Sortie du 17 octobre 2021 par CourtePatte Sommet du Charra (2844m)
Parce que cette année je voulais voir les mélèzes dans leur phase jaune d'or... Parce que la Punta Charra figurait depuis quelques années à mon carnet de convoitises... Parce que ce secteur est tout simplement magnifique !
Itinéraire, carte // Fiche topo
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Conditions météo
Grand beau.
Récit de la sortie
Voilà plusieurs années qu’une longue balade d’automne m’avait menée du Rocher de Barrabas au col della Mulattiera où j’avais été saisie par la beauté de la Punta Charra hissée au-dessus de sa fourrure de mélèzes. Je m’étais promis d’y retourner un jour, et si possible de tenter l’ascension par la Via degli Alpini.
Je pars de Beaulard, car je vais faire cette balade en traversée avec un retour à pied jusqu’à Bardonecchia où je suis basée ce week-end. Il fait encore nuit lorsque je descends du Bardonecchia-Turin peu avant 7h ; mais le temps d’enfiler le premier sentier et déjà les formes ont commencé à surgir de l’ombre ; les couleurs ne vont pas tarder.
Compte tenu des conditions anticycloniques de ces derniers jours je n’attends pas un grand spectacle du lever de soleil. Mais lorsque j’arrive à la hauteur de Refour je lève machinalement les yeux au-dessus de la forêt et j’ai un petit choc. La silhouette de Punta Charra, que j’ai en vue presque depuis le début de la montée, s’est subitement illuminée ; chacune de ses aspérités semble rehaussée au pinceau d’or. C’est d’autant plus magique et inattendu que c’est bien le seul moment de la journée où ce versant nord sera caressé par le soleil !
Mais c’est que ce soleil d’automne a beaucoup à dire. D’étage en étage de la montagne, il illumine les feuillages : d’abord le jaune franc des érables, et plus haut le plumage doré des mélèzes. C’est qu’il a du travail le soleil. Je trouvais que le fond de l’air était frais, et vers 2300m je découvre des ruisseaux entièrement silencieux, figés par le gel dans une texture de bougie fondue. Étonnant contraste avec cette lumière d’arrière-saison radieuse !
Juste avant de partir, un site de topos italiens m’avait annoncé que la Via degli Alpini vient d’être rénovée. Cela en chagrinera peut-être certains ; personnellement cela me permet de faire l’économie d’un plan B en cas de sentier trop scabreux. Mais c’est un fait que sur les premiers mètres je trouve la vire tellement confortable, et si bien sécurisée par le câble neuf, que je me dis que je pourrais presque y emmener ma grand-mère ; paradoxalement c’est le câble lui-même qui me gênerait par moments, car il frotte sur mon sac à dos - la vire n’est tout de même pas très large - et me déséquilibre.
Un peu plus loin cependant on rencontre quelques passages étroits, quelques enjambées malaisées, où le câble est tout à fait appréciable ; puis ce sont de petits passages en pierrier qui n’ont pas pu être sécurisés (il y a également un endroit où le câble a déjà été enseveli par un nouvel éboulement) ; et au fur et à mesure que ces menues difficultés se présentaient, le nombre des proches que je pourrais emmener ici s’est passablement réduit.
Bref : ce n’est pas, ou plus, la grande aventure, mais ce n’est pas non plus devenu un trottoir ; et le plaisir de cheminer en pleine muraille est totalement intact.
Au col de la Grande Hoche, on aperçoit de petits lacets qui montent vers une couronne de roches ; on se dit que le sommet sera plié en un quart d’heure. Erreur ! Il n’est pas là du tout le sommet ; et on ne l’aperçoit pas depuis le haut du premier ressaut rocheux... ni depuis le suivant... En fait, il y faut un grand cheminement dans un dédale de roches où l’on met régulièrement les mains, et où j’ai trouvé les nombreux cairns aussi bienvenus que le rare et ancien balisage rouge ; sans ces indications l’itinéraire pourrait devenir franchement laborieux. En l’état c’est surtout ludique, avec d’astucieux contournements, un étonnant passage en versant nord et même une petite redescente en versant sud qui m’a brièvement donné à penser que j’étais en train de faire je-ne-sais quel tour de la montagne non documenté...
Au sommet, évidemment, les vues sont grandioses. Écrins, Rochebrune, montagnes italiennes que je serais bien en peine d’identifier ; et des aperçus de toutes les vallées glorieuses du secteur : Clarée, Valle Stretta, Valle della Rho, etc etc. Dans ces conditions d’anticylone il n’y a presque pas de vent aujourd’hui ; et le silence est épais comme un sirop.
Sur le sentier du versant sud c’est une toute autre histoire. Recuit par le soleil, il est peuplé de pins torturés et de buissons de busseroles. Il ressemble d’ailleurs comme un frère au sentier du sud du Rocher de Barrabas : mêmes passages un peu paumatoires, mangés par les pins ou éventrés par la béance d’un lit de torrent aux bords effondrés. Pourtant on lèverait volontiers le nez pour profiter des spectacles entre lesquels on chemine : fond de la vallée des Acles, ou silhouette dramatique du Rocher de Barrabas tout proche.
Puis c’est le retour au col des Acles, où les mélèzes luisent comme des chandelles devant une Punta Charra plus flattée que jamais par le soleil de la fin d’après-midi. Qu’elle est donc belle... Et si j’y retournais ?
Photos
Auteur : CourtePatte
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