Sortie du 28 juin 2020 par gegers Pas de la Mine par le lac et la crête de Brouffier

Peut-on porter un amour inconditionnel pour la Nature ? Est-il envisageable de tout aimer de l’état sauvage, tous les environnements, toute la faune et toute la flore ? Doit-on se sentir déconnecté de la Nature si on trouve que passer du temps dans ces forêts estivales, gorgées d’humidité lors d’une de ces journées où l’orage s’annonce longuement mais ne se montre jamais ?

J’avoue fort bien ne pas apprécier tous les milieux alpins. Les forêts m’ennuient, les marais m’enragent, les glaciers m’intimident. D’ailleurs, je ne les fréquente guère. Ce que j’aime, ce sont les grands espaces désertiques, les larges vallées, les sommets rocheux, les crêtes herbeuses et la lumière du matin dans les hautes herbes. C’est sélectif, mais c’est ainsi. Certains ne se sentent à leur place qu’en train de progresser sur du rocher pourri, d’autres encore dans les escaliers dévoluards, d’autres enfin parmi les marmottes et les troupeaux des "montagnes à vache".

Puisqu’une dégradation orageuse est prévue pour l’après-midi, je décide de démarrer la randonnée au plus tôt et je m’élance à 6h15 du Pré des Dames. L’objectif est de déambuler dans le secteur de Brouffier (sa crête, son lac, son arête), que j’avais négligé lors de mes précédentes visites, le considérant simplement comme un passage nécessaire pour atteindre le convoité Taillefer. Pourtant, le lieu ne manque pas d’attrait, et c’est avec plaisir que, au sortir de la combe Guiliman, j’atteins ce sympathique lac encore endormi. Le soleil commence à lécher les sommets alentours, et j’évalue mes options. Voyant qu’un névé est encore présent sous le Pas de la Mine, je préfère réaliser la boucle dans le sens inverse de celui décrit dans le topo, le franchissement de névé me paraissant plus commode en montée qu’en descente.

Je rejoins donc la splendide crête de Brouffier, baignée de soleil, même si les nuages bien présents sur le Vercors ne laissent guère de doute quant à l’évolution météo. Tranquillement, je parcours les vastes et débonnaires pentes herbeuses en direction du discret Lac de la Courbe, intérêt majeur de cette sortie. Enchâssé sous les pentes rocheuses des arêtes menant au Petit Taillefer, ce lac a la particularité d’être alimenté uniquement par les eaux de fonte, le printemps et le début de l’été sont donc les moments les plus opportuns pour aller lui rendre visite, puisqu’il se retrouve presqu’à sec à l’automne. Préservé dans un écrin minéral, ce petit lac est un havre de paix, à l’écart des sentiers battus, et constitue en effet un bel objectif.

De retour sur le sentier, je prends la direction du Pas de la Mine, que j’atteins après avoir franchi sans difficulté un petit névé. Le temps est désormais nuageux, et au sommet de l’arête de Brouffier, la vue sur les Ecrins et le Vercors est réduite. Seul le Dévoluy semble plus préservé. J’attaque donc la descente de l’arête sur un bon sentier, et rejoins finalement, pour la deuxième fois de la matinée, le Lac de Brouffier. Je prends de nouveau la direction de la Crête de Brouffier, que j’emprunte en descente cette fois, pour retrouver le départ (et les moustiques !) par la Côte des Salières. Une bien belle boucle.