Sortie du 25 octobre 2020 par patrick73 Rocher de Sarvatan (2510m), à ski de randonnée

Rocher de Sarvatan par le couloir Sud et la Grande Pierraille, dimanche 25 Octobre 2020.

"Comment on l’a rêvé, comment on l’a fait !"

La neige est arrivée, et en abondance. Et puis la neige est partie. On se le disait bien, de la neige très bas une fin septembre, c’est louche quand même.

Mais il en reste, un peu, dans les combes, dans les envers. On s’est dit alors que ce serait joli d’aller ravauder autour du Sarvatan, et pourquoi par aller au Gros Villan par les pentes nord.

Armés de nos piolets et crampons, on imaginait une belle pente un poil raide dans de la neige légère à tracer.

On rêvait de soleil, de lumière, de blanc et de bleu, on rêvait même d’un vent froid faisant virevolter la poudre. On se voyait entre les grands piliers de granites clairs, où de soyeuses coulées de poudres blanches s’évaporent dans l’air froid et cristallin.

On était loin, très loin, quelque part peut-être dans le Zanskar, ou le Pamir...

La machine à rêver s’était mise en marche, il n’y avait plus de limites, plus d’entraves. Juste des envies, légères et libres comme l’air, fluides comme le vent.

Et vlan !!!! Ça c’est lui, le vent... La claque qu’il nous a mis quand nous sommes sortis au col. Alors oui, la neige volait de partout. Les cristaux de neige tranchants nous cinglaient le visage.

Alors oui, il était froid, oui le vent nous secouait. Mais ce n’était pas comme dans mes rêves !

C’était presque violent, dur. On a vu la grande pente blanche du Gros Villan s’évanouir, il n’y avait plus que les 70m raides qui mènent au Rocher de Sarvatan, tout gelés et givrés, d’une neige croûtée et cartonnée qui cède sous les pas.

L’onglée nous a pris, le froid nous a transis. Sur l’arête, juste sous le sommet, on en a eu assez, on s’est arrêté. Il a fallu s’emmitoufler pour ne pas geler sur place, avant de retrouver la tiédeur du grand couloir sud, la neige mouillée et profonde, les chocards et le gypaète, nos traces de montée...

Il me restera cependant, dans un coin de ma tête, comme un rêve presque accompli, des sensations réelles, douces, parfois violentes et surtout une énorme envie de recommencer, ici ou quelque part ailleurs...