Sortie du 20 septembre 2020 par Randorama74 Lac du Plan du Buet (2645m) par la Guivre et la Grande Vire du Buet

Une tentative du côté de la Fausse Guivre du Buet.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Terrain globalement sec lors de l’approche. Puis de plus en plus humide à l’approche des Guivres. Résurgences très importantes dans la Fausse Guivre, notamment au niveau du verrou rocheux.
Beau temps, plutôt chaud.

Récit de la sortie

Avant-propos

J’ai volontairement décidé de ne pas rédiger de topo détaillé de l’itinéraire. Celui-ci existe, mais il date des années 80. Et comme le terrain a visiblement beaucoup changé depuis, il me semble hasardeux de le reprendre tel quel. La partie située au-dessus du verrou doit à priori être assez "rando". Mais je vais laisser à d’autres le soin de vérifier... au moins pour l’instant.

Récit

Jeudi 20 août 2020. Il est 8 heures lorsque nous quittons le parking des Fardelays avec Alexis. Cela fait trois semaines que nous avons essuyé un but lors d’une première tentative à la Fausse Guivre du Buet. Aujourd’hui, c’est la revanche ! L’itinéraire a été exploré par un randonneur en 2011, et les photos postées sur Camptocamp ont aiguisé ma curiosité. Selon le CR, le ressaut qui barre la gorge vers 1800 mètres est impossible à franchir. Mais nous avons vu, lors de notre première visite, que celui-ci semble faisable en mode « rando », à condition d’être sec. Pour me conforter dans cette idée, j’ai retrouvé la description de l’itinéraire dans l’ancienne version du guide du CAS. Le ressaut passait à l’époque via une renfougne en III. Le guide actuel parle lui d’un itinéraire abandonné en raison des chutes de pierres (mais rien sur un éventuel ressaut infranchissable).

Nous profitons de la longue approche jusqu’aux Chalets des Fonts pour échanger sur les semaines passées. Alexis me parle de ses sorties dans les Fiz et au Mont Blanc. Je lui parle de surf et de vacances en Bretagne. En réalité, je n’ai pas vraiment réussi à couper complètement lors de celles-ci. Impossible de ne pas penser à cette Fausse Guivre, en regardant les photos pour retourner le problème dans tous les sens.

Nous arrivons enfin aux Fonts et nous nous engageons sur le sentier discret qui descend vers le Giffre. La trace en sous-bois est toujours bien marquée, signe que nous sommes quand même quelques-uns à fréquenter ces itinéraires perdus dans ce bout du monde. Nous descendons les berges escarpées du torrent, et le traversons pour commencer la remontée du nant le plus à gauche du cirque. Contrairement à la dernière fois, nous évitons de rester au plus proche de l’eau et montons assez haut sur les berges. On évite ainsi les amas de roches en équilibre, dans lesquelles nous avions perdu un peu de jus il y a trois semaines. Cette approche des Guivres me semble toujours aussi longue et fastidieuse. Après un bon moment, nous bifurquons à gauche pour entamer l’ultime montée vers notre objectif. C’est sans doute la partie la plus intimidante de la randonnée. Le terrain se raidit un peu, à mesure que l’on approche des immenses parois du cirque. On se sent écrasé et minuscule. Le soleil encore caché derrière le Buet ajoute une touche lugubre au tableau.

Nous nous arrêtons à environ 200 mètres des parois pour nous équiper avec le casque et le piolet. Je regarde le débit du torrent, qui me semble bien moins important que la dernière fois. Alexis et du même avis et nous repartons avec un bon espoir de trouver de meilleures conditions cette fois-ci. Mais nous avons à peine parcouru 50 mètres, que le bruit des eaux reprend de plus belle. Il faut nous rendre à l’évidence, le débit du torrent est au moins aussi important qu’il y a trois semaines. Nous rejoignons le dernier mur raide qui donne accès au cône d’éboulis situé au pied des parois. Celui-ci est toujours encombré de blocs immenses, certains étant de la taille de petites voitures. Étrangement, je ne reconnais pas le terrain. Les blocs n’ont pas la même physionomie. Et cette immense coulée de mortine à droite... impossible de me rappeler l’avoir vu la dernière fois. Le terrain a certainement encore bougé lors du dernier orage.

Nous atteignons enfin le pied de l’immense paroi située entre les deux Guivres. Je me plaque autant que possible contre elle, et sort la gourde du sac pour une petite pause. À droite, la Guivre, dont le haut est baigné par les premiers rayons de soleil, me semble bien accueillante ; alors même qu’elle m’avait fortement impressionné en 2015. Il faut dire qu’à gauche, la Fausse Guivre offre une vision on ne peut plus impressionnante. Deux immenses parois de plusieurs dizaines de mètres de haut, composées de schistes noirs et humides. Une gorge dont on ne devine pas le fond. On ne se sent définitivement pas à sa place dans ces coins perdus du Haut-Giffre...

Nous longeons la base de la paroi en suivant une trace de chamois. Comme la dernière fois, un court passage en dévers se révèle bien casse-gueule. Nous atteignons la gorge et commençons à la remonter en direction du ressaut qui la barre vers 1800 mètres. Il y a nettement plus d’eau que la dernière fois, et je me demande comment cela est possible, alors même que nous étions venus un lendemain d’orage ! Cette fois-ci, nous avons attendus deux jours de beau temps. Et les névés au sommet de la face Ouest du Buet sont réduits au minimum. Quand ça veut pas ça veut pas...

Comme la dernière fois, je presse le pas et remonte la gorge aussi vite que possible. Je passe mon temps à lever la tête pour guetter d’éventuelles chutes de pierres. Précaution bien dérisoire au vue de la taille des parpaings qui jonchent le sol. Après avoir franchi une dalle glissante, nous sommes enfin au pied du ressaut. La dernière fois, j’étais resté à bonne distance, vaincu d’avance tellement l’image que j’avais devant moi était différente des photos que j’avais pu trouver sur Internet. Cette fois-ci, je rassemble mes pensées pour analyser le problème, et j’essaye, autant que possible, de ne pas me laisser impressionner. Le ressaut principal est un immense bloc triangulaire d’environ 5 à 6 mètres de haut. Il est légèrement déversant et peu prisu. La tête du triangle est enfoncée dans le sol. Au-dessus, d’autres blocs sont empilés et portent la totalité du ressaut à une dizaine de mètres. Les blocs secondaires semblent proposer une escalade assez facile. En revanche, ce bloc triangulaire me semble toujours aussi imprenable.

Je croise rapidement le regard d’Alexis, et nous explosons de rire tous les deux. Il faut se rendre à l’évidence, ça sent encore une fois le but. L’eau pisse des deux côtés du ressaut. Je demande à Alexis de prendre mon mètre 85 en photo devant le ressaut, afin de donner une idée de la taille du verrou. Je tente ensuite de rejoindre la partie droite du bloc. L’ancien topo du CAS indiquait qu’il fallait passer ici, en s’élevant en opposition entre le bloc et la paroi sur environ 6 mètres. À priori, cette description ne correspond plus du tout à la configuration actuelle du ressaut, mais je tente quand même le coup. Je remonte prudemment une petite dalle couchée complètement trempée, non sans prendre une bonne douche froide au passage. Je parviens à prendre un excellent bac à droite, mais la flotte me tombe en cascade sur la gueule. J’essaye de prendre appui avec un pied, mais où que je le pose, la paroi est humide et glissante. De retour vers Alexis, nous échangeons pour convenir que le ressaut, bien que costaud, doit passer s’il est sec. C’est tout de même du bon IIIe degré sup. Alexis tente de regarder du côté gauche du bloc. Là on est plus proche du Ve degré...

Nous renonçons à tenter le ressaut, trop dangereux en l’état. En revenant sur nos pas, nous jetons tout de même un œil à la cheminée schisteuse repérée la dernière fois. Celle-ci, située environ 10 mètres avant le ressaut, monte dans la partie droite de la gorge. Après une dizaine de mètres d’escalade, il semble possible d’emprunter une vire très étroite qui rejoint le sommet du bloc triangulaire. Mais d’ici, impossible de dire si cette impression est correcte. Nous touchons la roche au pied de la cheminée. Tout fout le camp dans les mains. Le Haut-Giffre dans toute sa splendeur. Nous prenons quelques minutes pour tenir un nouveau conciliabule. Une petite voix nous dit de tenter le coup, mais c’est la raison qui l’emporte aujourd’hui. À croire que nous sommes enfin assez adultes pour accepter de renoncer pour de bon quand ça pue !

La descente est longue et monotone. Mais c’est aussi l’occasion de faire le point dans ma tête. J’en ai définitivement marre de perdre mon temps sur ce genre d’itinéraire casse-gueule. Plus largement, le Haut-Giffre a fini de m’obséder. La face Ouest du Tenneverge me trottait dans la tête il y a encore deux jours, mais après cette journée, j’ai simplement envie de retrouver des itinéraires un peu plus classiques. Terminé avec ce massif pour cet été. On va se recentrer sur d’autres objectifs, ailleurs...

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 20 septembre 2020

Dernière modification : 2 octobre 2020

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Avis et commentaires

Cela fait presque trois étés que je suis focalisé sur le Haut-Giffre. Il est vrai que c’est un massif qui offre de quoi s’occuper pour une vie entière. Mais là, j’ai vraiment l’impression d’y avoir passé trop de temps, alors qu’il y a énormément de choses à voir ailleurs.
Quoi qu’il en soit, je vais continuer d’y aller à l’occasion, ne serait-ce que pour voir encore quelques itinéraires qui me font rêver.

Photo 8 : je ne vois pas bien où est le problème ?
Photo 9 : ah si tiens, maintenant je vois...

En tous cas, tout comme Pascal : c’est peut-être un but mais le récit m’a tenue en haleine ! On en viendrait presque à regretter cette toute nouvelle sagesse à l’égard du Haut-Giffre...Mais l’été prochain, qui sait ?

Si ça ne passe pas en septembre après une période aussi chaude et sèche, je vois assez mal comment trouver le créneau idéal...

Ou alors en hivernale, piolet-crampons ?

Franchement, ça doit passer (même si c’est costaud comme escalade pour de la rando) mais il faut vraiment trouver le créneau. Je me dis qu’il faut sans doute attendre une année caniculaire, où tous les névés de la face Ouest auront disparus, et où le lac du Plan du Buet serait presque à sec.

Même si l’itinéraire n’est pas concluant, on adore "participer" à la visite par le récit et les photos. Merci !

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