Sortie du 14 septembre 2020 par CourtePatte Pic de Valsenestre (2752m) par Valsenestre

Un final en arête ludique après une montée parmi les paysages des Écrins et une visite au peigne monstrueux des Orgues de Valsenestre.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Beau mais ciel encombré.

Récit de la sortie

La canicule ce n’est plus ce que c’était.

Quand la météo a annoncé le retour de la chaleur en cette deuxième semaine de septembre, en montagne je voyais ça très bien : ciel bleu tout nu - quelques nuages vers la frontière italienne, parce qu’il y a des traditions à respecter -, petits matins délicieusement frais parmi la végétation à peine humectée, etc.

Mais au lieu de cela, ce que je vois depuis que je monte vers Côte Belle c’est un ciel encombré de bouffées nuageuses qui coagulent autour des sommets. Le Pic de Valsenestre n’est heureusement pas assez haut pour être accroché ; mais une énorme taie grise, dont les dimensions semblent avoir été calculées pour plonger toute la montagne dans l’ombre, a pris position au-dessus du sommet et n’en décollera pas de la journée. Je vais faire des économies de crème solaire.

Plus inquiétant, la végétation ruisselle de condensation, et par endroits le sentier est presque boueux. Dans quel état vais-je donc trouver l’arête ?

Il n’est pas encore question de cette dernière. Malgré le ciel mitigé et la lumière enrhumée je profite des vues vers l’intérieur des Écrins et ce vallon de Valsenestre, tout chevelu de mélèzes, que je ne connaissais pas.

J’atteins bientôt le premier objectif de cette balade, les fameuses Orgues de Valsenestre. Alors là. J’ai pourtant vu des photos, mais rien ne prépare à la rencontre physique avec le phénomène. Ne serait-ce que parce qu’aucune photo ne peut rendre compte des dimensions du site : ces feuillets monstrueux, que l’on dirait séparés par quelque peigne géant, constituent une véritable colline. La lumière blafarde ajoute encore à l’ambiance. C’est sinistre et démesuré, avec quelque chose de médiéval ; on pense à une herse, à la gueule pleine d’aiguilles de quelque monstre par Jérôme Bosch. Mais quel spectacle !

En quelques pas me voici maintenant au col de Côte Belle. D’où il est à peu près impossible de deviner la position précise du sommet dans la couronne rocheuse qui coiffe la pente. Les topos c’est fait pour ça : je vais me régaler.

Dès le début de l’ascension je comprends deux choses. D’abord, que la roche est sèche : aucune inquiétude à avoir de ce côté. Ensuite, que l’itinéraire est assez richement cairné. Entre les cairns, les photos du topo et la précieuse phrase "Ne pas s’engager dans de l’escalade très exposée, si c’est le cas, c’est que vous vous êtes trompé", il faudrait que je fasse preuve d’une imagination débordante pour me fourvoyer.
Cela dit, de l’imagination j’en ai et je vais quand même prendre plein de photos derrière moi, façon Petit Poucet, pour être capable de retrouver mes marques le cas échéant... Mais la montée est délicieusement ludique, presque trop brève, et me voici au cairn sommital.

Ce n’est pas là-haut que je vais faire des photos pour Alpes Magazine. Malgré le ciel encombré les vues sont à peu près dégagées, mais la lumière est atroce. Dommage : pour une fois, j’ai une vue sur le Dévoluy qui fait la part équitable à l’Obiou et au Grand Ferrand. Mieux, voilà qu’à cette altitude je surplombe légèrement le Plateau de Bure, dont je peux voir les bâtiments et la rangée des antennes alignées.

Et maintenant, par où redescendre ? La suite de mon programme c’est la Combe Oursière. J’ai repéré un topo succinct, sur le Net, qui mentionne la possibilité de descendre dans le Vallon de la Chalp et de remonter via Rache. Mais il n’est pas prolixe en détails et je vois deux points de départ possibles - pas très bon signe ça. De plus l’itinéraire est coté "R5", hum... et enfin il exige un "terrain sec". Ce dernier point règle la question : les deux possibilités que j’examine comportent de nombreux passages herbeux et dans ces replis de pente, sous le nuage, je constate tout de suite que la végétation est restée humide et glissante. Ce sera un retour par l’arête, et je rejoindrai la Combe Oursière par le sentier en balcon tout confort de Côte Dure.

Je recommande cette option à qui voudrait faire le Pic de Valsenestre en boucle plutôt qu’en aller-retour. Pour ma part j’ai dormi à la cabane de Combe Oursière car j’étais de toutes façons partie pour deux nuits en montagne ; mais je ne suis même pas sûre que le retour par Combe Oursière soit beaucoup plus long que via le GR. Or la combe offre un visage forestier, entre mélézin et prairies d’épilobes, assez différent des paysages d’alpage rencontrés à l’aller. Sans parler des groseilliers, ou de la "plage fossile" gréseuse qui était une autre de mes motivations pour cet itinéraire (voir ce site). Bref, de quoi richement compléter une balade déjà bien garnie !

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 14 septembre 2020

Dernière modification : 20 septembre 2020

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Avis et commentaires

Merci ! Cette montagne mérite vraiment la visite.

Pour répondre à ta question : "l’écriture", houlà ! c’est une autre paire de manches. Pas à l’ordre du jour pour le moment...

Superbe les photos, et quel bel endroit !

Vraiment c’est étonnant ce mille feuilles verticale, décidément la nature n’est pas avare en chef-œuvre waouh !

Et merci pour le récit, c’est chouettement écris, ça se lit avec gourmandise et tu semble y prendre du plaisir.

N’as tu jamais penser à l’écriture entre deux "Courtepatteries" ? 😉

Merci ! En ce qui concerne le lien, ce site sur la géologie en Matheysine est tout simplement redoutable. A chaque fois que je le consulte j’ai envie d’aller partout...

Encore une belle lecture...on en redemande ! Et merci pour le lien, c’est très intéressant.
J’avais fait ce parcours mais sans l’ascension du Pic, et au retour on a raté la cabane ! Trop de "pipelettage" ! Des fois être seule a quelques avantages...

Hello ! Si tu fais "l’itinéraire R5" je serai intéressée par une photo du point de départ (ou "d’arrivée" si tu le fais dans le sens que tu envisages) de la bascule depuis la crête. Histoire de voir jusqu’à quel point mon analyse du terrain était pertinente...

En tous cas le détour par la Combe Oursière vaut vraiment le coup. J’ai même laissé quelques groseilles !

Pour la lumière, je pense que le problème de l’humidité est particulièrement exacerbé dans ce secteur très forestier. J’ai dormi la nuit suivante à la belle étoile du côté du Lauvitel, et la condensation était bien moins spectaculaire malgré une nuit entièrement dégagée.

Salut,

J’ai également connaissance de l’itinéraire coté R5... Je pense que c’est plus "facile" de s’y engager à la montée qu’à la descente. Je l’ai en tête depuis un bout de temps... Si ça se présente trop raide, je vise ta boucle à l’inverse avec nuit, aussi, à la cabane, mais avant l’ascension du sommet.

Et comme tu dis, la lumière de ces derniers jours de canicule était atroce, un ciel bien trop brumeux pour une mi-septembre ! J’en ai même reporté de gros projets dans le Dévoluy...

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