Sortie du 18 octobre 2020 par gegers Col d’Arsine (2340m), par le Casset.

Ne me parlez pas du sapin, de l’épicéa ou du cèdre. Non, si vous voulez me parler conifères, parlez-moi du mélèze, le grand et noble mélèze dont le bois imputrescible sert à construire les maisons ou navires les plus robustes. Le mélèze discret, qui au contraire de se confrères fait preuve d’une modestie évidente. En effet, alors que ses camarades arborent leur verdure presque vulgaire en toute saison, le mélèze voit ses aiguilles tomber à l’automne, et constituer un tapis accueillant qui invite à la déambulation. Avec son tronc impérial, ses branches espacées, ses couleurs mordorées à l’automne, le mélèze vaut bien le déplacement.

C’est lui qui me fait d’ailleurs venir dans ce coin des Ecrins que je n’avais encore pas visité. Comme une tradition annuelle, l’automne s’accompagne pour moi de la vue de ces arbres majestueux, que l’on ne rencontre malheureusement que peu dans les massifs proches de Grenoble. Rendez-vous au Casset donc, petit hameau bucolique que l’on rejoint après avoir franchi le Col du Lautaret (il semble que le Col du Galibier soit définitivement fermé pour cette année).

Tandis que les hauts sommets s’illuminent, j’attaque la montée dans une ambiance plutôt fraîche, le thermomètre affichant -2°C à 8h. La traversée du mélézin s’effectue rapidement, et j’arrive au-dessus de la forêt au sympathique Lac de la Douche, encore éteint. Il faut, pour trouver enfin le soleil, atteindre l’entrée d’un splendide vallon entre la Pointe de l’Etendard et la Pointe du Réou d’Arsine. L’ambiance se fait particulièrement sauvage dans les chaudes couleurs de l’automne, et l’hiver fait son apparition à partir du Réou d’Arsine, où la neige devient bien présente. Si le cheminement reste aisé jusqu’au Col d’Arsine, le sentier, toujours bien marqué, est carrément verglacé pour rejoindre les deux lacs d’Arsine.

Je déambule dans une solitude apaisante, arpentant la moraine séparant les deux lacs, à l’écoute des éboulements se produisant sur les hauts sommets devant. Le spectacle de voir ces deux lacs en partie glacés est résolument époustouflant.

Je décide de poursuivre le plaisir en me baladant dans le vallon, sous Pradieu, en direction du Lac de l’Etoile. Il n’y a pas âme qui vive en ces lieux malgré le temps splendide, et cela rajoute au plaisir de la randonnée.

J’entame la descente alors que l’ombre commence à s’étendre sous la Pointe du Réou d’Arsine. Le Lac de la Douche reçoit les derniers rayons mais en-dessous, dans le Mélézin, c’est une explosion de couleurs. Je prends le temps de déambuler parmi les mélèzes afin de prolonger le plaisir d’une randonnée d’exception.