, ils datent d’une autre époque...
J’essaierais de scanner des diapos de l’époque pour les vues du col sur le Baounnet pour comparaison. Ou alors il ne vaut mieux pas, c’est à pleurer.
Pas certain que vous parliez de la même chose.
Si j’en crois son tracé, Alain a contourné les barres rocheuses par la gauche et s’est coltiné le rognon suivant ainsi l’itinéraire décrit par Patrick Col dans son topo. Ce qui était la voie normale et apparaissant évidente dés qu’on atteint le col.
Alors que d’après les photos l’équipe d’Agarock est descendue du col (la descente de 75 m ?) vers le sud et est remontée vers les barres rocheuses pour les contourner par la droite.
Quid de la descente de 150 m avec corde dans tout ça ?
Effectivement, la Valettaz nous l’avons fait ensemble.
Pour 150 m de remontée la Valettaz valait la peine.
Pour 75, un peu moins puisqu’il faut remonter un peu sous le refug
Nous avons effectivement pris cette descente non mentionnée sur ton topo (ce qui nous a surpris) qui nous a paru à tous les 3, logique depuis le col d’Arbéron (3022m), par contre, en observant les courbes de niveau, j’ai bien exagéré le dénivelé négatif, et j’en suis désolé, puisque il n’y a pas 150 mètres mais plutôt 75 mètres, étant donné que l’on rejoint la courbe de niveau 2950m au sud du col d’Arbéron (3022m), sûrement l’effet de la fatigue après la traversée très pénible du pierrier du lac d’Arbéron. Alors pourquoi ? ben tout simplement parce que cette descente permet l’accession directe à l’arête ouest de l’Ouille d’Arbéron, et contrairement à ce que tu proposes, notamment traverser plus haut (plus à l’est vers les restes du glacier d’Arbéron), il s’agit là d’un autre infâme éboulis, après celui situé sur le grand plateau du lac d’Arbéron, ça faisait beaucoup, alors que la descente est bien plus douce, notamment pour les pieds et les articulations, et dépourvue de désescalade. C’est un choix.
Je rappelle que tout était sec lors de notre ascension, pas un brin de neige... j’ai d’ailleurs rajouté un tracé approximatif de notre cheminement, sur le portfolio de cette sortie.
Après, l’option du retour par le long du ruisseau de la Valletaz est une option à laquelle nous n’avons pas pensé, mais en lisant ton dernier post, cette option de descente m’a de suite paru beaucoup plus longue afin d’éviter la remontée vers le col d’Arbéron, mais effectivement, quand on regarde la carte IGN plus attentivement, ben... pas tant que ça, d’ailleurs je me souviens bien avoir suivi cet itinéraire avec toi, pour l’ascension de la Croix Rousse par le glacier du Baounet en 2016.
Bonjour
Il ne faudrait pas entrainer les candidats au sommet dans l’erreur. La redescente de 150 mètres n’est pas obligatoire. vous êtes les premiers à la faire.
Si mon topo ne suffit pas, voici celui de Bivouak :
bivouak.net/topos/topo-44...
"...En cherchant bien et en suivant les quelques cairns, on parvient à descendre sur le glacier, au prix de pas d’escalade (II) un peu exposés (corde utile pour ceux sensibles au vertige). Néanmoins, il est possible, pour ceux que cela rebute ou ceux sans corde, de trouver un passage beaucoup plus facile en longeant les barres en légère descente vers l’Ouest.
Traverser le bout de glacier vers le Sud pour rejoindre l’arête Ouest de l’Ouille d’Arbéron, qui parait évidente comme voie normale. Un passage d’escalade (II) en rocher fragile conduit à l’arête (3100m)..."
Ensuite, en cas de redescente en versant sud du col d’Arbéron, il ne faut pas remonter, il faut rentrer par le sentier du ruisseau de la Valletaz.
En ce qui nous concerne, nous avons croisé un couple de randonneurs qui ont atteint le col d’Arbéron, mais qui nous ont dit qu’ils n’iraient pas plus loin et n’ont donc pas eu le courage de nous suivre après que nous leur ayons proposé de le faire, notamment quand ils ont vu la descente de 150mètres pour prendre pied sur l’arête détritique et bien pourrie de l’Ouille... et comme je les ai compris à ce moment là ! D’ailleurs, avant que nous nous lancions dans la dernière partie bien pourrie de cette grande aventure, comprenant les 550m D+ qui nous séparaient du sommet, + les 150m D+ à remonter qui nous attendaient pour le retour,
je crois que je les ai envié...
Bien joué !
Je garde un excellent souvenir de ce sommet où on n’est pas dérangé par la foule !
Mais c’est vrai que c’est bien long quand même.
Photos 10 et 11 : parfait ! Apparemment le génépi est à point.
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