Sortie du 10 juin 2018 par patrick73 Rocher de Sarvatan (2510m), à ski de randonnée
Le Rocher de Sarvatan, par le Glacier de Sarvatan, si si ! par le glacier (c'est tout nouveau !)
Itinéraire, carte // Fiche topo
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Conditions météo
Beau temps se couvrant dès 7h le matin.
Voilé voir nuages épais jusqu’à midi, le mauvais temps restant sur les pics de Belledonne. Ça n’a pas traversé la vallée de l’Arc !
Enneigement continu à partir du talweg sur la moraine à 2050m avec faible regel mais la neige est bien portante (crampons fort utiles) .
La montée du couloir du col de Sarvatan gavé de neige, avec des phénomènes de reptation, ouvertures de crevasses, et même une rimaye (ou roture) contre les dalles rocheuses !
Récit de la sortie
Rocher de Sarvatan, voie normale Sud Est, le 10 Juin 2018.
Le glacier de Sarvatan
Ce n’est pas par hasard que nous nous sommes trouvés sur cette montagne-là ce dimanche-là.
L’enneigement extraordinaire de cette année (quoique quand j’étais gamin, ce n’était pas très différent de mémoire !), un coup d’œil rapide en rentrant de Bessans la semaine précédente, nous a donné l’envie de se payer une petite course de neige "tranquillou" histoire de remettre les "crabes" sous les "grosses".
Et grand bien nous en a pris, ce fut superbe !
On a vraiment eu la sensation de remonter (et redescendre quand même !) sur un glacier.
L’épaisseur de neige est telle, que des phénomènes de reptation se sont mis en place, ouvrant de petites mais réelles crevasses à enjamber, dans les pentes les plus raides à l’approche du col.
Bon d’accord, pas large les crevasses, mais quand même...
De même au contact des dalles rocheuses sous le faux Gros Vilain en rive gauche, on observe de beaux décollements de la masse neigeuse au contact du rocher !
De vraies rotures (je crois que rimaye peu se dire aussi même s’il y a une nuance).
Alors on s’est dit, que ce jour-là, en 2018, en plein réchauffement climatique où nos glaciers deviennent faméliques, et bien nous, nous aurons fait le rocher de Sarvatant en "mode" glacier !
On pourra dire que nombre de nos congénères n’auront pas eu cette chance, et que nous sommes un poil privilégié !
C’est en tout cas ce que nous nous sommes dit avec un couple que nous avons croisé à la descente, et qui se faisait les mêmes réflexions que nous !
Mais ce glacier ne sera qu’éphémère, en tous cas à notre échelle de temps !
Photos
Auteur : patrick73
Avis et commentaires
Relativement à l’évolution des glaciers, j’ai retenu la phrase "et j’ai pu retrouver sous la glace des fours à cristaux qui avaient été exploités à ciel ouvert à cette époque".
Merci pour cette explication très documentée.
Oui rimaye = decolement glacier/neige
Oui roture = décolement glacier/rocher.
Et re oui le terme "roture" tend à disparaitre au profit de rimaye.
Et finalement l’essentiel est de se comprendre !
J’adore ces réferences historiques 🙂, merci beaucoup !
Rimaye ou roture : en gros on parle de rimaye pour la rupture entre le glacier et une pente de neige (ou de glace) ; on parle de roture pour le décollement entre le glacier et une paroi rocheuse. Il semble cependant que roture soit un terme plutôt savoyard et suisse romand ; il a tendance à disparaître au profit de celui de rimaye (l’utilisation de roture dans le sens "qui n’est pas noble" y est peut-être pour quelque chose).
Roture : dérivé du latin ruptura (pp de rumpere = rompre), ancien français rupture, déchirure.
Extraits de " La moraine profonde et l’érosion glaciaire", Annales de l’Observatoire météorologique du Mont-Blanc, tome 3, 1898. pp. 153-182, par Joseph Vallot (celui du refuge).
"Agassiz et ses compagnons avaient pu descendre dans une cavité du glacier de l’Aar, mais c’était dans la roture qui s’étend le long de la rive. Là, on rencontre nécessairement les débris tombés le long de la roche escarpée."
"il s’est formé, pendant un arrêt de plusieurs années, une petite moraine latérale, constituée par des blocs de moyenne grosseur. L’espace étroit qui s’étend entre cette moraine et le glacier, dans son très lent retrait des dernières années, était un peu plus large il y a douze ans, et j’ai pu retrouver sous la glace des fours à cristaux qui avaient été exploités à ciel ouvert à cette époque. Les cavités sous-glaciaires que j’ai visitées sont de deux natures très différentes. Dans les unes, le sol est en pente rapide et forme la roture latérale du glacier ; dans les autres, le sol est formé par le plateau rocheux."
"En 1897, j’ai pu pénétrer à quatre endroits dans la roture marginale, aux Mottets."
"... s’il y avait entraînement de blocs sous-jacents, ces blocs ne tarderaient pas à s’encastrer dans la glace, comme ils le font dans la roture marginale du glacier."
"... les vallées peuvent plus facilement être élargies par les blocs des moraines latérales qui tombent fréquemment dans les rotures marginales."
"... sur les bords des glaciers actuels, on peut voir de nombreux blocs tombés dans la roture et formant la râpe marginale qui continue à se produire actuellement."
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