Sortie du 24 août 2020 par Dyn’s Montagne de Cédéra (2886m)
Découverte d'une des nombreuses merveilles de la vallée de Champoléon : le lac de Cédéra. Du sommet, le panorama offert sera la cerise sur le gâteau. Ascension réalisée en deux jours avec un bivouac sur les rives du lac. En cadeau, le coucher de soleil au sommet...
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Un peu de cumulus à la montée, beau temps le lendemain à la descente.
Récit de la sortie
La vallée de Champoléon... Il me tarde d’y retourner. Ses différents vallons : Tourond, Méollion, Val Estrèche ; la sauvagerie des hauteurs, m’attirent tout particulièrement. Cette fois-ci, j’y vais pour de bon. Quatre jours, deux bivouacs... Enfin, c’est ce que je prépare au moment de partir.
Je débarque aux Borels vers 12h30. Mon sac est déjà prêt. Je n’ai plus qu’à claquer la portière et prendre le chemin de la montagne... de la Montagne de Cédéra ! J’attaque la montée par les Champets délaissant le sentier classique pour le retour. Les versants parés de mélèzes sont resplendissants, un retour à l’automne est déjà prévu ! Après une traversée, je ne tarde pas à apercevoir les chalets de Méollion. Au hameau, je marque une pause, et tente de me désaltérer à la fontaine... mais l’eau est chaude !
La suite du vallon est bien agréable parmi ces pelouses clairsemées de mélèzes. Cela contraste avec les contreforts de la montagne hérissés de pics rocheux. Une traversée dans un dévers marneux délivre le lit du torrent sous la cabane d’alpage. Le berger surveille ses bêtes, assis sur un promontoire rocheux. De loin, je le salue d’un signe de la main. Il m’ignore. Vu, pas vu ? Tant pis... Je poursuis. C’est ici que le vallon amorce son virage. La montée se raidit. Quelques lacets amènent à franchir une barre rocheuse pour atteindre l’étage supérieur. Le lac se laisse bien désirer. Nombreux sont les ressauts qui semblent les derniers.
Puis, c’est la découverte du joyau. On ouvre le coffre pour en trouver son trésor. Le lac de Cédéra se révèle une merveille... une des nombreuses du Champoléon... La rive herbeuse se prêtera parfaitement pour mon bivouac. Je me pose un peu. Comme les lacs de Crupillouse, celui de Cédéra se mérite. Encore plus lorsque l’on est chargé. Il faut se les coltiner le duvet, la popote, la cafetière et tout le tralala !
19h00, je fais chauffer l’eau pour les pâtes, mange la moitié de ma gamelle et pars léger en direction du sommet pour le coucher de soleil. Je grimpe au plus facile, en suivant peu ou prou l’itinéraire de raid de la carte TOP25. Le sommet m’était en fait caché des rives du lac et me laissait présager un final plus alpin. Dévoilée de l’épaule, la suite devient alors aisée. Le Sirac trône en maître des lieux. Jamais, il ne m’a apparu aussi imposant. Du sommet, le panorama s’élargit allègrement. Les géants des Écrins bataillent avec les dernières nuées de la journée. À l’ouest, le ciel est voilé. Et qui dit ciel voilé dit ciel coloré au coucher du soleil. Ça ne manque pas... Quel spectacle encore une fois... Le soleil décline puis disparaît à l’horizon. Il est temps de descendre. J’arrive tout juste à la nuit tombante à mon point de bivouac au bord du lac. Je n’ai plus qu’à me glisser dans mon duvet et à profiter des étoiles... le spectacle n’est pas terminé... En fait, il ne termine jamais...
J’avais oublié de mettre un réveil au cas où que la marmotte ne se réveille pas... Mais, je me suis retourné plusieurs fois, juste avant les prémices de l’aube, entrouvrant les yeux. Lorsque les premières lumières baignent le ciel, je me lève pour de bon. Le test du sur-sac est un échec total... Ça a bien condensé entre les deux couches, et mon duvet est trempé de l’extérieur. Le bout est même parsemé de fines plaques de gel... Il n’y a pas du faire chaud cette nuit ! Je m’habille fissa et fais chauffer le café.
Vient le moment où les parois s’embrassent, où l’Aiguille de Cédéra s’enflamme, reflétant ses vives couleurs dans les eaux troubles du lac, donnant l’impression d’y mettre le feu... (Y’a pas le feu au lac ! Si si je te jure !) J’entame un tour de procession, monte sur les rochers, descends retrouver ses rives parsemées de linaigrettes, ces petites boules filandreuses et cotonneuses, friandes des bords de lac de montagne. La flânerie a du bon, je vous le dis ! Je fais couler un autre café puis remballe mes affaires qui ont fini de sécher.
J’entame le retour paisiblement vers 10h, je croise deux randonneurs à la montée, puis un autre plus bas. Le berger guette toujours ses brebis à la jumelle. Je retrouve "la foule" à Méollion. Fait la visite de la bâtisse ouverte au public. Quelques prospectus dont un sur le pastoralisme à la limite de la propagande... Je n’ai rien contre le métier de berger lorsqu’il est bien mené mais faut pas pousser sur les mythes et les idées reçues non plus ! Il est tout de même indiqué que marcher dans l’alpage c’est piétiner dans l’assiette des moutons... Comme si les pelouses alpines étaient destinées à n’être que broutées... (Même ravagées dans d’autres secteurs...) Des citations faisant part de l’homme et "sa" montagne... Franchement, qu’on se le dise, à l’échelle du temps de la vie sur Terre, on n’est que de passage, et très court, voire plus qu’infime... Quelle arrogance et manque d’humilité de prétendre que cette nature nous appartient... On n’est clairement que locataires de ces lieux et remercions les de pouvoir en jouir... Un polycopié relate l’histoire de l’école de Méollion au 19e et au début du 20e siècle. Cela me replonge dans Une Soupe aux herbes sauvages d’Émilie Carles, témoignage poignant de la vie d’antan des hameaux reculés de montagne.
Ne reste plus que la descente par le sentier classique. On ne peut que penser, à l’époque où Méollion était habité, à ses habitants qui le fréquentaient, et surtout à l’autarcie des longs hivers lorsqu’il était bloqué par la neige. Retour aux Borels en début d’après-midi, j’ai le temps de me reposer et préparer ma prochaine aventure. Le vent souffle sur les hauteurs ces jours-ci, j’abandonne l’idée du bivouac sommital, je m’enverrai l’ascension sauvage du Puy des Pourroys à la journée...
Photos
Auteur : Dyn’s
Avis et commentaires
Bel endroit ... mais surtout beau récit et belles photos.
Merci Arnaud de m’avoir fait monter (sans effort) en photos au sommet ... moi qui me suis arrêté au lac !!!
Bravo Dyn’s pour tes photos, toutes plus belles les unes que les autres !
Concernant les moutons, pour ma part j’ai l’impression qu’il y en a beaucoup plus (en troupeaux ou en quantités par troupeaux) qu’il y a 6 ou 7 ans.
Certains petits lacs sauvages dans différents massifs qui étaient superbes il y a encore 10 ans sont devenus de la même couleurs que le lac Achard... mais cette fois pas dû uniquement à l’homme mais aux moutons aussi...
Laurent
Merci de ton retour Michel.
Encore, j’ai trouvé le troupeau de taille raisonnable comparé à d’autres secteurs où on peut compter plusieurs milliers de bêtes.
Quant à l’Aiguille, je n’ai pas vu de ligne praticable et l’arête est bien escarpée. Je ne la tenterai pas.
Hâte de voir tes dernières escapades !
J’y suis monté deux jour plus tôt (pour la 3e fois) mais sans le poids d’un gros sac.
Tu as bien fait de faire le sommet car le panorama est à couper le souffle.
Pour l’Aiguille, l’arête nord-ouest est pourrie et super dangereuse (même encordé).
Les parcs nationaux, qui étaient sensés protéger les espèces menacées, et qui ne représentent qu’une partie infime du territoire, sont devenus des parcs à moutons...
Triste choix de société !
On est encore dans la zone extérieure du parc mais tout est cramé par endroit et je ne parle pas de la caravane qui fait tâche.
Un bon point pour les chiens qui semblent maîtriser leur boulot sans agresser les randonneurs.
Belles photos !
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